Macron Le Pen immigration
2DHEWG8 French far-right Front National (FN) party president Marine Le Pen (L) shakes hands with French President Emmanuel Macron after their meeting at the Elysee palace in Paris, on November 21, 2017. Photo by Christian Liewig/ABACAPRESS.COM

« Tous les députés doivent se ressaisir ! » : l’appel des insoumis contre la loi immigration

Loi immigration. « C’est un choix fondamental, le choix entre le programme de Madame Le Pen et le mien, car il est profondément différent sur les valeurs et l’avenir du pays. Elle parle de préférence nationale, pas moi » déclarait Emmanuel Macron en 2017 appelant à voter en sa faveur pour faire « barrage » au risque « d’avoir une gueule de bois le lundi ».

La gueule de bois est bien arrivée, ce lundi, pour quiconque doutait encore de l’alliance entre la droite et l’extrême droite. En « commission mixte paritaire » (CMP) chargée de trouver un « accord » sur la loi immigration pourtant rejetée grâce aux voix de la gauche lundi dernier à l’Assemblée, députés macronistes et LR adoubent une à une les propositions du Rassemblement national. Préférence nationale sur les allocations, déchéance de nationalité, réforme de l’Aide Médicale d’État (AME), caution de « retour » pour organiser le tri, la précarité et l’expulsion rapide des étudiants étrangers, tous les principes républicains ont été passés à la trappe. La CMP est « conclusive ».

Résultat : les hyènes fascistes exultent et annoncent déjà leur vote en faveur du texte, Jordan Bardella vantant une « victoire idéologique », Jean-Philippe Tanguy (RN) parle d’un « alignement sur les conditions posées par le Rassemblement national ». Leur secrétaire général, Renaud Labaye, allant jusqu’à déclarer : « Je ne m’attendais pas à un texte aussi dur ». Paniqués, des députés Renaissance (ex-LREM) refusent d’assumer. Le président du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard a indiqué, dans un déni de réalité : « on ne cèdera pas ». Cela signifie-t-il que les députés macronistes se ressaisiront pour rejeter le texte dont le vote est prévu ce soir à l’Assemblée nationale ?

Comment pourront-ils appeler à de nouveau au barrage face à un candidat d’extrême droite au second tour après avoir repris l’ensemble des propositions des héritiers de la France de Vichy ? La représentation nationale peut encore inverser la tendance en votant contre la loi immigration. Les insoumis ont d’ores et déjà déposé une motion de rejet préalable. Ils appellent l’ensemble des députés à un « sursaut républicain » pour rejeter cette loi de brutalisation sans précédent des immigrés. Ce soir sera l’heure de vérité : le choix entre la République ou l’anti-France. Notre brève.

Des « victoires idéologiques » : le programme du RN validé par les députés macronistes et LR en CMP sur la loi immigration

« Dans tous les cas, il y a une victoire. À partir du moment où un ministre reprend le principe de la priorité nationale, c’est une énorme victoire, ça veut dire que c’est devenu communément admis par tout le monde », a déclaré ce matin Renaud Labaye à propos des allocations familiales et des APL. En cause : la fin de l’universalité de ces aides. Depuis 1973, le FN, devenu RN, défend leur suppression. Cinquante ans plus tard, leur vieux rêve est mis à l’ordre du jour de l’Assemblée par les députés macronistes et LR.

Le 17 décembre, Yaël Braun-Pivet l’a assumé sans détours. « Dire à un étranger en situation régulière qui cotise ‘vous ne pourrez pas percevoir ni allocations familiales, ni aides au logement avant 3 ans de résidence’, vous l’acceptez ? » l’a interrogé un journaliste sur la loi immigration. Ce à quoi la présidente de l’Assemblée nationale a répondu sans hésitations « C’est à peu près ça ! ».

Pour aller plus loin : Immigration – Préférence nationale sur les aides : Macron fait du Le Pen

La CMP a tranché : les étrangers en situation régulière qui ne travaillent pas devront attendre 5 ans pour percevoir les APL, et 3 mois de carences pour ceux qui travaillent. La préférence nationale est ainsi inscrite à l’ordre du jour du pays par la droite extrême. Alors qu’un Français, avec ou sans activité, peut bénéficier des APL sans carence, tel ne sera plus le cas pour les étrangers en situation régulière, bien que cotisants. Une brutalisation sans précédent qui marque un retour à la législation du régime de Vichy.

Les étudiants étrangers sont, eux aussi, dans le collimateur. Après avoir augmenté drastiquement leurs droits d’inscriptions à l’Université en 2021, les macronistes ont surenchéri dans leurs méfaits. Main dans la main avec les députés LR, ils ont voté pour l’instauration d’une « caution retour ». Comprendre : forcer les étudiants étrangers à payer des milliers d’euros, qu’ils n’ont pas, pour s’assurer qu’ils quittent le pays après obtention de leur diplôme. Une « insulte aux lumières » a indiqué France universités, l’entité qui rassemble les dirigeants des facs et des grandes écoles. Déjà en première ligne face à l’inflation, les étudiants étrangers sont une nouvelle fois les premières cibles du pouvoir.

« L’université dans sa globalité est attaquée, le savoir devient accessible seulement à une petite partie de la population, à ceux qui ont les moyens. Une marchandisation du savoir est en marche ! », dénonce Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante. « On sait qu’ils ne vont pas s’arrêter là, explique-t-elle. À chaque fois qu’il y a des attaques contre les étudiants étrangers, dans les mois, dans les années qui viennent, ce sont tous les étudiants qui sont impactés. La bataille n’est pas terminée sur ces questions ! », confie-t-elle à l’insoumission.fr.

Au total, toutes les mesures ont un même fond commun, porté par le RN depuis sa création : organiser une vaste chasse aux immigrés. Déconstruire leurs droits d’être humain. Les priver de leur famille, d’un toit, de soins, d’études.

« Ressaisissez-vous ! » : les insoumis appellent l’ensemble des députés au sursaut pour rejeter la loi d’extrême droite sur l’immigration

Ce matin, Jean-Luc Mélenchon s’est adressé aux macronistes : « Ressaissez-vous ! Ne laissez pas le RN contaminer les lois » a-t-il écrit sur Twitter alertant sur les dangers d’un accord qui entend balayer les principes fondateurs de la République. En conférence de presse, la présidente du groupe parlementaire insoumis a, elle aussi, tiré la sonnette d’alarme, appelant solennellement l’ensemble des députés à un « sursaut républicain » : « Aucun républicain digne de ce nom ne peut voter ce texte qui s’aligne sur le programme des Le Pen. » a-t-elle déclaré.

Une solution existe : acter l’échec de la CMP et retirer la loi immigration. Lundi dernier, la représentation nationale l’a rejeté. Comment comprendre qu’un texte rejeté par les députés revienne sur le devant de la scène ? Comment tolérer un tel déni de démocratie ? Depuis des semaines, les insoumis mènent une bataille acharnée contre cette loi de brutalisation.

Tous les députés LFI étaient présents et ont voté d’une même voix le rejet du texte, adopté par l’Assemblée nationale lundi dernier. Ce jour, l’organisation insoumise a lancé une vaste opération de mobilisation citoyenne, permettant à chaque citoyen d’interpeller son député pour lui demander de rejeter cette loi abjecte. Vous pouvez accéder à ce formulaire via ce lien.

En parallèle, les insoumis ont d’ores et déjà déposé une motion de rejet de préalable pendant que des rassemblements s’organisent partout en France contre ce projet de loi raciste, et toutes les brutalisations qu’il entend installer.

Par Sylvain Noël, rédacteur en chef

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