Hausse du SMIC de 200 euros net, taxe sur les profiteurs de crise, rétablissement de l’ISF, contrôle de l’utilisation des aides publiques par les entreprises et réorientation vers les TPE PME, garantie d’emploi, baisse de la TVA, extension du RSA aux 18/25 ans, retraite à 60 ans, investissement dans les services publics… Loin de la diversion identitaire du champ médiatique, une immense majorité de Français est pour le partage des richesses. C’est ce que nous révèlent trois récentes études d’Harris Interractive et de l’Ifop passées sous silence par les médias (appartenant aux milliardaires). 70% des Français refusent le duo Macron / Le Pen et entre 80 et 90% des Français se prononcent pour ces mesures défendues par les insoumis. Le premier meeting en plein air de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon se tenait ce dimanche 16 mai justement sur la question sociale. L’occasion pour le candidat de loin le mieux placé à gauche de tenter de ramener, face à la diversion identitaire du duo Macron / Le Pen, l’urgence sociale et écologique au centre des débats dans la campagne présidentielle. Notre article.
Décalage entre les sujets dominants de ce début de campagne dans les médias et les préoccupations exprimées
«Ensauvagement», «séparatisme», «islamogauchisme», voile, groupes de paroles non mixtes qui menaceraient la République… La grande majorité du champ médiatique et du champ politique tournent en boucle sur ces sujets depuis des mois. La société française se droitiserait. L’angoisse identitaire et sécuritaire serait la préoccupation numéro 1 des Français. Le second tour Macron / Le Pen serait déjà joué pour l’élection présidentielle de 2022. L’extrême droite et l’extrême argent auraient gagné la bataille culturelle. Circulez, il n’y a rien à voir.
Pourtant, il semblerait que l’agenda médiatique ne corresponde pas tout à fait aux préoccupations des Français. Il y aurait comme un léger décalage. C’est ce que nous révèlent trois récentes études d’Harris Interractive et de l’Ifop. Le directeur général de l’Ifop, Frédéric Dabi, qu’on peut difficilement accuser d’islamogauchisme, se déclare même « frappé par le décalage entre les sujets dominants de ce début de campagne dans les médias et les préoccupations exprimées » dans leur enquête. Loin des plateaux et de la zemmourisation médiatique, les Français seraient donc préoccupés par autre chose que de sécurité ?
Un récent sondage d’Harris Interractive, révèle en effet que la question de l’emploi et de la santé sont les deux sujets prioritaires pour 54% des Français. Bien devant la sécurité et le terrorismes relégués à 46%. Une autre étude publiée dès mai 2020 montrait que 79% des Français considéraient la crise économique et le chômage comme principale menace pour notre pays. Un autre son de cloche que les bandeaux BFM TV et les titres de France Info s’ouvrant ces derniers jours par des faits divers plus sordides les uns que les autres. La crise économique et sociale qui fracasse le pays est quant à elle reléguée en fin de journal, et encore quand elle ne passe pas totalement sous les radars médiatiques. La situation des étudiants en est une triste illustration. Une semaine de projecteurs en janvier suite à la vague de suicides étudiants, quelques images des files d’attentes interminables d’étudiants devant les collectes alimentaires, puis plus rien.
Une immense majorité de Français pour le partage des richesses
Ainsi va le champ médiatique. La concentration capitalistique des médias français dans les mains de 9 milliardaires n’est plus à démontrer. Mais loin de la diversion identitaire des médias inféodés au grand capital, devenus des lieux de concours Lépine des idées d’extrême droite, il est (très) intéressant d’apprendre qu’une immense majorité de Français rêve d’autre chose, et notamment de partage des richesses. Vous ne serez donc pas surpris de ne pas en avoir entendu parlé sur les chaînes de Vincent Bolloré.
Une étude de l’institut de sondage Ifop, publiée ce 12 mai 2021, constitue en effet un véritable plébiscite des Français pour le partage des richesses : 81% des Français sont pour l’augmentation du SMIC de 200 euros net, 85% des Français sont pour taxer les dividendes des actionnaires des plus grandes entreprises, 78% des Français sont pour le rétablissement de l’Impôt sur la fortune (ISF), 91% des Français sont pour contrôler l’utilisation des aides publiques aux entreprises et les réorienter vers les TPE PME, 92% des Français sont pour la baisse de la TVA sur les produits de la vie courante, 93% des Français sont pour instaurer un grand plan de réinvestissement dans les services publics, en particulier la santé.
Une autre étude, cette fois-ci de l’institut de sondage Harris Interactive, publiée ce 5 mai 2021, va dans le même sens. Et confirme le très large soutien des Français à des mesures pour le partage des richesses. 80% des Français sont ainsi favorable à une taxe sur les profiteurs de crise. 2 Français sur 3 sont favorables à l’extension du RSA aux 18/25 ans. 90% des Français sont pour la garantie d’emploi. 70% des Français sont pour la retraite à 60 ans. 90% pour un pôle public du médicament. 80% pour le plafonnement des frais bancaires. Et ainsi de suite.
Le duo Macron / Le Pen rejeté par 70% de Français
Et ça tombe bien. Un candidat à l’élection présidentielle faisait ce dimanche 16 mai 2021 son premier meeting en plein air sur… l’urgence sociale, le partage des richesses et le plein emploi. Dans un ancien bassin minier, où des ouvriers furent massacrés pour avoir osé demander une augmentation de salaire. Cerise sur le gâteau, il s’agit du candidat de loin le mieux placé à gauche : Jean-Luc Mélenchon. Celui qui a rassemblé 7 millions d’électeurs et près de 20% des suffrages lors de la précédente présidentielle, avait un message à faire passer.
À Aubin, terre on ne peut plus symbolique, et devant plus de 900 personnes malgré la pluie battante, le leader des insoumis s’est fait le porte étendard des mesures d’urgence face à la crise sociale qui fracasse le pays. Le candidat le mieux placé à gauche pour 2022 a pu développer sa stratégie d’union populaire, fédérer les demandes, ces mesures soutenues par une immense majorité de Français : «Vous voulez une majorité ? 9 Français sur 10 sont d’accord pour augmenter le SMIC, taxer les profiteurs de crise, la garantie d’emploi, conditionner les aides publiques à des contreparties sociales et environnementales, l’Impôt sur la fortune (ISF), le plafonnement des frais bancaires, la retraite à 60 ans, le RIC…». Toutes ces mesures figurent en effet dans l’Avenir en commun, le programme des insoumis.
Plutôt que d’attaquer les éventuels autres candidats à gauche, aujourd’hui largement distancés dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon a concentré ses coups sur ses deux principaux rivaux : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Alors que 70% des Français ne veulent pas d’un second tour Macron / Le Pen, le duel est en effet présenté comme inéluctable dans le champ médiatique. Une récente enquête Kantar Public révèle pourtant que l’image de la candidate du Rassemblement national (RN) s’est fortement dégradée depuis 2017 et que sa présidentialité n’a pas progressé en 4 ans. Le leader des insoumis, dont on connait l’art de la formule, les a renvoyé dos à dos : « Macron s’est lepénisé, Le Pen s’est macronisé ». Jean-Luc Mélenchon a notamment souligné leur convergence économique sur le remboursement de la dette et le retour de l’austérité, et leur diversion identitaire partagée pour ne surtout pas parler de la crise sociale qui fracasse le pays et de l’urgence de partager les richesses.
Face à la diversion identitaire, ramener la question sociale et écologique au coeur de 2022
Depuis des mois, le Président de la République met en effet à l’agenda politique les thématiques de prédilections de Marine Le Pen. Ses ministres allant jusqu’à reprendre le vocabulaire de l’extrême droite désignant l’«islamogauchisme», l’«ensauvagement», le «séparatisme» comme principal adversaire. Et fermant les yeux sur l’extrême droite qui explose dans le pays, comme en témoigne la faiblesse des réactions gouvernementales et présidentielles après la parution de deux tribunes de militaires factieux soutenus par l’extrême droite. La stratégie d’Emmanuel Macron pour 2022 est claire : faire monter l’extrême droite pour ensuite se poser en rempart au second tour. Problème : Emmanuel Macron n’est plus un barrage, mais un trampoline pour Marine Le Pen.
Jean-Luc Mélenchon s’est donc posé ce dimanche en alternative au duo Macron / Le Pen avec une stratégie claire : l’union populaire autour de ces mesures de justice sociale plébiscitées par une large majorité de Français. Et pourtant totalement absente du champ médiatique. Le but du leader des insoumis est bien de ramener la question sociale au coeur de la campagne présidentielle. Avec un objectif : le plein emploi. À travers notamment une proposition révolutionnaire développée ce dimanche : la garantie d’emploi. Adossée à la planification de la bifurcation écologique, la garantie d’emploi permettrait en effet de créer des centaines de milliers d’emplois dans la bifurcation écologique et sociale de notre économie. Liant tout au long de son discours le combat social et et écologique, le candidat le mieux placé à gauche dans la course à la présidentielle a pu développer ce dimanche à Aubin son programme social. Après la 6ème République et la planification écologique, les insoumis viennent en effet de sortir le troisième numéro des cahiers de l’Avenir en commun consacré à l’urgence sociale.
Pour conclure une journée forte en symbole, le leader des insoumis a choisi de reprendre les mots de Jean Jaurès : « Le courage, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir. »
Par Pierre Joigneaux.