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10 milliards d’euros d’austérité imposés par le duo Macron-Bruxelles : qui va payer l’addition ?

Le décret sur les 10 milliards d’économies voulues par le duo Macron/Bruxelles est tombé. Tous les secteurs en urgence, soi disant prioritaires pour l’exécutif, sont les plus impactés. L’écologie, le climat, l’énergie ? 2,2 milliards d’euros de moins. Le travail et l’emploi ? 1,1 milliard supprimé. Recherche, enseignement supérieur, éducation ? 1,591 milliard arraché. De même pour le logement, (- 300 millions d’euros), alors que la Fondation Abbé Pierre a parlé d’explosion de la bombe sociale du logement lors de la publication de son rapport annuel.

Voilà sans doute l’une des rares promesses tenues par Emmanuel Macron. En 2021, le chef de l’État envoyait son « programme de stabilité 2022-2027 » à la Commission européenne. À la clé, 80 milliards d’euros de coupes budgétaires. Trois ans plus tard, l’annonce de Bruno Le Maire constitue l’acte 1 d’une longue série de saignées. Un non-sens économique par ailleurs de charcuter dans les dépenses de l’État, alors que le pays est au bord de la récession (recul du PIB les deux derniers trimestres de l’année 2023).

Il s’agit là de la face émergée d’un iceberg. « Un avant-gout d’une vague d’austérité comme jamais nous en avons connue », ont dénoncé Mathilde Panot et Manon Aubry en conférence de presse. Contre cette « saignée sociale et environnementale », le mouvement insoumis a exigé d’Emmanuel Macron qu’il organise un référendum. Le député LFI Éric Coquerel, président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, demande à auditionner Bruno Le Maire. Notre article.

Sur ordre de la Commission européenne, le commis Macron impose une saignée de 10 milliards

Depuis avril 2021, Emmanuel Macron a un plan à demi-caché : l’austérité à grande échelle. Revenir à 3% de déficit public en 2027, comme l’exigent les fameux critères de convergence de l’Union européenne. Satisfaire à l’exigence de la Commission européenne de sabrer les services publics en « économisant » 80 milliards d’euros.

Demi-caché puisque la feuille de route appelée « pacte de stabilité » et envoyée par le gouvernement à Bruxelles est limpide. Mais aucun éditorialiste économique, aucun journaliste de plateau n’a cherché à trouver et dévoiler des informations sur ces 80 milliards qui seront retirés de l’économie française. 

En juin 2022, l’Insoumission.fr enquêtait sur la piste de la TVA sociale. Les insoumis dénonçaient la cure à venir. Des déclarations jugées « complotistes » et « délirantes » par Bruno Le Maire à l’époque. À la sortie du COVID, couper encore le budget de services publics, auxquels toute une population devait sa survie, semblait impossible.

Et pourtant, c’est le choix qui est finalement annoncé par Bruno Le Maire dimanche 18 février sur le plateau de TF1 : le gouvernement entre dans une offensive budgétaire à grande ampleur contre les services publics pour trouver 10 milliards. 

Première annonce chiffrée par Bruno Le Maire : couper les vivres au programme MaPrimeRénov. C’est pourtant un enjeu majeur aussi bien pour l’environnement que pour la justice sociale. La France compte 4,8 millions de passoires thermiques. Un nouveau coup dur pour les locataires de passoires thermiques alors que la facture d’électricité a bondi de 10% au 1er février par la réintroduction d’une taxe par le Gouvernement. 12 millions de personnes qui sont en situation de précarité énergétique et qui ne peuvent plus se chauffer l’hiver et qui étouffent de chaleur l’été. 

Ensuite, Bruno Le Maire impose à chaque ministère de réduire son budget en fonction de la part qu’il représente dans le budget de l’État. Comprendre : opérer un carnage dans chaque Ministère, chacun assurant les services de l’Etat, c’est à dire les services publics. Montant total retiré de la vie économique du pays : 5 milliards. En premier lieu donc : l’Éducation nationale et ses 80,6 milliards de budget.

Est-ce que ce seront moins de professeurs ? D’accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH) ? D’infirmières et de psychologues scolaires ? Ce n’est pas précisé à ce stade. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas d’autres leviers selon le Café Pédagogique. Sur les plus de 80 milliards du budget de l’Éducation nationale, 93% sont du salaires. Toutes les autres postes sont déjà au plus bas.

Selon le média spécialisé en pédagogie, les 750 millions à trouver pour tenir les objectifs fixés par Bruno Le Maire impliqueront nécessairement une attaque sur les emplois. Soit en baissant les salaires alors que les métiers de l’éducation peinent déjà à recruter, soit en supprimant des emplois.

Charcutage éonomique – 10 milliards en moins : qui paie, qui disparait ?

« Faire de la France une grande Nation écologique, c’est notre projet » : voilà ce que déclarait Emmanuel Macron le jour de sa réélection en 2017. Pourtant, le plus grand poste d’économies de cette coupure de 10 milliars d’euros dans les caisses sera… l’écologie, le climat et l’énergie (2,2 milliards d’euros de moins). L’urgence climatique est passée à la trappe. « Cette politique à courte vue dont la priorité reste de préserver l’enrichissement du capital au détriment de l’écologie et du social est une catastrophe », dénonce Éric Coquerel.

Qui va payer l’addition le reste de l’addition ? Tous les secteurs en urgence, soi disant prioritaires pour l’exécutif, sont les plus impactés. Au-delà de l’écologie, du climat et de l’énergie, quid du travail et de l’emploi ? 1,1 milliard supprimé. Quid de la Recherche, de l’enseignement supérieur et de l’éducation ? 1,591 milliard arraché. De même pour le logement, (- 300 millions d’euros), alors que la Fondation Abbé Pierre a parlé d’explosion de la bombe sociale du logement lors de la publication de son rapport annuel.

Qui va disparaître sous le joug des sacro-saintes « économies budgétaires » ? Arnaud Bontemps, du collectif Nos Services Publics a publié une estimation du nombre de suppressions de postes par secteur du fait de ce charcutage économique. Ce, si la totalité des économies de fonctionnement était réalisée en suppressions de postes : 80 000 emplois supprimés, dont 18 000 enseignants, 11 500 militaires, 7 500 enseignants du supérieur, 5 000 policiers, 1500 ingénieurs de l’environnement…

« C’est un « ordre de grandeur », cela ne veut pas dire que la totalité des économies sera réalisée de cette manière. Mais cela donne une idée de l’ampleur des économies annoncées : c’est massif. C’est potentiellement des fermetures d’écoles, de gendarmeries, de tribunaux… », alerte Arnaud Bontemps.

L’austérité – une politique criminelle

En France, 8 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire. 42% des Français gagnant le SMIC ou moins ont supprimé un repas quotidien. La moitié des étudiants doivent vivre avec moins de 100 euros par mois. Résultat de cette précarité, synonyme de privation et d’isolement social puisqu’il est bien plus difficile de rencontrer des gens quand on ne peut pas se payer une sortie au concert ou même un café, les pensées suicidaires ont doublé chez les 18-24 ans depuis 2014. Le nombre de jeunes ayant fait une tentative de suicide a augmenté de 50% entre 2017 et 2021. L’austérité tue.

Plus de 4,2 millions de personnes sont mal-logés selon la Fondation Abbé Pierre. Ce sont des enfants qui tout l’hiver tombent malades à cause du froid. Manquent l’école. Souffrent. Parfois succombent. Des personnes âgées qui meurent de chaud l’été, comme l’a rappelé Manuel Domergue de la Fondation Abbé Pierre lors de la présentation du 29ème rapport de la Fondation.

Surtout que les urgences sont désormais structurellement surchargés. Les faits divers rapportant les morts fautes de personnels pour les prendre en charge s’accumulent. Ce ne sont plus des faits divers. C’est le mode d’organisation de la société voulue par Macron, Le Maire, Attal et toute cette clique de néo-libéraux acharné.

Pour aller plus loin : Hôpital : elle meurt après 10 heures d’attente aux urgences, ses enfants portent plainte

Même Bruno Le Maire l’avoue. Cette austérité est un choix politique. Celle de baisser les rentrées fiscales. Depuis qu’il a été élu en 2017, les cadeaux d’Emmanuel Macron aux ultra riches ruinent l’État. Dès son arrivée au pouvoir, le président des riches a en effet supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et instauré une “flat tax” : résultat, en moins d’un an, les 0,1% les plus riches ont vu leurs revenus exploser de +25%. Puis, c’est le tour de la suppression du prélèvement forfaitaire unique (PFU) faisant baisser l’imposition du capital La fortune des 500 familles est passée de 570 milliards en 2017 à 1000 milliards en 2021.

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TotalÉnergies : 200 millions d’impôts en France pour presque 20 milliards de bénéfices

Emmanuel Macron a également favorisé le gavage des multinationales : baisse de l’impôt  sur les sociétés de 33 à 25%, Crédit impôt recherche. Et maintenant, nouveau programme pour un nouveau quinquennat : la baisse des impôts de production. Résultat, TotalÉnergies réalise le plus haut bénéfice de l’Histoire de pays.

Presque 20 milliards. Et ne paiera que 200 millions d’euros d’impôts en France. Soit moins de 1% de son bénéfice. Face à cette avalanche d’argent sur le CAC40, l’ONG Oxfam chiffre que la taxe sur les super profits proposée par la France insoumise rapporterait entre 10 et 20 milliards d’euros par an. Cette austérité est donc un choix. « Assumé » selon la formule consacré par le gouvernement Macron. Prendre aux pauvres, couper dans les services publics. Pour enrichir les parasites d’en haut. 

Le Portrait social récemment publié par l’INSEE met en lumière les impacts divergents des mesures de soutien de l’État en 2020 et 2021, en fonction du niveau de revenu des Français. Les données sont saisissantes : les 30% les plus riches de la population ont vu leurs revenus augmenter de 430 à 490 euros par an, tandis que les 50% les plus modestes n’ont enregistré qu’une hausse moyenne de seulement 90 euros. Alors que l’inflation alimentaire a dévoré 20% du budget, que les factures d’électricité ont augmenté de 200 euros par an rien qu’en février 2024.

Les services publics sont le patrimoine collectif de tout un chacun. Ce qui assure à celles et ceux qui ne naissent avec aucun capital économique un minimum de dignité, la capacité à répondre à ces besoins fondamentaux : se loger, se soigner, s’éduquer. Ces 10 milliards sont une nouvelle saignée dans la vitalité du peuple français. 

Depuis 2022, les insoumis alertent sur cette cure d’austérité. Le gouvernement a refusé de répondre pendant la campagne sur ces 80 milliards nécessaires  pour ramener le déficit à 3% en 2027. La caste médiatique s’est empressé de ne rien faire d’autre que de faire diversion. Résultat, combien de Françaises et de Français ont entendu parlé de ce document transmis par la Commission européenne à la France le 23 mai 2022 dévoilant les plans potentiels du gouvernement Macron pour les cinq prochaines années ?

L’objectif des 3% était clairement inscrit
. Le chapitre concernant la viabilité des finances publiques du document émis par la Commission européenne laisse entendre que plusieurs secteurs pourraient être touchés par ces mesures d’austérité. Il est fait mention de la possibilité de réaliser des économies importantes dans des domaines clés tels que la santé, l’emploi, les prestations sociales, le logement social et le système de retraite. 

La retraite, c’est fait. Emmanuel Macron a volé deux ans de vie libre aux Français malgré l’opposition de 90% des personnes qui travaillent et cotisent à la retraite. C’est maintenant au tour de Bruno Le Maire de ronger jusqu’à l’os les services publics et la sécurité sociale. 

LFI demande l’organisation d’un référendum

En conférence de presse ce mardi 20 février, les députés LFI Mathilde Panot et Manon Aubry ont exigé d’Emmanuel Macron qu’il soumette à référendum les règles budgétaires européennes : « L’Union européenne ne peut imposer de nouvelles coupes budgétaires massives sans que les Français soient consultés alors qu’ils seront les 1ères victimes des coupes dans nos services publics et notre protection sociale », ont-elles déclaré.

« Nous ne ferons pas l’économie d’un débat démocratique sur cette question », a abondé la présidente du groupe parlementaire insoumis, Mathilde Panot.

Le gouvernement a confirmé mardi qu’il passerait par voie réglementaire et non par un projet de loi de finances rectificatif pour 2024 pour encadrer cette nouvelle cure d’austérité. Un passage en force qui rappelle celui de la réforme des retraites, imposé par l’article 49.3. Un nouveau coup d’état démocratique qui a fait bondir le président de la Commission des Finances, l’insoumis Éric Coquerel, qui a exigé lundi que Bruno Le Maire se présente en audition devant l’Assemblée nationale.

Par Ulysse

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