LFI paix censure
Crédits : Claire Jacquin

À Lille, plus de 1000 personnes au rassemblement de LFI contre la censure et pour la paix

LFI. Hier soir à Lille, les insoumis ont pris de court leurs censeurs en réalisant une nouvelle démonstration de force et d’organisation. À peine trois heures après la publication de l’arrêté d’interdiction de leur conférence par la préfecture du Nord, le mouvement LFI est parvenu à rassembler à Lille plus de 1000 personnes « contre la censure et pour la paix ».

Sur une estrade improvisée, des dizaines d’élus LFI derrière Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan. Militants, sympathisants, curieux, de nombreuses personnes se sont réunies pour les écouter. « La censure est l’arme de ceux qui ont déjà perdu », ont taclé les deux orateurs, pointant les décisions liberticides à leur encontre motivées par une polémique fabriquée de toutes pièces par Jérome Guedj, Xavier Bertrand, Violette Spillebout, CNEWS, Chenu, et désormais Darmanin.

En conclusion d’un vibrant plaidoyer, le leader insoumis a cité Jaurès, portant « la parole de celui qui est mort pour la paix et l’égalité », appelant tout un chacun à utiliser « la force de l’intelligence et de la conviction pour dire avec nous : cessez-le-feu ! ». Le public embraye et clame de longs instants le même mot d’ordre. Le mot de la fin est clair : « Assez de souffrances ! Assez de morts ! Assez de guerres ! Raisonnez et convainquez ! ». Notre article.

Plus de 1000 personnes au rassemblement de LFI pour protester contre la censure et les décisions liberticides

En ouverture du meeting, Rima Hassan a rappelé que « la censure est l’arme de ceux qui ont déjà perdu ! C’est la politique de ceux qui ont échoué, de ceux qui pensent se sauver en faisant taire les voix dissidentes ! ». En deux jours, deux de leurs conférences ont été interdites. Sur les cinq interdictions, trois d’entre elles sont le fait de préfets, et donc de l’État. Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé sur cette interdiction et sa signification politique :

Ils nous ont interdits de parole à l’Université. Ensuite, le Préfet a censuré une réunion dans une salle privée. Mais dans le pays, des gens de toutes opinions considèrent que c’est allé trop loin. Nous sommes la patrie de la liberté. Où est-elle désormais ? Jeunes gens, ils devaient vous apprendre la liberté de l’esprit. Ils ont préféré la lâcheté.

En effet, l’arrêté préfectoral publié plus tôt dans la journée a avancé des arguments plus fallacieux les uns que les autres pour justifier l’interdiction. Assumant de céder aux menaces de l’extrême droite – mêlées à celles des macronistes, au premier rang desquels Violette Spillebout – la Préfecture explique clairement interdire la conférence en raison de ces appels à la censure, accompagnés par ceux du syndicat l’UNI et de l’UEJF.

Le Gouvernement et ses institutions préfectorales sont-elles à ce point à la botte de l’extrême droite ? C’est en tout cas ce que suggère cette décision. La Préfecture a aussi critiqué aussi le logo de l’association Palestine Libre : « considérant que la présence sur l’affiche de l’évènement d’un logo pouvant être interprété comme niant l’État d’Israël majore tant le risque d’affrontements physiques entre militants antagonistes, que le risque élevé qu’un tel évènement puisse donner lieu à des propos ou agissements pénalement sanctionnés relevant notamment de l’incitation à la haine et à la violence ».

La Préfecture reprend la polémique montée de toutes pièces par les partisans de Netanyahu en France, démentie par l’association elle-même dans son communiqué.

L’association est légale et reconnue par l’Université comme la Préfecture. L’une comme l’autre n’ont par ailleurs « rien eu à redire sur le logo » avant que la fausse polémique ne soit lancée, a souligné Jean-Luc Mélenchon ce jour sur BFMTV. « Si on ne voit pas la frontière entre Israël et l’État de Palestine sur ce sigle, c’est précisément parce qu’elle n’a pas été établie ! », a rappelé à Lille le leader insoumis.

Un raz de marée populaire en quelques heures

Face à la censure politique, plus de 1000 personnes se sont donc réunies, en quelques heures, au cœur de Lille. Parmi les présents, Emma Fourreau, co-animatrice des jeunes Insoumis et candidate LFI aux européennes.

Elle a joint sa voix à celles de nombreux militants ou sympathisants présents ce soir. « La censure de Mélenchon et Rima Hassan est scandaleuse. Je suis attristée et en colère qu’on en arrive là », a témoigné un jeune militant au micro de L’insoumission. Françoise, citoyenne engagée pour les droits humains depuis 40 ans, regrette, elle aussi, « la pente autoritaire que prennent notre gouvernement et notre pays. Interdire une conférence politique en pleine campagne électorale, ce n’est certainement pas digne d’une démocratie qui fonctionne. C’est une honte. On bâillonne la liberté d’expression, tout simplement. Je suis venue ce soir pour ne pas laisser passer ça. Je suis heureuse de voir qu’on est aussi nombreux. »

Des syndicalistes sont aussi présents. C’est le cas de Fabio, syndiqué à la CGT et personnel de l’Université de Lille – qui avait annulé la conférence une première fois, cédant aux menaces de l’extrême droite. Il raconte à L’insoumission :

Pour aller plus loin : Delescaut condamné à un an de prison, Mélenchon censuré à Lille : la démocratie en péril

« Assez de guerres ! Assez de souffrances » : un rassemblement pour la paix

Les prises de parole de Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon ont toutes deux suivi un seul mot d’ordre : « La paix, Le cessez-le-feu, stop au silence complice des massacres ! ».

Sur la place, la foule est déterminée à ne pas lâcher le combat. Entre les prises de paroles, on peut entendre des chants scandés : « Cessez le feu ! Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu ! » ou bien « Union Populaire ! Union Populaire ! » en référence au mouvement insoumis.

Pour beaucoup d’entre eux, « venir ce soir, même si on a dû s’organiser au dernier moment, c’est une façon de soutenir LFI qui sont les seuls à tenir bon sur la question de Gaza et du génocide en cours. C’est pour ça qu’ils sont attaqués, interdits de paroles même comme ce soir. Donc, on est là pour donner de la force, et à nous aussi, pour se dire qu’on est pas seuls » comme déclare Jeanne, jeune militante venue de Tourcoing.

Jean-Luc Mélenchon a aussi appelé les militants à ne pas s’abandonner « à la rage et à l’esprit de revanche. Gardez la raison comme seul et unique cap. Nous sommes le camp de la paix. »

Après une heure de prises de paroles, dans une conclusion grave, à la hauteur du moment, il a exprimé ce que des millions de personnes en France et ailleurs partagent :

Le courage, c’est de chercher la vérité, et de la dire quoi qu’il en coûte. Ne pas subir la loi du mensonge triomphant. Cessez-le-feu ! Halte au massacre ! Assez de souffrances ! Assez de morts ! Assez de guerres ! Assez, assez, assez ! Raisonnez, convainquez !

Un rassemblement important qui marque l’attachement du peuple français aux libertés fondamentales et à la défense de la paix. Un peuple qui a répondu présent ce soir à l’appel des insoumis à se rassembler pour dire stop à la censure. En somme, une démonstration de force pour le camp insoumis qui met la question de la paix et du cessez-le-feu au cœur de sa campagne électorale pour le 9 juin.

Zoé Pebay

Partager

Vous avez aimé cet article ?

Recevez chaque semaine une sélection de nos meilleurs articles en vous abonnant.

Les + vus

Soutenez les médias insoumis !

Abonnez-vous à l’ensemble des médias insoumis et recevez à votre domicile l’hebdo et le magazine de l’insoumission.