Bétharram. Silence des médias et de l’extrême droite sur Bétharram et les mensonges de François Bayrou, énième condamnation pour racisme d’un chroniqueur de CNEWS, sexisme et homophobie de Yann Moix, révélations sur le groupe de Vincent Bolloré qui a orchestré une campagne de communication pour discréditer le député LFI Louis Boyard. Ce sont tout autant de séquences médiatiques ayant marqué la semaine, et bien d’autres, que l’Insoumission vous décrypte dans sa revue de presse hebdomadaire de critique de l’officialité médiatique.
Des médias de Bolloré aux journaux de Bernard Arnault, de BFM TV aux plateaux de Martin Bouygues, chaque jour est une occasion supplémentaire pour constater la partialité des médias dominants et leur acharnement contre la France insoumise.
Indignations sélectives, censure, criminalisation des voix de la paix, choix partiaux des invités et sujets traités, désinformation, invectives constantes envers le mouvement insoumis… Telle est la réalité du journalisme de cour et d’éditorialistes d’extrême droite prêts à tout pour imposer leur agenda idéologique et conserver une place au chaud. Notre revue de presse.
Omerta du RN et des médias sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram
Depuis plus de 10 jours, alors que les dessous de l’atroce affaire de pédocriminalité de l’établissement catholique privé Notre-Dame de Bétharram sont révélés par la presse indépendante et mis en lumière par les députés de la France insoumise, le premier ministre François Bayrou multiplie les mensonges sur sa connaissance de l’affaire, sur ses silences, et dessine les contours d’un véritable scandale d’État.
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Pourtant, alors que les salves de révélations se succèdent quasiment chaque jour depuis le 5 février et impliquent davantage de mensonges de François Bayrou, c’est silence radio dans les médias dominants qui commencent à peine, contraints par l’intense mobilisation de la France insoumise et notamment de son député Paul Vannier, à évoquer l’affaire.
Ce 15 février par exemple, alors qu’il était déjà établi que François Bayrou avait menti à deux reprises devant l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a été interrogé trente minutes sur BFMTV sans qu’une seule question ne lui soit posée sur le sujet. La veille, pas une seule question à Jordan Bardella en une heure d’interview sur France 5, pas davantage dans celle de la ministre Aurore Bergé sur CNEWS, du ministre Laurent Saint Martin sur France 2, ou de l’ex-ministre macroniste Prisca Thévenot sur TF1.
Invitée pour évoquer le scandale sur le plateau de France info, la députée de la France insoumise Gabrielle Cathala a du évoquer elle-même l’affaire, ce à quoi l’animateur a répondu qu’il n’y avait “pas le temps”, trop occupé à un énième débat sur les fantasmes néolibéraux des origines de la dette.
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L’omerta des médias audiovisuels n’a d’égal que celle des députés du Rassemblement national et de la Macronie dont nombreux en sont encore à soutenir ouvertement un homme qui a couvert trente ans de violences pédocriminelles.
Sans la mobilisation intense des associations, médias indépendants, de la France insoumise et de ses députés, la servilité des médias aurait pu suffire à étouffer un scandale d’État d’une exceptionnelle gravité. Prochaine étape : la démission de François Bayrou.
Le groupe de Vincent Bolloré a orchestré une campagne de communication pour discréditer le député LFI Louis Boyard
Ce 10 février, Médiapart a révélé que le groupe du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré a conduit et financé une campagne de communication visant à discréditer le député de la France insoumise Louis Boyard.
Depuis plusieurs mois déjà, alors que la chaîne C8 a été condamnée à une amende 3,5 millions d’euros pour les insultes de Cyril Hanouna contre de Louis Boyard, la galaxie Bolloré s’acharne contre la France insoumise et son député. C’est cette fois-ci au tour d’une mystérieuse “campagne citoyenne” de dénigrement d’être mise en cause.
Ainsi notamment du lancement d’une fausse pétition destinée à l’acharnement contre Louis Boyard lancée par une agence de communication partageant les locaux du groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Médiapart révèle même que cette campagne a été directement orchestrée par le directeur général de Canal+ Gérald Brice Viret, ainsi que par l’actuel directeur des opérations du groupe, Damien Hammouchi. Les insoumis se battront pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire, et plus largement contre l’ingérence des milliardaires et de leurs groupes dans la vie politique.
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Rebelote sur CNEWS : un nouveau chroniqueur condamné pour des injures anti-musulmans
Ce 10 février, le chroniqueur régulier de CNEWS Jean-Claude Dassier a été reconnu coupable d’ injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion, pour avoir déclaré en décembre 2022 sur CNEWS, sans être contredit par personne en plateau, : “Les musulmans, ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire”. Alors que l’ARCOM avait décidé de manière hallucinante que cette déclaration n’était pas susceptible d’entraîner une sanction, le tribunal correctionnel de Paris estime que de tels propos sont des “propos outrageants et méprisants […] venant rabaisser et jeter le discrédit sur toutes les personnes de confession musulmane”, rapporte Libération.
Ancien directeur général de LCI puis directeur de l’information de TF1, le cas de Jean-Claude Dassier vient s’inscrire dans la longue liste des condamnations des chaînes du groupe de Vincent Bolloré et de ses chroniqueurs.
Ainsi par exemple des condamnations d’Éric Zemmour et de CNEWS pour incitation à la haine raciale, d’une condamnation de la chaîne pour diffusion d’une fausse information islamophobe en 2023, de sa condamnation par l’ARCOM pour avoir diffusé par deux fois une émission où il était déclaré que « l’avortement est la première cause de mortalité dans le monde », ou de la récente double condamnation en appel de Jean-Marc Morandini pour harcèlement sexuel et travail dissimulé.
Ainsi également de la chaîne C8, également propriété de Vincent Bolloré, condamnée depuis 2012 à près de 40 sanctions de l’ARCOM, 7 rien qu’en 2024, entre fake news, insultes, publicité dissimulée et attouchements.
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Propos misogynes et homophobes de Yann Moix : les indignations à géométrie variable de la presse bourgeoise
Fin 2023, l’émission Complément d’enquête révélait les images d’un voyage réalisé en Corée du Nord par l’acteur Gérard Depardieu et l’écrivain-chroniqueur coqueluche des médias Yann Moix. On y découvrait des propos sexistes, homophobes, obscènes et dégradants à l’encontre de nombreuses femmes rencontrées par les deux hommes. À l’époque, Yann Moix avait fait la tournée des plateaux de télévision pour dire combien il récusait ces propos, supposément sortis de leur contexte, invoquant même une œuvre de fiction.
Mais ce 14 février, Libération révèle de nouveaux extraits mettant à mal la version de Yann Moix, mettant en lumière toujours davantage de sexisme, d’homophobie, d’incitation au viol et à la violence envers les femmes.
Au-delà de l’horreur des propos, cet épisode mettant pour la deuxième fois en cause l’un des chroniqueurs phares des médias dominants (déjà épinglé pour des dessins antisémites) révèle une nouvelle fois l’indignation à géométrie variable de la presse bourgeoise et de ses politiques. Pourtant si prompts à s’indigner de la barbe et du bonnet d’un chroniqueur la semaine dernière, c’est silence radio des médias et de la droite sur les propos de Yann Moix, qui, après un énième tour de pleurnichage, retrouvera sans aucun doute un siège au chaud sur les plateaux de télévision. Deux poids, deux mesures.
Pour aller plus loin : Débat ignoble de France Info sur Gaza, Olivier Faure éparpillé sur France Inter, l’humoriste Merwane Benlazar viré de France télévisions après une campagne raciste – La revue de presse de l’Insoumission
Bruno Retailleau recadré en direct par un magistrat
Ministre de l’Intérieur d’un gouvernement soutenu par le Parti Socialiste, Bruno Retailleau est de ceux pour lesquels il existe des “Français de papier”, des Français en pleine “régression vers [leurs] origines ethniques”, de ceux qui glorifient les “belles heures” de la colonisation.
Il est aussi de ceux pour qui l’État de droit n’est pas immuable, et en fait toute la démonstration à mesure que ses récents exercices de communication sur les obligations de quitter le territoire français (OQTF) sont retoqués par la Justice. Malheureusement pour lui, sur France Inter, Bruno Retailleau s’est finalement trouvé confronté à un magistrat administratif lui rappelant qu’il s’oppose aujourd’hui à l’application d’une loi qu’il a lui-même voté. Ridicule, le ministre d’extrême droite Retailleau n’en est pas moins dangereux.
Par Eliot