Ce jeudi, Marine Le Pen publie une tribune à charge sur la dette dans le journal Les Echos, propriété du grand groupe LVMH et dirigée par l’homme le plus riche de France, Bernard Arnault. Trois ans auparavant, en 2023, elle étalait son enthousiasme pour les recettes libérales dans le journal L’Opinion. Elle choisit de réitérer avec un texte “Face au mur de la dette, l’urgence d’une stratégie nationale.” Car chez les grands journaux patronaux, Marine Le Pen se sent comme à la maison ! Un nid douillet pour déballer son programme pro-patronal et anti-peuple. Marine Le Pen y sert tous les poncifs habituels sur la charge de la dette, et en profite pour déverser son racisme crasse.
Il était déjà de plus en plus en plus difficile de distinguer les macronistes de l’extrême droite – la Loi Immigration en est l’une des dernières manifestations brutales. Il est maintenant tout aussi compliqué de distinguer le RN des macronistes. Rien de nouveau chez l’extrême-droite, qui s’est toujours placé dans le camp des patrons. Seulement un pas de plus dans la jonction de l’extrême droite et de la bourgeoisie politico-médiatique. Chronique d’une alliance qui a tout d’une évidence, mais rien d’une chance pour le peuple. Notre article.
Piège de la dette : Le Pen propose le même programme que les macronistes, en pire
Marine Le Pen reprend les mots du gouvernement et de ses alliés de droite, mais pas que. Elle reprend aussi ses idées les plus banalement désolantes.
Sur la dette, elle reprend à son compte l’avertissement exact de Pierre Moscovici, ancien ministre de François Hollande et actuel président de la Cour des Comptes. Elle met en cause l’augmentation de la dette publique et dénonce l’inaction des macronistes à cet égard. Marine Le Pen voudrait aller plus loin. Comprenez : s’en prendre davantage encore aux conditions de vie des français. Marine Le Pen dénonce la “dérive des finances publiques”. Celle qui prend de l’argent aux plus précaires pour ne pas risquer de prendre celui des plus gros ? Non, au contraire : à l’heure des 10 milliards de nouvelles coupes budgétaires, elle s’inquiète d’une baisse trop faible de nos dépenses publiques.
Et quand Marine Le Pen critique l’action des macronistes, ce n’est pas pour réclamer davantage de moyens au service du bien commun. Restant fidèle à ses obsessions racistes, c’est pour critiquer le coût, selon elle exorbitant, des dépenses d’accueil et de prestations des immigrés. Marine Le Pen s’attaque donc en premier lieu aux “plaies que constituent […] l’immigration massive ou la fraude sociale”. Elle souhaite économiser 16 milliards grâce à la discrimination des personnes immigrées. Autrement dit, le coût de l’humanité, qui n’est déjà pas bien conséquent.
Autre cible pour le RN : les dépenses publiques de fonctionnement, qu’il oppose aux dépenses d’investissement. Mais derrière les dépenses de fonctionnement incriminées par l’extrême droite, c’est tout le pays qui tient déjà à peine debout. Ce sont les hôpitaux publics, les écoles, la Justice…. Le Rassemblement National souhaite comprimer ces dépenses essentielles, et emmener le pays au suicide collectif. Marine Le Pen souhaite faire porter la charge de la dette aux immigrés et aux plus précaires. Et avec eux, c’est tout le peuple qui trinquerait. La répression ethnique et sociale comme unique ligne de politique budgétaire, il fallait y penser.
Enfin, Marine Le Pen n’a de cesse d’en appeler au respect de la souveraineté nationale. Mais elle n’a que faire de la souveraineté populaire. Dans sa vision nationaliste, le RN appelle de ses vœux un Etat protecteur. Mais un Etat au service de qui ? Bien loin de protéger le peuple français, ce sont les capitalistes nationaux que le RN souhaite préserver. Surtout, diminuer à tout prix la dette comme l’entendent les macronistes, c’est se plier aux exigences financières des banques internationales sans se soucier des besoins des citoyens. Or, l’Etat doit pouvoir financer les grands chantiers essentiels pour une véritable bifurcation écologique et sociale.
Le peuple veut autre chose pour la dette
Face aux intérêts convergents du patronat et de l’extrême droite, le peuple a besoin d’autre chose. Le piège de la dette est sans cesse tendu par les libéraux en tout genre pour empêcher la puissance publique d’agir ; et d’agir au service de ses citoyens.
Contrairement au RN et aux macronistes, la France Insoumise propose de redonner méthodiquement le pouvoir à la puissance publique pour réaliser ses objectifs. La dette publique est instrumentalisée pour justifier l’austérité et les privatisations en tout genre. LFI exige de l’Union européenne que la Banque centrale transforme la part de dette des Etats qu’elle possède (environ 25%) en dettes perpétuelles à taux nul.
Cette opération ne nécessite pas de sortir des traités : elle permettrait de débloquer 400 milliards d’euros pour la France et 2.000 milliards pour l’ensemble des Etats-membres. L’annulation de la dette est une solution reprise dans le champ intellectuel au-delà de la France Insoumise. Nicolas Dufresne et Alain Grandjean en 2020, mais aussi plus de 300 parlementaires de 30 pays ont écrit à la Banque Mondiale et au FMI pour annuler la dette, dont Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et Jean Luc Mélenchon.
La France Insoumise souhaite aussi réaliser un audit citoyen de la dette publique et préparer un réaménagement négocié de la dette publique. En somme, redonner le pouvoir au peuple de décider où va l’argent. Aussi, pour rétablir l’équilibre budgétaire, une imposition plus juste est à portée de volonté politique. L’argent pour vivre mieux existe : Marine Le Pen le sait. Elle n’en a que faire. Le RN préfère les solutions satisfaisant l’ordre économique dominant en place – et surtout, ceux en place. Il ne s’aventurera jamais sur des voies permettant d’offrir une véritable alternative au peuple.
Pour aller plus loin : 15 ans après le « non » au TCE : l’annulation des dettes publiques, une priorité politique absolue. – L’insoumission (linsoumission.fr)
Capitalisme et extrême droite : la formule perdante pour le peuple
Bref, l’idylle amoureuse entre les capitalistes et l’extrême droite se concrétise de jour en jour. Les grands médias détenus par les milliardaires y ont une immense responsabilité. Marine Le Pen se plaît à étaler ses idées nauséabondes dans ces grands médias patronaux , et ceux-ci se satisfont à écouter combien le programme économique du RN leur servirait.
Ce rapprochement du RN avec le monde patronal est délibérément enclenché depuis plusieurs années. Depuis 2022, le RN enchaîne les rendez-vous avec des patrons de la distribution ou d’ailleurs. Par exemple, l’ex patron d’EDF Henri Proglio ou encore Dominique Schelcher (Super U). En janvier 2023 encore, le grand patron Michel-Edouard Leclerc posait sur une photo aux côtés du porte parole du RN, Sébastien Chenu. En bref, dans ses rendez-vous privés comme dans ses votes à l’Assemblée Nationale, l’extrême droite s’allie contre le bloc populaire.
Cette normalisation du RN est aussi permise par l’extrême droitisation du gouvernement des macronistes. En ce moment même, des propositions anti-républicaines telles que la suppression de l’aide médicale d’État et la suppression de la couverture médicale universelle sont mises en débat dans la sphère publique par les macronistes. Cette perte de boussole du gouvernement et des médias font apparaître les propositions immondes du RN comme ordinaires parmi tant d’autres dans le paysage actuel.
Bien loin de la véritable ligne de conflictualité qui oppose les intérêts du peuple à ceux de ses fossoyeurs : le grand patronat en France et partout dans le monde. Le Rassemblement National, comme il l’a toujours fait, contourne ce clivage social pour unir – ou plutôt diviser – sur des fondements ethnoculturels. Derrière cette union raciste, le peuple est pourtant deux fois plus perdant. Tout pour les patrons, moins pour les immigrés, rien pour le peuple – si ce n’est sa division artificielle. Le capitalisme n’a rien à offrir au peuple ; le capitalisme raciste encore moins. Emmanuel Macron nous l’a déjà montré, le RN le confirme.
