ISF vert : les ultra-riches payent 2% d’impôts et non « 75% » comme l’affirme Bruno Le Maire

Impôts. Face à l’urgence climatique absolue, l’ex-chef du programme économique d’Emmanuel Macron, Jean Pisani-Ferry, préconise l’instauration d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Taxer les profiteurs de crise pour financer la révolution écologique, l’idée n’est pas nouvelle, mais elle a le mérite de venir du camp présidentiel. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est même montré ouvert à l’idée. Avant d’être immédiatement recadré par Gabriel Attal et Bruno Le Maire. Invité de France Inter ce mercredi, le ministre de l’Économie a tenté de justifier l’injustifiable : le refus d’un rétablissement de l’ISF face à l’urgence écologique.

Voici l’argument avancé par Bruno Le Maire : « L’ISF vert toucherait 10 % des contribuables, ces 10 % qui payent déjà 75 % de l’impôt sur le revenu, donc je dis : ‘non‘ ». Le plus vieil argument de la droite : les riches payeraient trop d’impôts, la France serait la championne du monde des taxes. Les désintox économiques de l’insoumission.fr démontrent l’inverse : les ultra-riches payent 2% d’impôts (source : Gabriel Zucman), le CAC 40 paye en moyenne 4,5 d’impôts (source : l’Obs), la France n’est pas un enfer, mais un paradis fiscal. Entre 2009 et 2022, le patrimoine des milliardaires a bondi de 439 % dans notre pays, faisant de la France la championne du monde des milliardaires.

Bruno Le Maire tente un grossier tour de passe-passe : parler des 10% des contribuables qui payent « 75% de l’impôt sur le revenu ». Mais l’impôt sur le revenu ne représente qu’une partie de l’impôt payé par les Français (moins de 25% du budget général). Il est dérisoire par rapport à la TVA par exemple. Et il est concentré sur les plus riches, car les revenus sont concentrés tout en haut, il faut déjà être dans les 47% les plus riches pour payer 1 euro d’impôt sur le revenu. Tous prélèvements confondus, ce sont les riches qui contribuent le moins : à peine 50 % de leur revenu pour les 10 % les plus riches, contre presque les 70 % chez les 10 % les plus pauvres (source : INSEE). De plus, parmi ces 10% les plus riches, l’ISF serait progressif : très faible pour les premiers assujettis, l’effort serait surtout porté sur les très riches. Pour rétablir, enfin, un peu de justice fiscale, dans un pays où les petits payent gros, et les gros payent (tout) petit.

Selon une étude explosive à paraître de l’Institut des Politiques Publiques (IPP), l’École d’Économie de Paris, en collaboration avec l’administration fiscale à Bercy, le taux effectif d’imposition du revenu économique est de 50% pour la moyenne des Français. Pour les 370 foyers les plus riches, il est de 2%, voire même de 0,26% pour le top 37. L’étude est basée sur des données de l’administration fiscale. Elle confirme les chiffres de Gabriel Zucman et notre article Désintox : les ultra-riches payent 2% d’impôts, les classes populaires et intermédiaires 50%. Bruno Le Maire ne sait pas compter. Embêtant pour un ministre de l’Économie. Dramatique quand on connaît l’urgence écologique. Rien ne justifie de refuser un ISF vert. À part continuer à protéger des super-profits dans un monde qui brûle. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas les Gilets Jaunes qui réclament le rétablissement de l’ISF, mais Jean Pisani-Ferry. L’urgence est absolue.

Désintox : les ultra-riches payent 2% d’impôts, les classes populaires et intermédiaires 50%

« Les riches vont se barrer », « La France championne des taxes », « les riches créent des emplois », « les milliardaires se sont fait tout seul », « les privilégiés », « la réindustrialisation », « pas d’argent magique », « trop d’impôts »… L’insoumission.fr lance une nouvelle série : « Désintox économique ». L’objectif : apporter des outils à nos lecteurs pour participer à la bataille culturelle contre la propagande économique véhiculée tous les jours par les médias traditionnels. Notre but : vulgariser les débats économiques pour les rendre accessibles au plus grand nombre. L’adversaire : les milliardaires qui détruisent la planète et les humains, et qui possèdent les médias dominants. Nos alliés dans la bataille : les économistes de notre camp et vous, nos lectrices et lecteurs.