Mélenchon. Le secrétaire général de la CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, vient d’être condamné à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme » en raison… d’un tract de l’UD CGT appelant à la paix à Gaza. Une condamnation d’une gravité absolue. Le 20 octobre, il était menotté à 6 heures du matin, devant chez lui, par des policiers cagoulés. Son accusateur : le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, à l’initiative de la plainte. Un militant politique et complice du génocide à Gaza par sa volonté farouche d’interdire toutes les voix qui dénoncent les massacres.
Le 17 janvier, ce préfet militant a été remplacé par un autre : Bertrand Gaume. Du même calibre. Ce dernier vient de décréter un arrêté d’interdiction de la conférence de Mélenchon et Rima Hassan. Deux censures en deux jours. Les motifs indiqués sont d’un délire sans précédent en ce qu’ils reprennent les arguments de l’extrême droite. Où va la démocratie quand le refus d’un génocide est considéré comme apologie du terrorisme ou motif de censure ? Tous ceux qui protestent sont jugés coupable.
Tantôt accusés d’être « antisémites » : le Pape, Edgard Morin, de Villepin Mélenchon. Tantôt traînés en justice. Tantôt censurés. Les modes opératoires des amis français de Netanyahu varient, mais la cible est commune : les partisans de la paix, les syndicalistes, les insoumis. Ces derniers appellent à la mobilisation générale : un rassemblement est prévu ce jour à Lille à 19 heures avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan. Notre article.
Un an de prison avec sursis pour avoir… appelé à la paix à Gaza
La décision est tombée ce jour. L’œuvre d’une « justice partiale » pour une décision « d’une gravité absolue », souligne le député LFI du Nord Ugo Bernalicis. Jean-Paul Delescaut, dirigeant syndicaliste de la CGT, a été condamné à un an de prison avec sursis. Le 20 octobre 2023, ce dirigeant syndicaliste de la CGT était réveillé à 6 heures matin chez lui. Menotté par des policiers cagoulés, devant sa femme, effrayée. Pourquoi ? Pour avoir appelé à la « paix en Palestine » en dénonçant « l’occupation, l’apartheid et la colonisation ». Le tout, dans un tract publié par la CGT Nord, dont il est secrétaire général. En somme, pour avoir repris dans un tract les mêmes mots et positions que les instances internationales.
Son accusateur ? Le préfet du Nord, militant politique. Le 28 mars, un important rassemblement avait eu lieu à Lille pour le soutenir. « Jean-Paul lutte pour la justice et la paix ! Sa place n’est pas au tribunal ! », avait déclaré Jean-Luc Mélenchon sur place, accompagné d’une délégation insoumis.
Lors de ce rassemblement, le leader insoumis a également dénoncé le racisme de classe du Gouvernement et des médias contre les quartiers populaires et les musulmans, en saluant le combat pour la paix du syndicaliste Jean-Paul Delescaut. « Il n’y a pas d’apologie du terrorisme dans la CGT, ni dans la classe ouvrière. Honneur et soutien à lui ! », avait rappelé Jean-Luc Mélenchon, rappelant avec force cette vérité : « Qui avait raison sur le génocide à Gaza ? Jean-Paul Delescaut. Il a défendu notre honneur ! ».
Tous les démocrates et les républicains de ce pays doivent se réveiller et s’insurger contre cette décision, et cette loi », a alerté le député insoumis Ugo Bernalicis.
Après Delescaut, Mélenchon censuré à deux reprises en deux jours
Deux jours, deux censures. La première est intervenue hier. Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan étaient invités ce jeudi 18 avril à une conférence sur la géopolitique à l’invitation d’étudiants de l’Université de Lille. Cédant à la pression de la droite, de l’extrême droite, sous l’impulsion du député PS Jérôme Guedj, la Présidence de l’Université de Lille a annoncé cet après-midi l’interdiction de la conférence. Toute la clique des partisans et complices du génocide à Gaza s’est déchaînée et y est allé de sa petite musique.
En cause, deux mots : « Libre Palestine ». C’est le nom d’une association agréée par l’Université, qui était à l’initiative de l’invitation du leader insoumis et de Rima Hassan. Association également enregistrée par… la préfecture et agréée par l’université de Lille. Le logo de l’association était présent sur l’affiche, à la demande de la faculté. Ces deux mots et ce logo, représentant la région du monde concernée, reviendraient à « nier l’existence de l’État d’Israël ».
L’association a déjà répondu aux accusations : elle ne nie pas l’existence de l’état d’Israël. En aucune façon. Ce logo représente la région, comme le fait par exemple l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France, ndlr) sur son site internet. Le cap est franchi. Parler de la liberté des Palestiniens reviendrait à nier l’État d’Israël. Les Guedj, Spillebout, CNEWS, Chenu, et désormais Darmanin vont-ils aussi demander l’interdiction des audiences de la Cour internationale de Justice et de toutes les instances internationales qui, par leurs décisions et résolutions, appellent à l’arrêt du génocide, le cessez-le-feu, et la protection du peuple Palestinien ?
La deuxième censure est tombée ce jour. Après l’interdiction d’hier, les insoumis avaient reprogrammé leur conférence dans une salle privée de Lille. Décidée à interdire par tous les moyens la tenue de cette réunion, la Préfecture a déposé un arrêté d’interdiction de cet évènement. Un « acharnement intolérable » dénoncé les insoumis par voie de communiqué. L’interdiction intervient en effet dans un contexte de campagne électorale. Elle crée un précédent d’une gravité absolue pour deux raisons : la censure des voix de la paix et la censure de la première force d’opposition politique du pays à deux mois de l’échéance électorale du 9 juin.
Les considérants invoqués par la Préfecture ont un point commun : le délire. Une signature politique des amis de Benjamin Netanyahu, prêts à tout pour bâillonner toutes celles et ceux qui protestent face aux massacres à Gaza, lesquelles ont déjà fait plus de 34 000 tués dont plus de 15 000 enfants.
Pour justifier sa décision, la préfecture invoque des réactions de personnalités, y compris celles de l’extrême droite : « considérant que l’organisation de cet évènement a suscité de vives réactions de nombreuses personnalités locales demandent l’interdiction de cette conférence en raison des propos tenus par la principale conférencière sur l’action terroriste du Hamas ». Elle reprend ainsi mot pour mot les arguments de l’extrême droite qui, après plus de 6 mois de tueries à Gaza, continue de les plébisciter activement.
Pour aller plus loin : Lille : la conférence de Mélenchon et Rima Hassan interdite, LFI organise un rassemblement contre la censure et pour la paix
Elle mentionne aussi l’appel à contre-manifester de l’UNI (Union nationale inter-universitaire, organisation étudiante d’extrême droite, ndlr) et de l’UEJF : « que des appels à mobilisation contre cette conf avaient été lancés par plusieurs organisations dont l’UNI ou l’UEJF (…) que ces appels à une contre-manifestation laissaient craindre des rassemblements pouvant entraîner des heurts ». Comprendre : un appel à manifester de l’UNI ou de l’UEJF devient désormais un argument force de loi, utilisé par les autorités pour faire annuler des évènements de la France insoumise et, plus largement, tout évènement ou initiative qui n’irait pas dans le sens des partisans de Netanyahu.
L’arrêté évoque aussi la polémique inventée de toutes pièces par la droite, l’extrême droite et le député PS Jérome Guedj sur le logo « Libre Palestine » : « considérant que la présence sur l’affiche de l’évènement d’un logo pouvant être interprété comme niant l’État d’Israël majore tant le risque d’affrontements physiques entre militants antagonistes, que le risque est élevé qu’un tel évènement puisse donner lieu à des propos ou agissements pénalement sanctionnés, relevant notamment de l’incitation à la haine et à la violence ».
La formule est claire et militante « pouvant être interprétée » : la Préfecture reprend là aussi les arguments des partisans de Netanyahu en France. Ce logo est pourtant celui d’une association agréée en… préfecture ! L’association a déjà répondu aux accusations : elle ne nie pas l’existence de l’état d’Israël. En aucune façon. Ce logo représente la région, comme le fait par exemple l’UEJF sur son site internet.
Arrestations, condamnations, censures : la démocratie en péril
Où va la démocratie quand le refus d’un génocide est considéré comme apologie du terrorisme ou motif de censure ? Tous ceux qui protestent sont jugés coupables. Tantôt accusés d’être « antisémites » : le Pape, Edgard Morin, de Villepin, Mélenchon. Tantôt traînés en justice. Tantôt censurés. Les modes opératoires des amis français de Netanyahu varient mais la cible est commune : les partisans de la paix, à commencer par les insoumis. Ces derniers appellent à la mobilisation générale : un rassemblement est prévu ce jour à Lille à 19 heures, place Vanhoenacker, avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan.
Sylvain Noël, rédacteur en chef