Retraite à 64 ans : Bruxelles contente du serviteur Macron

Bruxelles. Comme nous vous le révélions dans nos colonnes en juin à l’avant-veille du premier tour des législatives, Emmanuel Macron a bien un programme pour ce quinquennat. Il s’agit d’un document public, accessible… sur le site de la Commission européenne. C’est le « programme caché » d’Emmanuel Macron. Un document envoyé par la Commission européenne à la France le 23 mai 2022, répondant à un seul objectif : ramener le déficit public à 3% en 2027. Un projet qui a un coût : 80 milliards d’euros. Un projet qui se résume en un mot : austérité.

Le chapitre « viabilité des finances publiques » du document donne des indications : « il est possible de réaliser d’importantes économies dans cinq domaines stratégiques, à savoir les dépenses de santé, la politique de l’emploi, les prestations sociales, le logement social et… le système de retraite ». La retraite à 64 ans, pour faire plaisir à Bruxelles ?

C’est peut-être même la seule raison de cette réforme. La justification financière, trouver 12 milliards d’euros par an, ne tenant pas la route quand l’État distribue aux seuls grands groupes privés la bagatelle de 157 milliards d’euros chaque année. Alors la justification de la retraite à 64 ans, la Commission Européenne ? Un angle qu’on entend très peu dans les médias dominants. Notre article.

La retraite à 64 ans, pour faire plaisir à Bruxelles ?

Elisabeth Borne osait encore faire croire dans l’émission L’événement sur le plateau de France 2, comme le père Fouettard qui vient retirer sans broncher l’argent des pauvres, que la réforme des retraites à 64 ans était né-ce-ssaire. Le problème : personne n’y croit. Le président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) lui-même a été clair : 12 petits milliards à peine qui manquent temporairement. C’est rien, et ils le savent.

La raison de la retraite à 64 ans ? Nous avons une piste. Voilà ce que nous écrivions le 17 juin 2022 dans nos colonnes.

« Bruxelles. Le 23 mai 2022. Commission européenne. Les experts européens envoient les « RECOMMANDATION DU CONSEIL concernant le programme national de réforme de la France pour 2022 ». Un document consultable ici. Quelques pages qui résument peut-être l’avenir du pays pour les 5 années à venir. Si Emmanuel Macron obtient la majorité pour gouverner ce dimanche.

À 24 heures de la fin de la campagne officielle (interdiction de publier pour les mouvements politiques après vendredi minuit), il peut être intéressant que les citoyens sachent ce qui les attend en cas de majorité donnée à Emmanuel Macron. Car, pour l’instant, le président de la République et ses porte-paroles restent pour le moins flous sur le programme de ce qui serait un deuxième quinquennat Macron.

L’objectif d’Emmanuel Macron est affiché : ramener le déficit public du pays à 3% à l’horizon 2027. Le montant des économies à réaliser est connu : 80 milliards d’euros. Jusque-là, l’objectif d’un deuxième quinquennat Macron est limpide. Il est résumable en un mot : l’austérité. L’insoumission le soulignait dès avril 2021. Là où le gouvernement refuse de répondre, c’est sur les secteurs où ces 80 milliards d’économies seront réalisées.

« M. Bruno Le Maire, vous avez un problème avec la réalité. Vous ne voulez pas nous dire où vous allez faire des économies. La Commission européenne l’a dit pour vous : couper dans la santé, l’emploi, les prestations sociales, le logement social, les retraites. Que répondez-vous ? », demandait alors Jean-Luc Mélenchon au ministre de l’Économie.

Les secteurs touchés par la guerre austéritaire que prépare le duo Macron & Commission européenne ? « Il est possible de réaliser d’importantes économies et d’améliorer considérablement l’efficience dans cinq domaines stratégiques, à savoir les dépenses
de santé, la politique de l’emploi, les prestations sociales, le logement social et le
système de retraite
 ». Ne cherchez plus ». 

Voici ce que nous écrivions dans nos colonnes le 17 juin 2022.

12 milliards d’euros d’économies sur nos retraites, pour continuer à financer les cadeaux aux (grandes) entreprises

Le butin que le gouvernement cherche à obtenir avec la retraite à 64 ans, ce n’est pas plus de 12 milliards d’euros. On parle de 0,1% du PIB. Leur raison pour condamner à deux ans fermes les millions de travailleuses et travailleurs du pays. Pour eux ce sont des chiffres, pour nous c’est une question de réappropriation du temps libéré de la production et du capital, de la vie du plus grand nombre pour s’occuper de soi et des siens. En un mot, un droit au bonheur.

Eux comptent sur chaque vie, mais en plus, ils comptent mal ! Comme ces milliards ont été demandés par la Commission européenne pour contrôler les dépenses face aux cadeaux faits au grand capital, Emmanuel fait le bon élève. Le serviteur zélé. Mais le chef de l’État n’a pas l’air d’avoir évalué les conséquences. D’autres l’ont fait pour lui : la retraite à 64 ans produirait 10 milliards d’euros de dépenses supplémentaires en invalidité, maladie et chômage créés par l’obligation d’attendre deux ans de plus pour avoir sa retraite. Alors même que 30% des séniors ne sont déjà plus en emploi au moment de prendre leur retraite.

Bruxelles en veut encore

En réalité, leurs économies représenteraient donc à peine 10 milliards, voire… 2,8 milliards selon une étude de l’OFCE, si on prend en compte l’impact à la baisse sur les salaires et le pouvoir d’achat. Voilà leur justification pour pousser tout le monde à s’exténuer au travail deux ans de plus : 2,8 misérables milliards.

Pour l’Europe de la compétition entre les peuples, pas de problème à créer du déficit pour financer les cadeaux aux plus riches, tant qu’on en prend sur les plus pauvres. Tant qu’on affaiblit la Sécurité sociale issue du Conseil National de la Résistance, le vrai CNR. Et ce n’est pas tout, comme l’indique le programme caché de Bruxelles, ou de Macron, c’est selon, si le gouvernement passe en force sur les retraites, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après nos retraites, ce seront nos emplois, nos hôpitaux, nos logements, nos prestations sociales, qui seront attaqués.

Le couple franco-bruxellois semble oublier une chose : 93% des actifs sont contre la retraite à 64 ans et 60% des Français sont favorables au “blocage du pays”. Le pays entier se met en mouvement, et il ne compte pas s’arrêter avant le retrait.

Par François Jarlier et Pierre Joigneaux.