LFI CONVENTION
Crédits : Claire Jacquin

Le tour de force de LFI à Villepinte : 9 juin à l’horizon, 2027 en ligne de mire

LFI. « On est tous prêts pour l’après Macron le 9 juin ! Plus motivés que jamais ». Samedi soir, à la sortie du Hall 5 du parc des expositions de Villepinte, difficile de croiser un visage sans le sourire aux lèvres. Plus de 3 000 insoumis se sont réunis du matin au soir pour le lancement de leur liste aux européennes du 9 juin. Un scrutin qui marquera « le premier tour de l’élection présidentielle », comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon dans un vibrant discours incitant tout un chacun à voter LFI pour la paix, de Gaza à Kiev.

Le tribun insoumis est l’un des deux derniers noms de la liste, avec Huguette Bello présidente de la Réunion, révélés ce samedi sous les tonnerres d’applaudissements de militants surdéterminés. « L’après-Macron commence dès le 9 juin » a déclaré la tête de liste de LFI, Manon Aubry, réitérant son appel aux « orphelins de la NUPES ».

Un appel déjà entendu au regard des nombreux candidats des organisations de la NUPES (EELV, Génération.s) déjà présents sur la liste de LFI car déçus de la stratégie solitaire de leurs partis. Le pari est réussi pour LFI, seule organisation à être restée fidèle au programme de la NUPES et qui commence la campagne par cette démonstration de force impressionnante.

De l’autre côté de la barricade, les ex de la NUPES sont à la peine, entre démarrage de campagne impossible ou campagne qui prend l’eau. De quoi leur faire regretter leur partition solitaire, d’autant que « Si on avait la NUPES aujourd’hui, on serait en train de talonner le RN », soulignait Jean-Luc Mélenchon hier dans l’émission Dimanche en politique. Notre article.

Tout changer le 9 juin pour « l’après Macron »

« L’après-Macron commence dès le 9 juin. Ce chemin, nous l’avons ouvert par les 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, puis par la création de la Nupes sur un programme clair de rupture », a déclaré Manon Aubry ce samedi à Villepinte devant plus de 3 000 militants insoumis sous les slogans scandés en cœur, de « Union Populaire » à « Cessez-le-feu » en passant par « Siamo Tutti Antifascisti » (« nous sommes tous des antifascistes », ndlr).

Sur les murs du palais d’exposition, les dernières affiches de campagne de LFI sont partout. Le slogan est percutant : « Tout changer ». Il est le socle et la matrice de nombreux mots d’ordre que les insoumis martèlent partout. « Tout changer contre la vie chère, pour protéger les services publics et porter la voix de la paix de Gaza à Kiev », déclarait Manon Aubry en se distinguant nettement des autres candidats lors du débat sur Public Sénat jeudi soir.

« C’est la première fois que cette élection prendra la signification particulière d’un vote de mi-mandat », « comme vous préparez votre 2024, vous aurez votre 2027 ! », a poursuivi la cheffe de file de LFI.

Tout changer en restant fidèle au programme de la NUPES

« Tout changer » en restant fidèle au programme de la NUPES, voilà la feuille de route présentée par les insoumis ce samedi. Pour rappel, EELV, le PS comme le PCF ont refusé en bloc toutes les initiatives proposées par les insoumis, lesquels avaient été jusqu’à proposer la tête de leur liste à Marie Toussaint et aux écologistes. Face à ces refus en cascade, les insoumis n’ont pas lâché l’affaire. Dimanche, Jean-Luc Mélenchon l’a annoncé : « Si nous arrivons en tête de la gauche, nous relancerons l’union ».

Le tribun insoumis qui avait déjà fait table rase des injures de ces appareils en créant la NUPES en 2022 annonce déjà la couleur. Les insoumis sont prêts à pardonner et jeter la rancune à la rivière malgré les coups bas des ex de la NUPES et de leurs « moratoires » sans fondement ni délais. « Nous incarnons, parfois bien seuls, la dernière ligne de résistance », a déclaré le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, fustigeant « l’irresponsabilité de ceux qui ont fait le choix de la division ».

Autre signe de cette union qu’incarne LFI, le nombre de candidats issus des autres formations politiques de la NUPES (EELV, PS, PCF) présents sur la liste. Déçus de la stratégie solitaire de leurs partis, ils sont nombreux à avoir fait table rase pour rejoindre LFI. « Quand on porte depuis 2 ans le programme la NUPES, la cohérence c’est de faire liste commune avec les seuls qui portent jusqu’au bout son programme », résume l’eurodéputé écologiste Damien Carême qui rejoint LFI. Camille Hachez (EELV), Arash Saedi (Génération.s) et bien d’autres ont fait le même constat.

Des nouveaux visages que les insoumis ont applaudi vivement à Villepinte. Car parmi les militants, la sécession d’EELV, du PS et PCF est une pilule dur à avaler. « Comment les électeurs pourront-ils refaire confiance au PS, au PCF ou à EELV alors qu’ils ont trahi l’engagement de la NUPES de 2022 sur lequel ils se sont fait élire ? Ils ont menti et trahi ! » souffle Zoé, militante insoumise en pleine discussion avec d’autres participants ce samedi.

Eddy, militant de Seine-et-Marne poursuit : « Le 9 juin, il faut qu’on les dépasse largement… Je ne supporte plus de les entendre quand ils parlent du danger du RN alors que s’ils étaient restés avec la NUPES, on talonnerait Bardella à l’heure qu’il est... ». Le lendemain, Jean-Luc Mélenchon l’affirmait sur la plateau de France 3 : « Ceux qui ont décidé de nous diviser ont pris une responsabilité. Donc je souhaite que les Français de gauche les punissent avec leurs bulletins de vote ».

Les visages de la liste LFI mis à l’honneur à la Convention de l’Union populaire

A Villepinte, la Convention de l’Union populaire a été l’occasion pour LFI de présenter ces nouveaux visages qui ont fait le choix de l’union populaire. Des syndicalistes comme Bérenger Cernon. Des militants associatifs et des personnalités engagées telles qu’Anthony Smith, inspecteur du travail.

Le jour de la Convention, une nouvelle de taille est tombée qui a confirmé l’ouverture de la liste, notamment sur le monde du travail. Des syndicalistes de 23 pays ont apporté leur soutien à Marina Mesure, euro-députée insoumise. Lors de la deuxième table-ronde, la députée Clémence Guetté l’a annoncé en introduisant à une salle comble Marina Mesure, également 3ᵉ de la liste de l’union populaire aux européennes. Dans une longue lettre, 23 syndicalistes ont pris leur plume « pour renouveler son mandat de députée européenne ». Ils viennent, entre autres, du Liban, du Kenya, du Brésil, du Népal, de Roumanie, de Belgique, de Tunisie, du Sri Lanka…

Autre ouverture notoire de LFI pour ces européennes, celle vers la jeunesse. Pour rappel, les 18-24 ont voté à plus de 50% pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022. Les deux co-animateurs des Jeunes insoumis et désormais candidats sur la liste de LFI Aurélien Le Coq et Emma Fourreau ont également pris la parole : ils sont respectivement 10ème et 9ème sur la liste de LFI. Ils sont suivis de Camille Hachez, ancienne secrétaire nationale des Jeunes écologistes puis de Léo Métayer, coordinateur des Jeunes Génération.s du Maine-et-Loire, également candidats.

« À tous les militants de gauche qui veulent gagner, il est temps de faire un choix, entre continuer de faire vivre des appareils politiques poussiéreux ou le choix de mettre toute notre énergie dans la seule stratégie qui peut nous permettre de gagner », a insisté Camille Hachez, justifiant ainsi son ralliement à la liste de l’union populaire pour gagner sur un programme de rupture.

De son côté, Léo Métayer (Génération.s) développe ce que les insoumis comptent porter pour faire face à la précarité de la jeunesse. « Nous pouvons porter en France et en Europe un projet politique clair et ambitieux pour notre jeunesse, dans lequel elle a toute sa place. Ce programme, c’est celui de l’union populaire ! », a-t-il ainsi conclu sa prise de parole.

Eurodéputé, membre de EELV et ancien maire de Grande-Synthe, Damien Carême est aussi candidat sur la liste de LFI. Depuis longtemps, il se bat pour un accueil digne des exilés. Sous les applaudissements de la salle, Damien Carême conclut sa prise de parole par une anaphore : « Ce ne sont pas les migrants qui sont responsables de la faillite de l’Hôpital public en France. Ce ne sont pas les migrants qui sont responsables de l’état lamentable dans lequel se trouve l’Éducation nationale. Ce ne sont pas les migrants qui sont la cause de l’inflation, du réchauffement climatique. Arrêtons de s’en servir comme des boucs émissaires […] Regardons les vraies responsabilités ! ».

À noter également, la présence d’Aurélien Taché, député EELV et aujourd’hui suspendu de son parti pour avoir apporté son soutien à liste de LFI. L’ex député écologiste a dénoncé « l’entre-soi » de son ancien parti, lequel a refusé les initiatives multiples des insoumis pour faire liste commune, ces derniers ayant été jusqu’à proposer à Marie Toussaint d’être tête de liste.

Pourquoi soutenir la liste de l’union populaire ? Parce que « la liste LFI est la seule vraiment fidèle au programme de la NUPES », avait souligné Aurélien Taché dans son interview. Un attachement à la NUPES sur lequel il a ré-insisté devant plus de 3 000 insoumis. « Celui qui n’accepte pas la rupture, celui-là ne veut pas vraiment l’union populaire, et c’est ce que nous voulons, cher Jean-Luc Mélenchon ! »

De Gaza à Kiev, LFI se positionne à la pointe du combat de la paix

La liste compte aussi des militants de la paix à Gaza, largement mis en avant comme Rima Hassan dont le parcours est impressionnant. Présidente de l’Observatoire des camps de réfugiés, elle a été près de 8 ans juriste spécialisée en droit d’asile. Depuis son arrivée sur la liste LFI, des commentateurs politico-médiatique tentent de la calomnier, en vain, et multiplient les injures à caractère sexiste et raciste.

Comme les insoumis, Rima Hassan est ciblée pour être à la pointe du combat pour la paix. Elle dénonce le génocide à Gaza depuis le premier jour et parle la langue du droit international, sa « seule boussole ». Son arrivée sur la liste a été acclamée par l’ensemble des insoumis qui ont dit leur « immense fierté » de la compter parmi eux.

L’après-midi, la porte-voix de la paix en Palestine a introduit la table ronde intitulée « L’Union populaire pour un monde en paix ». À cette occasion, elle a demandé une minute de silence aux plus de 3 000 militants insoumis réunis. Un grand moment solennel pour rendre hommage aux plus de 30 000 victimes Palestiniennes victimes du génocide à Gaza. Un moment très fort, suivi de longs applaudissements. « L’Europe doit être mise face à ses responsabilités. Elle doit mettre fin à l’accord d’association avec Israël qui ne respecte pas les droits humains », a insisté la désormais candidat insoumise aux élections européennes.

Du matin au soir, les insoumis ont placé haut leur exigence de paix, à Gaza comme à Kiev. A la pointe sur ce combat pour faire taire les canons, les insoumis entendent bien continuer à multiplier les manifestations pour que cesse les massacres à Gaza, et que la paix soit négociée en Ukraine.

Pour aller plus loin : Rima Hassan rejoint la liste LFI pour porter la voix de la paix en Palestine

Jean-Luc Mélenchon et Huguette Bello sur la liste

« J’en ai des frissons, je ressens la même chose que lors de la campagne présidentielle de 2022, c’est super enthousiasmant » déclare Alice quelques instants après l’annonce surprise qui vient de tomber samedi après-midi. Après plusieurs jours, le suspens prend fin. Jean-Luc Mélenchon et Huguette Bello sont les deux derniers candidats de la liste LFI pour l’élection du 9 juin.

« La Réunion avance avec l’Union populaire sur la route de l’égalité et de l’émancipation. Nous sommes le chemin ! Nous sommes la vie ! Nous sommes la vérité ! », a déclaré Huguette Bello sous un tonnerre d’applaudissements et une salle pleine à craquer se levant pour agiter les nombreux drapeaux de LFI.

Huguette Bello (lire son portrait sur notre site), présidente de la Réunion et très grande oratrice, sera à ne pas en douter un atout de point pour les insoumis durant la campagne des élections européennes. Combattante infatigable des discriminations et des violences faites aux femmes réunionnaises, Huguette Bello est une figure féministe historique.

En juillet 2021, elle réalise la prouesse de ravir la région de la Réunion à la droite. Elle apporte son soutien à Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2022. Ayant à cœur de parler du génocide en cours à Gaza, la présidente de La Réunion s’exprime en ces termes : « Nous nous sommes battus contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud et nous nous battons aujourd’hui pour que le peuple palestinien soit libéré du joug colonial ! ».

Pour aller plus loin : Jean-Luc Mélenchon et Huguette Bello sur la liste LFI pour les européennes

9 juin, les appels vibrants de Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry pour tout changer

Vers 16 heures, vient le moment tant attendu par les plus de 3 000 militants insoumis et les milliers d’autres suivant à distance la retranscription du direct.

Jean-Luc Mélenchon prend la parole en revenant aux racines de la France insoumise, la théorie de l’Ere du peuple. « Nous ne sommes pas là pour témoigner, nous sommes là avec l’intention honnête, ouverte démocratique de gagner par la voix des urnes. Telle est notre révolution citoyenne », déclare le tribun insoumis en poursuivant « le droit de vote magnifie ce que nous sommes, l’idée que nous nous faisons de la cité libre, du cœur libre de la conscience, libre dans l’égalité, dans la liberté, dans la fraternité ».

Ce droit de vote est un « pouvoir que craignent tous les puissants du fait même de la force qu’ils donnent aux plus humbles d’entre nous ». C’est ce pouvoir que les insoumis entendent donner à tout un chacun par leur vaste campagne d’inscription sur les listes électorales. Leurs affiches ont fait parlé et ont visé juste. La France compte 12 millions de personnes non ou mal inscrites sur les listes électorales. Cette donnée, les insoumis en ont fait un sujet de campagne à part entière. « Si vous voulez faire perdre le refus de la guerre ou la défense de la cause palestinienne, restez à la maison. Si non, le 9 juin, votez insoumis ! », Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon a décrit les différents enjeux de cette élection particulière. Tout d’abord le vote pour la paix. En cela, la position de LFI est en parfaite cohérence avec l’appel au cessez-le-feu lancée par le tribun insoumis dès le premier jour du conflit, près d’un mois mois avant qu’Emmanuel Macron et les autres responsables politiques se décident enfin à prendre conscience des massacres de masse à Gaza.

Ces derniers mois, les insoumis ont prouvé à de multiples reprises qu’ils représentaient le « camp de la paix ». Sans relâche, discours après discours, vote par vote, ils plaident pour le cessez-le-feu à Gaza. Contre Emmanuel Macron qui semble prendre un plaisir pervers à jouer à l’escalade verbale et militaire avec une autre puissance nucléaire, la France insoumise martèle l’urgence et d’ouvrir d’une conférence des frontières en Europe pour cesse l’hécatombe en Ukraine. Avec constance, qu’importent les aboiements d’une caste d’éditorialiste biberonnée à la logique du choc des civilisations.

Le leader insoumis l’a souligné, cette élection « prendra une signification particulière d’un vote de mi-mandat, d’une présidence interminable qui va chaotique, d’une pagaille à l’autre, d’une destruction à l’autre, d’une menace à l’autre, c’est la première fois que votre bulletin de vote fera de vous le bras prolongé qui a commencé à la poitrine de Jean-Jaurès ». Le dilemme est posé : « Si vous ne voulez pas de la guerre, votez insoumis. »

Préparer en 2024 l’élection présidentielle de 2027 : le projet de LFI pour gagner

« Vous devez, par la, campagne que nous menons, nous hisser devant tout le monde pour être en état de combattre et de préparer, en 2024, l’élection de 2027, c’est à dire la déroute de tous nos adversaires et la victoire du programme que nous avons porté ensemble ». Ce samedi, Jean-Luc Mélenchon a donné le ton de cette élection : le 9 juin sera la première étape sur la route vers l’élection de 2027. L’objectif est clair : gagner. « Nous devons hisser notre campagne devant tout le monde. Nous devons préparer la déroute de nos adversaires et la victoire du programme que nous avons porté ensemble ».

La présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen achève le spectacle par un vibrant appel à la mobilisation générale citoyenne : « Le 9 juin, dites à Macron, Bardella, que leurs petits arrangements, leurs magouilles contre votre avenir, vous les refusez, faites vous entendre, faite vous respecter, donnez nous de la force, donnez nous la force de tout changer »

Par le comité de rédaction