Marine Le Pen
Marine LE PEN Assemblée nationale, 8 octobre 2019.

Violences contre les élus : Marine Le Pen incite ses troupes à passer à l’acte

Marine Le Pen prise en flagrant délit d’appel à la violence sur Twitter. « Pourquoi les responsables politiques d’extrême-gauche ne sont jamais chahutés, agressés, bousculés ? Leurs meetings jamais perturbés, leurs permanences jamais dégradées ? », a écrit Marine Le Pen ce jour sur Twitter.

Elle souhaitait défendre sa nièce Marion Maréchal Le Pen, tête de liste du parti d’Éric Zemmour aux élections européennes, qui a reçu, de la bière sur la tête au Salon de l’Agriculture. Celle-là même qui déclarait que « la menace d’extrême droite n’existe pas » le 17 décembre 2023, alors que près de 12 projets d’attentats d’extrême droite ont été déjoués depuis 2017 et que 1300 amis du RN et Reconquête sont fichés S. Telle tante, telle nièce.

Quand on veut défendre quelqu’un, il est préférable d’avoir des arguments qui tiennent la route. L’affirmation de Marine Le Pen est un appel à la violence, littéralement. Les violences de ses amis sont constantes. Pas une semaine ne passe sans qu’un militant insoumis soit physiquement attaqué. « Permanences murées, domiciles incendiés, harcèlement téléphonique, agressions physiques dans la rue contre les députés et militants insoumis par l’extrême droite ce n’est pas assez ? Deux tentatives d’assassinat par des militants d’extrême droite contre moi ont été déjouées. C’est dommage ? Les appels à la violence de Le Pen sont odieux », a cinglé Jean-Luc Mélenchon, en réponse à la cheffe de file de l’extrême droite. Quelques rappels s’imposent. Notre article.

Deux tentatives d’assassinat contre Jean-Luc Mélenchon

À deux reprises, Jean-Luc Mélenchon été victime de tentatives d’assassinat. Une information qu’a évidemment en tête Marine Le Pen mais qui ne l’empêche pas, bien au contraire, de lancer de nouveaux appels directs aux violences.

La première fois en 2017, par des membres du groupuscule d’extrême droite OAS, pour laquelle il était question de le tuer au lance-flamme. Le principal suspect a été condamné à 9 ans de prison.

La deuxième fois en 2018, lorsque des néo-nazis ont projeté de l’assassiner, dans le cadre d’un projet nommé « Waffenkraft » (puissance de feu en allemand, ndlr). Le leader de ce groupe « se voyait comme en concurrence avec les jihadistes et voulait faire mieux qu’eux. Pour lui, le Bataclan n’avait pas un ratio terroristes-morts assez important. Il voulait faire pire », témoignait l’un de ses comparses. Cette tentative d’assassinat a donné lieu au premier procès pour terrorisme d’extrême droite aux assises en France. L’insoumission.fr avait couvert ce procès en juin 2023. En bref, la déclaration de Marine Le Pen est au mieux, un déni absolu, au pire un mensonge éhonté.

Élus comme militants, tous les insoumis sont la cible de l’extrême droite et le subissent dans leur chair, par des agressions physiques et des tentatives de meurtres. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 2023, le militant insoumis Willy Malaroda a vu sa maison être ravagée par les flammes. « C’est un miracle que j’ai ai été réveillé pour fuir la maison », avait-il déclaré. Un signal d’alerte, comme tant d’autres. En juin 2023, des militants LFI de Rennes avaient été agressés par des hommes cagoulés munis de battes de baseball.

Pour aller plus loin : Procès « WaffenKraft » – « Tout était réuni pour concourir à un acte terroriste » : face au groupe néonazi, un réquisitoire implacable

René Révol, maire de Grabels : quand un maire insoumis est agressé par l’extrême droite

Un maire insoumis a été agressé par des nazillons. Souvenez-vous, c’était en septembre 2023. Sur le chemin du retour pour regagner son domicile, deux individus ont pris à partie René Révol, maire LFI de Grabels (Hérault). Ils l’ont bloqué violemment contre un mur en lui tenant les bras dans le dos. Ils l’ont alors invectivé et menacé violemment : « Ami des Arabes, tu ne perds rien pour attendre », lui ont-ils assené. Sous le choc, René Révol a tenté de leur parler et leur a demandé s’ils le connaissent comme élu. « T’inquiètes, on sait ce qu’on fait », ont répondu ses assaillants.

Pour aller plus loin : « Ami des Arabes, tu ne perds rien pour attendre ! » : le maire LFI René Révol agressé par l’extrême droite

René Révol s’en est sorti sans blessure physique, fort heureusement, mais est resté profondément « choqué et indigné », comme il l’avait confié à L’insoumission.fr. Des menaces, le maire insoumis en reçoit tous les jours. « C’est quotidien, je reçois tous les jours en mairie des insultes profondément racistes ». « Des agents de la mairie ont aussi reçu des coups de fil de menaces », expliquait également René Révol. Durant tout l’été 2023, René Révol n’a pas arrêté de recevoir un raz de marée de menaces de mort. Le 30 septembre, les militants insoumis avaient organisé un large rassemblement afin de lui afficher leur soutien plein et entier. Alors Marine Le Pen, jamais d’agressions, vraiment ?

Permanences de députés ou locaux de partis attaqués : ces dégradations que Marine Le Pen refuse de voir et encourage

Pourquoi « leurs meetings [ne sont] jamais perturbés, leurs permanences jamais dégradées ? », s’interroge Marine Le Pen. Un tel déni, doublé d’un appel direct aux violences, est impressionnant. Revenons aux faits. Les attaques de permanences parlementaires insoumises ne défraient pas la chronique mais elles existent pourtant bel et bien.

En mars et juin 2023, le député insoumis de Gironde Loïc Prud’homme a vu sa permanence dégradée par deux fois par des tags. « Nation Révoltée », « Vos migrants, nos morts », « L’Affrance insoumise, crise mondiale, solution nationale », pouvait-on lire tagué sur les murs. De même à Belfort, en juillet 2023, où la permanence du député LFI Florian Chauche a été dégradée, tout comme celle de la députée LFI des Hautes-Pyrénées, Sylvie Ferrer, en novembre 2023.

Marine Le Pen va-t-elle vraiment nous faire croire qu’elle a oublié ce qu’il s’est passé à Bordeaux en décembre 2022 ? Les députés LFI Carlos Martens Bilongo et Louis Boyard ont été la cible de milices fascistes. Ils donnaient une conférence au sein de l’université de la ville. Une trentaine d’individus armés de matraques télescopiques ont tenté de s’introduire dans l’amphithéâtre afin d’agresser les deux députés et le public. Une attaque repoussée par des membres du service d’ordre.

Pour aller plus loin : À Bordeaux, 30 militants d’extrême droite armés tentent d’attaquer 2 députés LFI

L’extrême droite menace physiquement, peut s’en prendre physiquement à chacun d’entre nous, en particulier ceux qui la combattent, comme les militants insoumis. Dans notre pays, l’atmosphère est brune. L’extrême droite est un danger pour notre pays et Marine Le Pen n’est que la face émergée de l’iceberg.

Par Nadim Février