LFI vote Saint-Cricq

Saint-Cricq, Ciotti et Bolloré votent, et vous ? LFI incite les gens à voter, la classe politico-médiatique s’insurge

Nathalie Saint-Cricq, Vincent Bolloré ou encore Pascal Praud votent, et vous ? LFI continue de décliner sa campagne « On s’inscrit, on vote insoumis ! » à l’approche des élections européennes. Au début du mois de février, elle commença par trois slogans : « les riches/les racistes/les golfeurs, et vous ? ». La campagne fait parler mais le Gouvernement n’a toujours prévu aucune campagne d’information civique alors que la date limite d’inscription est fixée au 3 mai, et les élections prévues le 9 juin prochain.

Visiblement, les insoumis ont touché juste. L’insertion d’images de journalistes et grands propriétaires de chaînes tels que Vincent Bolloré, entre autres, sur leurs visuels, a fait réagir la classe politico-médiatique. Le message de LFI est le même : « ils votent, et vous ? Resterez-vous chez le 9 juin, jour des prochaines élections européennes ? » Une opération d’information civique qu’Eric Ciotti juge « insupportable ».

Dans la même veine, ce matin, la directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, a annoncé que son groupe saisissait la justice. Mais sur quelles bases ? L’objectif d’inciter les Français à s’inscrire sur les listes électorales en affirmant que les journalistes votent est-il devenu un délit pénal en France ?

Une chose est sûre, la campagne des insoumis comble un vide béant, celle de l’absence d’information civique pour une échéance qui arrive à grand pas. Et elle fonctionne. Moins d’un mois après leur lancement de la campagne « On s’inscrit, on vote insoumis ! », plus de 11 500 personnes ont vérifié leur situation électorale. Comme souvent avec le mouvement insoumis, les chiens aboient, la caravane passe. Retour sur un emballement médiatico-politique, qui traduit une peur toute particulière de certains : que le peuple vote. Notre article.

« On s’inscrit, on vote insoumis ! » : comment réussir une campagne de communication

Début février, LFI lance une large campagne de communication. L’objectif ? Faire inscrire le plus de Français possible sur les listes électorales en vue des prochaines élections européennes, le 9 juin et alors que la date limite d’inscription est fixée au 3 mai. Les visuels de communication sont dévoilés au fur et à mesure.

Le slogan est accrocheur et va sûrement faire parler : « Les riches, les racistes et les golfeurs votent, et vous ? ». Sans surprise, la campagne fonctionne. Les affiches, déclinées en trois versions, sont envoyées partout dans le pays. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, est interrogé à ce sujet sur Europe 1 par Sonia Mabrouk le 12 février 2024. « Je suis très content que vous m’en parliez », a-t-il d’emblée expliqué.

Le principe de cette campagne ? « L’humour », résumé-t-il. « Il y a une part de provocation qui vise à ce que les gens s’inscrivent sur les listes électorales. L’état d’esprit, c’est un objectif civique qui devrait être partagé par tout le monde », a déclaré le député des Bouches-du-Rhône.

La confrontation organisée par de nombreux médias entre les insoumis et la fédération française de golf n’aura d’ailleurs pas fonctionné. « Je n’ai pas l’intention de stigmatiser l’ensemble des golfeurs, même si je suis prêt à discuter avec la Fédération de golf sur l’impact climatique et écologique de cette pratique sportive. […] Je n’ai pas l’intention de dire que l’ensemble des golfeurs sont des racistes. Certainement pas. », avait expliqué Manuel Bompard.

Quand une campagne fonctionne, le mieux à faire est de la décliner sous d’autres formats. LFI a commencé à insérer sur ses affiches et ses tracts des noms et des photos de personnalités bien connues du monde médiatico-politique : Vincent Bolloré, Pascal Praud, Nathalie Saint-Cricq, Christophe Barbier, Éric Ciotti…

Pourquoi ces personnes en particulier ? Déjà, leurs visages sont connus des Français. Vincent Bolloré (lire son portrait) est un assisté d’en haut, qui se gave sur le dos du peuple avec un magot de 9 milliards de dollards en 2023. D’extrême droite, il propage sa haine sur sa chaine CNEWS, qui lui a permis de lancer son poulain, Éric Zemmour, dans la campagne présidentielle de 2022. Sur CNEWS, officie, entre autres, Pascal Praud (lire son portait), présentateur passe-plat de l’extrême droite. Éric Ciotti, député LR, a quitté le terrain de la droite républicaine depuis longtemps pour embrasser les thèses de l’extrême droite, jusqu’au ridicule.

Enfin, Nathalie Saint-Cricq (ou Christophe Barbier), éditorialiste bien connue des Français, est simplement la quintessence de l’éditorialisme de plateaux, faisant le SAV du camp présidentiel et dédiabolisant l’extrême droite. La mise en cause n’est pas personnelle. Son nom est mis en avant car elle représente toutes les tares du système médiatique. Pour preuve, elle est régulièrement pointée du doigt par spécialistes de la critique des médias, comme ACRIMED. Cela signifie t-il la future poursuite d’Acrimed ? Plus largement, l’idée est de rappeler que, le jour de l’élection, une voix vaut une voix. La voix d’un citoyen ou d’une citoyenne autant que celle de Vincent Bolloré ou de Pascal Praud.

L’effet Streisand, cela vous dit quelque chose ? Phénomène médiatique involontaire, il se produit lorsqu’en voulant empêcher/en critiquant la divulgation d’une information que certains aimeraient cacher, le résultat inverse survient : avoir que le fait en question devient notoire. Voilà exactement ce qu’il s’est passé. Se sentant obligé de réagir à la campagne de LFI, Éric Ciotti a dégainé son téléphone pour afficher son soutien à Nathalie Saint-Cricq et à Pascal Praud. « Ces messages de la France insoumise contre des journalistes sont insupportables », écrit-il sur Twitter. Caramba, encore raté. Ce faisant, le président de LR a offert à la campagne de LFI une large publicité.

LFI incite les gens à s’inscrire sur les listes électorales, la classe médiatico-politique crie au loup : où est le problème ?

Où est le problème ? Voilà la question, le point névralgique, la clé de voûte de cet article. Un mouvement politique réalise une campagne officielle, faites de tracts, d’affiches et d’autocollants, organise sa communication numérique autour de celle-ci. Son objectif, des plus louables : faire en sorte que le peuple s’inscrive sur les listes électorales. Où est le problème ?

Les affiches de la campagne insoumise sont banalement factuellement : « X vote, Y vote, et vous ? ». Pour que la campagne fasse parler, des noms de personnalités connues du grand public sont utilisés. Leur nom, leur prénom et une photo. Où est le problème ? Voilà la question à poser à Delphine Ernotte Cunci, présidente du groupe France Télévisions. « Les attaques politiques contre les journalistes qui exercent librement leur métier sont inacceptables. Nous ne pouvons pas laisser passer : France Télévisions saisit la justice », a-t-elle déclaré sur Twitter ce 29 février. On attend avec impatience de voir sur quelle base juridique cette plainte va s’appuyer.

De quelle attaque parle-t-elle ? Comment peut-elle dire qu’une telle affiche constitue une attaque, alors qu’elle donne à voir une banale vérité ? Il n’y a pas d’attaques ad personam, de menaces personnelles ou injures dans cette campagne. Où Delphine Ernotte Cunci les voit-elle ? Nulle part, car il n’y en a pas. Nous reposons la question : où est le problème ? Plusieurs personnalités embrayent d’ailleurs pour afficher leur soutien. Et contre l’abstention, que font-ils ? Le voilà, le véritable à ce sujet. Un sujet que LFI prend à bras le corps sur le terrain également.

Inscriptions sur les listes électorales : LFI remplit la mission que le camp présidentiel ne veut pas se donner la peine d’accomplir

Pourquoi LFI a décidé de lancer cette campagne d’inscription sur les listes électorales ? Tout simplement parce que le camp présidentiel n’a rien préparé. La prochaine échéance électorale, à savoir les élections européennes du 9 juin, est dans moins de 4 mois. Pas de campagne officielle, pas d’affiches, pas de déclaration gouvernementale à ce sujet, rien de tout cela. À ce titre, Manuel Bompard, a exigé de Gérald Darmanin qu’il mette en œuvre une « action d’envergure de l’État pour permettre au maximum de nos compatriotes de participer aux élections à venir ».

Pour aller plus loin : « On s’inscrit, on vote insoumis » – LFI se mobilise en vue des élections européennes

Une action d’envergure a été menée par des centaines de militants insoumis dans tout le pays le week-end du 23-24 février 2024. Un très bon accueil leur a été réservé. « La date limite pour s’inscrire est fixée au 3 mai et le Gouvernement n’a toujours rien fait ! Pas de campagne officielle d’inscription, vous vous rendez compte ? Alors, nous, on s’y met ! », a expliqué Louise, militante insoumise à Douai. Le pari est réussi. Les affiches font parler et le slogan, « Les riches, les racistes et les golfeurs votent, et vous ? », fait mouche. Il « très efficace » pour ensuite parvenir à « dégager Macron et battre Bardella », cingle un militant insoumis.

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Préparation à un porte à porte à Aulnay-sous-Bois

Dans une démocratie saine, ce n’est pas à un mouvement politique de mener une telle campagne. Le pouvoir en place, garant de la vie démocratique du pays, est censé mener une large campagne de la sorte pour inscrire un maximum de Français sur les listes électorales. Ce, grâce aux larges moyens dont dispose l’État.

15% des électeurs du pays, soit 7,5 millions de personnes, étaient inscrits sur une liste qui ne correspondait pas à leur lieu de résidence au moment de l’élection présidentielle de 2022. La moitié des 25-29 ans faisaient partie de cette catégorie. De même, environ 5 millions de Français, en âge de voter, n’étaient pas inscrits sur une liste électorale. La macronie ne peut pas ignorer ces données.

Sûrement est-ce un acte délibéré de la part du camp présidentiel que de ne pas mener une telle campagne avec les moyens de l’État. Celui-ci est conscient que, plus la participation augmente, plus il a de chances d’avoir un faible score aux élections européennes ; pour les insoumis, cela fonctionne dans l’autre sens.

Au fond, voilà certainement la peur qui transparaît de la classe politico-médiatique, lorsqu’elle vilipende la campagne d’inscriptions sur les listes électorales des insoumis : la peur que le peuple vote dans une élection où la participation est souvent faible (49,88% d’abstention en 2019). La date limite pour s’inscrire est fixée au 3 mai 2024 (vérifier sa situation électorale ici). Qu’on se le dise.

Par Nadim Février

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