À 66 ans, elle meurt aux urgences faute de prise en charge 10 heures durant : la casse de l’Hôpital tue
Horreur aux urgences de l’hôpital d’Eaubonne dans le Val-d’Oise. Josianne Destruels, 66 ans, est morte après avoir attendu 10 heures sans être prise en charge médicalement. Arrivée à minuit aux urgences, ses jambes ont doublé de volume. Sa respiration est altérée. Elle est incapable de se lever. « Aucun soin, aucune prise de tension n’a été faite jusqu’à 4 heures du matin », raconte sa fille Nelly. Malgré, également, « des cloques d’eau sur les pieds », le personnel soignant lui assure que sa mère « n’avait pas de signe de gravité » lorsqu’elle est arrivée à l’Hôpital.
Pour calmer les douleurs dont se plaint Josianne Destruels, un seul Tramadol (anti-douleur) lui est administré en une nuit. Elle est placée dans un box de soin après une dégradation brutale de son état, 11 heures après son arrivée aux urgences. À 11 heures 40, la nouvelle est annoncée comme un coup de tonnerre à sa fille : sa mère n’est plus de ce monde. De la tristesse à la colère. Les larmes vont rapidement place à une rage. « Si elle avait été prise en charge, ne serait-ce qu’un électrocardiogramme et une prise de sang, ils auraient tout de suite vu qu’il y avait quelque chose au niveau cardiaque », déplore Nelly Destrudels.
Pourquoi une prise en charge si tardive ? « Plusieurs urgences vitales en simultanée », « on était débordé », se justifie le personnel médical. Nelly et ses frères ont rapidement déposé plainte pour non-assistance à personne en danger. Ce n’est d’ailleurs pas la première plainte déposée pour ce genre de faits, survenus à l’hôpital d’Eaubonne.
Une situation devenue monnaie courant au sein de l’Hôpital public, fracassé par des années de néolibéralisme. Parce que certains ont cru qu’en compressant les salaires et en tordant les bras des soignants, ces derniers allaient pouvoir faire autant avec moins. Réduction des effectifs, cadences intenables pour le personnel soignant, maigres salaires, réduction du nombre de lits… L’agonie de l’Hôpital public est le résultat d’une politique néolibérale de réduction des coûts, mise en œuvre pour faire autant, voire plus, avec moins. « Qui a tué mon père », se demandait l’écrivain Édouard Louis. Le capitalisme financiarisé, voilà le coupable.
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