C8. Pudeur et silence des médias sur les amis nazis de Marine Le Pen et Jordan Bardella, apologie de génocide ordinaire sur i24News, Manuel Bompard qui remet à sa place Cyril Hanouna condamné pour ses injures envers Louis Boyard, soutien à Macron et silence du RN sur Bétharram, ostracisation de Blanche Gardin, quand même les médias d’extrême droite sont choqués de la validation du RN pour la nomination de Richard Ferrand au conseil constitutionnel. Ce sont tout autant de séquences médiatiques ayant marqué la semaine, et bien d’autres, que l’Insoumission vous décrypte dans sa revue de presse hebdomadaire de critique de l’officialité médiatique.
Des médias de Bolloré aux journaux de Bernard Arnault, de BFM TV aux plateaux de Martin Bouygues, chaque jour est une occasion supplémentaire pour constater la partialité des médias dominants et leur acharnement contre la France insoumise.
Indignations sélectives, censure, criminalisation des voix de la paix, choix partiaux des invités et sujets traités, désinformation, invectives constantes envers le mouvement insoumis… Telle est la réalité du journalisme de cour et d’éditorialistes d’extrême droite prêts à tout pour imposer leur agenda idéologique et conserver une place au chaud. Notre revue de presse.
C8 définitivement fermée : Manuel Bompard démonte l’opération de propagande de Bolloré et de ses laquais
Ce 19 février, après les vaines gesticulations du groupe Bolloré, de la droite et de l’extrême droite, le Conseil d’État a dit le droit et a confirmé le non-renouvellement de la fréquence TNT de la chaîne C8 décidée par l’ARCOM (régulateur du paysage audiovisuel français) fin 2024.
Depuis plusieurs semaines, les laquais de Vincent Bolloré et ses relais politiques des Républicains et du Rassemblement National se livraient pourtant à une véritable opération de propagande visant à jeter l’opprobre sur la prétendue dimension politique de la décision de l’ARCOM, aujourd’hui sur celle du Conseil d’État.
Or, comme le rappelle notamment le coordinateur national de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, le non-renouvellement de la fréquence de C8 est la conséquence directe du non-respect des ses obligations par la chaîne. Les fréquences de la TNT sont en effet accordées suivant un cahier des charges imposant le respect de règles élémentaires telles que le pluralisme, le respect de la loi ou le refus des traitements dégradants.
Sur C8, ces règles n’ont pas été respectées et près de 40 sanctions ont été prononcées par l’ARCOM depuis 2012, dont 7 rien qu’en 2024. C’est donc face à la récidive dans la violation des règles que l’ARCOM a décidé de ne pas renouveler la fréquence de C8, en aucun cas du fait de considérations politiques.
Alors que Bolloré et ses laquais insistent aujourd’hui sur la perte d’emploi des 400 salariés de la chaîne, ils oublient de préciser que l’ARCOM n’a pas décidé de fermer C8 mais de ne plus lui attribuer une fréquence sur la TNT gratuite. La décision de fermer la chaîne est donc celle du groupe Bolloré. D’autres chaînes (AB1, Canal J) ont déjà quitté la TNT tout en continuant à être diffusé par d’autres moyens. Si les salariés de C8 sont dans une situation difficile, c’est donc en raison de la décision du groupe de fermer la chaîne et de l’irresponsabilité de ses animateurs qui les ont amenés dans le mur en bafouant volontairement les règles.
Cet épisode est d’ailleurs l’occasion de constater l’attachement soudain du groupe Bolloré pour le sort des travailleurs, un groupe n’ayant montré aucune considération pour les 30 jours de grève des salariés d’I-Télé en 2016 (ancêtre de CNEWS), pendant la mobilisation des journalistes du JDD en 2023, et dont les chaînes dénigrent allègrement chaque mouvement social depuis des années.
Quand Elon Musk revendique son appartenance à l’extrême droite et au nazisme
« Geste polémique », « sujet à interprétation ». Voilà comment en France, sur les plateaux des médias dominants, avait été qualifié le salut nazi d’Elon Musk lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025. De la Macronie au Rassemblement National, de CNEWS à BFM, on avait trouvé toutes les excuses possibles à l’homme le plus riche du monde, membre du gouvernement de Donald Trump, pour nier qu’un salut nazi est un salut nazi.
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Quelle n’a donc pas dû être leur stupeur lorsque la semaine dernière, Elon Musk s’est fendu d’une publication Twitter (réseau social qu’il possède) où il revendiquait explicitement, quoique discrètement, son appartenance à l’extrême droite et au nazisme.
Ce 15 février, sur son compte Twitter, Elon Musk a ainsi posté 14 drapeaux américains à 14h14 en réaction à un tweet de Donald Trump aux accents de coup d’État, une communication loin d’être le fruit du hasard. Cette publication est en fait la convocation directe des “Fourteen Words” (“Quatorze Mots”), deux slogans issus du terrorisme d’extrême droite américain.
Le premier slogan : “We must secure the existence of our people and a future for white children” (“Nous devons garantir l’existence de notre peuple et un futur aux enfants blancs) est généralement suivi du second : “because the beauty of the White Aryan woman must not perish from the Earth.” (“Car la beauté de la femme aryenne blanche ne doit pas disparaître de la terre”).
Explicites, ces phrases et ce chiffre sont des signaux d’appartenance très populaires au sein des milieux néonazis. Ils s’inscrivent dans la continuité des nombreux “dog whistle” (appels du pied) à l’extrême droite et aux nazis dont Elon Musk est coutumier, et qui lui permettent de partager ses messages de manières détournée tout en faisant passer ses opposants pour des fous qui voient le mal partout.
Or, c’est évidemment en connaissance de cause qu’Elon Musk a posté sa publication. C’est évidemment aussi en connaissance de cause que les médias dominants ont très largement passé cette information sous silence, et continuent de parler d’Elon Musk comme d’un entrepreneur génial, au pire, comme d’un génie sulfureux.
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L’ami de Bardella et Le Pen ouvre le congrès des conservateurs par un salut nazi : chez les médias bourgeois, on hésite encore à appeler un chat un chat
Aux États-Unis ce 21 février, le congrès des conservateurs américains s’est ouvert… par un salut nazi. Son auteur ? Un ami de Jordan Bardella et Marine Le Pen, Steve Bannon. Fondateur de Breitbart News, un média de l’« alt-right » (extrême droite) américaine, ancien conseiller de Donald Trump lors de son premier mandat, Steve Bannon fut un temps un conseiller officieux de Marine Le Pen. En 2018, il était ainsi l’invité d’honneur du congrès du Rassemblement national. « Une salle pleine à craquer et debout pour acclamer Steve Bannon ! Merci à lui pour son discours enflammé ! Oui, l’Histoire est de notre côté ! », s’était réjoui le parti de Marine Le Pen.
Pour aller plus loin : États-Unis : l’ami de Bardella et Le Pen ouvre le congrès des conservateurs par un salut nazi
Et du côté des médias dominants, les compromissions d’avec le salut nazi d’Elon Musk se sont répétées. Cette fois encore en effet, personne n’a osé caractériser directement le salut nazi de Steeve Bannon comme ce qu’il est sans discussion possible : un salut nazi.
Ainsi de FranceInfo pour qui Steeve Bannon est simplement “accusé” d’avoir effectué un salut nazi. Ainsi également de BFMTV qui évoque ce geste entre guillemets. Sur les réseaux sociaux de CNEWS on ne mentionne même pas l’épisode, et LCI prend ses petites précautions en évoquant un geste “qui avait l’air” d’un salut nazi. Pourtant si prompts à accuser le premier venu d’antisémitisme, voilà que les médias bourgeois font preuve de la plus grande prudence lorsqu’il s’agit de protéger les amis de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Condamnation pour avoir insulté Louis Boyard, sexisme ordinaire, escroquerie, cirage de pompes de Jordan Bardella… Après l’annonce de l’arrêt de C8, les laquais de Bolloré en roue libre
Dans le contexte de la confirmation de l’arrêt de la chaîne par le Conseil d’État, l’actualité de C8 et de son émission phare “Touche Pas à Mon Poste” confirme s’il le fallait encore la nécessité de sa disparition. Depuis plusieurs semaines en effet, complètement désinhibés par la fermeture prochaine de leur chaîne, les laquais de Bolloré se permettent plus que jamais de montrer leur vrai visage.
Ainsi cette semaine Cyril Hanouna s’est fendu d’une intervention sexiste à l’égard de la députée Génération.s Sophie Taillé-Polian, qui, pour avoir osé le critiquer, est ramené par l’animateur au statut d’une femme l’ayant “malgré tout trouvé beau gosse”.
https://twitter.com/A_Saintoul/status/1892913685531623833
Au-delà de cette séquence de sexisme ordinaire, on apprenait également ces derniers jours que le bouffon Cyril Hanouna, bombant le torse d’annoncer il y a quelques semaines son invitation aux État-Unis par Donald Trump s’est en fait fait piéger, et que tout cela n’était qu’une vaste escroquerie.
C8 a également profité de ses dernières heures d’antenne pour diffuser un reportage long format intitulé “Un an avec Jordan Bardella”, destiné une fois encore à faire la promotion de l’extrême droite, de ses représentants et de ses idées.
Par ailleurs ce 20 février, suite à ses insultes proférées contre le député de la France insoumise Louis Boyard, Cyril Hanouna a été reconnu coupable du délit d’injure publique envers un membre élu du Parlement et condamné à verser 4 000 euros d’amende. Pour cette séquence, l’ARCOM avait déjà infligé une amende de 3,5 millions d’euros à C8 pour manquement à son obligation de maîtrise de l’antenne. Plus que jamais, il est temps que ce nid dégoulinant de militants d’extrême droite d’où pullulent les fake news, séquences islamophobes et misogynes, disparaisse.
Pour aller plus loin : « Espèce d’abruti » : Cyril Hanouna condamné à 4 000 euros d’amende pour avoir insulté Louis Boyard
Nomination de Richard Ferrand à la présidence du Conseil Constitutionnel, refus de censurer le gouvernement, silence sur le scandale de Bétharram : quand même les médias d’extrême droite sont choqués par le soutien du Rassemblement National à Emmanuel Macron
Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, s’était prononcé en faveur d’un 3ème mandat d’Emmanuel Macron, chose aujourd’hui interdite par la Constitution. Il a été empêtré dans l’affaire dite des “Mutuelles de Bretagne” dont il ne s’est sauvé que pour cause de prescription. Ancien socialiste passé à En Marche!, il est un soutien parmi les soutiens du Président de la République, archétype du macroniste de base.
Pour aller plus loin : Richard Ferrand nommé président du Conseil constitutionnel : le RN au secours de Macron
C’est donc tout naturellement que le Rassemblement National, opposition de carnaval, a permis la nomination de Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel en s’abstenant du vote censé entériner ou refuser cette nomination. À une voix près, Richard Ferrand a donc été nommé président du Conseil constitutionnel.
Ce choix qui relève d’un soutien direct à Emmanuel Macron de la part d’un parti se réclamant pourtant son premier opposant, a choqué jusque sur les plateaux de la presse d’extrême droite. Ainsi un ex-conseiller de Marine Le Pen parle d’une “stratégie incompréhensible”. Jusque sur CNEWS, on évoque une “abstention soutien”, un “soutien sans participation” à la politique d’Emmanuel Macron, et l’on s’émeut d’un “choix incompréhensible pour un électeur de droite”.
Après avoir refusé de censurer Emmanuel Macron, le Rassemblement National prouve plus que jamais qu’il n’a rien d’une opposition au macronisme, et le prouve encore davantage lorsqu’il refuse de dénoncer François Bayrou dans le cadre du scandale de Notre-Dame de Bétharram.
Alors que depuis plus de deux semaines les révélations se succèdent quasi-quotidiennement pour montrer comment le premier ministre à sciemment couvert des faits de violences physiques et sexuelles à grande échelle, alors que la France insoumise et ses députés ont grandement participé à la mise à l’agenda de ce scandale d’État, c’est silence radio du côté du Rassemblement National. Les rares fois où l’on entend ses représentants s’exprimer dans les médias, c’est pour défendre François Bayrou, s’en prendre au journalisme d’investigation et à la presse indépendante.
De son côté, par delà la mobilisation sans relâche de ses militants et députés, la France insoumise et son programme “L’Avenir en Commun” multiplient les propositions pour contrôler les établissements privés et améliorer la protection de l’enfance. Pendant ce temps, le RN s’enfonce dans la défense de l’enseignement privé catholique, sacrifie l’école publique, crache au visage des victimes de Bétharram.
Pour aller plus loin : Scandale de Bétharram : les propositions de LFI pour contrôler les établissements privés et améliorer la protection de l’enfance
https://twitter.com/L_insoumission/status/1892225072733040898
Apologie ordinaire de génocide sur i24News
Les séquences se suivent et se ressemblent sur i24News. Chaîne de propagande du gouvernement israélien en France, i24News multiplie quasi-quotidiennement les fake news et apologies de génocide. Après qu’un intervenant avait déclaré la semaine dernière que “Le peuple Palestinien a été inventé par le KGB”, voilà qu’un autre peut déclarer sans être repris par personne en plateau que “« La cause palestinienne trouve ses origines dans les trois idéologies mortifères du 20ème siècle : le nazisme, le soviétisme et l’islamisme”.
Cette déclaration – que la chaîne arbore d’ailleurs fièrement sur ses réseaux sociaux – s’inscrit, derrière ses airs grotesquement complotistes, dans la volonté d’i24News de légitimer le génocide en cours à Gaza : si le peuple palestinien n’existe pas ou a été créé artificiellement, rien n’empêche alors de le massacrer.
Mais une deuxième séquence, peut-être pire, a encore émaillé l’actualité de la chaîne ces derniers jours. Ainsi la chroniqueuse Barbara Lefebvre, par ailleurs intervenante régulière de l’émission “Les Grandes Gueules” sur RMC, a déclaré que “Les civils de Gaza sont autant responsables que les membres du Hamas et du Jihad islamique. Cela devra être payé au prix fort. Il faut vider la bande de Gaza!”. Cette apologie claire de génocide n’a, une fois encore, été reprise par personne en plateau.
Nous l’évoquions déjà dans nos colonnes il y a plusieurs semaines : i24News doit fermer.
Pour aller plus loin : Apologie de génocide quotidienne à la télévision française – La chaîne de propagande israélienne i24News doit fermer
Pour avoir dénoncé le génocide, l’humoriste Blanche Gardin blacklistée du cinéma et des médias
« Je ne reçois plus de proposition » du monde du cinéma, déplore l’humoriste Blanche Gardin à Télérama. Blacklistée du milieu, rien ne lui est proposé. On lui confirme que « des acteurs ne veulent plus tourner avec elle ». La raison ? Sa dénonciation du génocide à Gaza et un sketch réalisé avec l’humoriste Aymeric Lompret dénonçant l’instrumentalisation de l’accusation d’antisémitisme pour faire taire les défenseurs des Palestiniens.
Pour aller plus loin : « Je ne reçois plus de proposition » – Blanche Gardin dénonce le génocide à Gaza, elle est blacklistée du monde du cinéma
L’ostracisation de Blanche Gardin dans le monde du cinéma n’a d’égal que celui qu’elle subit dans celui, très proche, des médias, où les évictions et les cabales d’extrême droite se succèdent pour faire taire les artistes qui osent porter la voix de la paix, ou qui ont simplement le tort d’être arabe (Merwane Benlazar, Guillaume Meurice, Waly Dia…).
Pour aller plus loin : Débat ignoble de France Info sur Gaza, Olivier Faure éparpillé sur France Inter, l’humoriste Merwane Benlazar viré de France télévisions après une campagne raciste – La revue de presse de l’Insoumission
Dans le même temps, le porc Yann Moix, l’islamophobe Sophia Aram ou l’animateur sexiste Artur ont un ticket d’entrée permanent sur les plateaux de télé et les studios de radio pour faire leur promotion et délivrer un discours politique. Le journalisme de cour dans ses basses œuvres.
https://twitter.com/L_insoumission/status/1891549041701302479
Par Eliot Martello-Hillmeyer