McKinsey

McKinsey : quand Macron ne connait pas les compétences de l’État

Interrogé sur le scandale McKinsey, Emmanuel Macron a pu témoigner en direct de sa méconnaissance de l’appareil d’État. Dans une argumentation bancale, le président candidat a affirmé que l’État n’avait pas les compétences pour… « s’adapter à la cybersécurité » ou pour « faire des prestations informatiques ». Affirmation pour le moins surprenante, quand on connait l’existence d’une administration dédiée à ces fonctions : l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI). Nouveau témoignage de la vision néolibérale de l’État par la macronie : un État au service du capital contre le travail, au service du privé contre le public. Notre article.

« Ce n’est pas dans les compétences de l’État » : Macron et l’État, entre mépris et méconnaissance

« Quand vous devez faire des prestations informatiques, vous adaptez à la cybersécurité, ce n’est pas dans les compétences de l’État« , a affirmé en direct Emmanuel Macron, très sûr de lui. Pas de chance, il existe en France depuis 2009 l’ANSSI, attachée au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, dont ce sont exactement les missions. Ce n’est pas un oubli de sa part. Cela traduit plus largement sa vision néolibérale de l’État mis au service du capital contre le travail, au service du privé contre le public, l’exemple de l’usage des cabinets de privés constituant l’idéal type de cette vision macroniste d’un État privatisé.

Suivant cette vision, l’exercice du pouvoir macroniste préfère faire appel au privé, dépenser des milliards auprès des cabinets de conseils, qu’exploiter les ressources intellectuelles disponibles au sein de l’appareil d’État et de ses différentes institutions. Tout pour le privé, toujours moins pour le public. L’austérité dans nos services publics au service de la privatisation en marche. Résultat : l’État a les mêmes missions, mais a moins d’argent pour les mener à bien, et a donc besoin d’externaliser ses missions grâce à des cabinets privés, qui continuent à prodiguer les mêmes conseils, vendus toujours aussi chers, et parfois même fraudent le fisc. Ainsi, le contribuable « se fait plumer 3 fois.« 

McKinsey : un incendie qui ne s’éteint pas

Ils essaient d’éteindre l’incendie McKinsey, mais ils n’y arrivent pas. Le gouvernement pensait que le scandale allait retomber plus vite qu’il n’avait commencé, mais il n’en est rien. L’argument d’Emmanuel Macron pour défendre les cabinets de conseil, comme McKinsey, parce qu’ils ont des compétences informatiques, est aussi bancal que la défense du gouvernement face à cette affaire. Privé ou public ? L’exécutif a choisi sa voie depuis longtemps. « De Véran à Macron en passant par le nuisible Kohler et le grotesque Attal, tous ces esprits d’État ne parient plus un kopeck sur l’État, et ont choisi leur camp« , a écrit Frédéric Lordon dans son dernier publié pour Le Monde diplomatique « Leur société et la nôtre ».

Plus de 2,4 milliards d’euros d’argent public ont été versés aux cabinets de conseil en 4 ans, dont 1 milliard en 2021. Un cabinet de conseil a été payé 4 millions d’euros… pour conseiller au gouvernement de baisser les APL de 5 euros. Alors que McKinsey est accusé de fraude fiscale, on apprend que le lancement de son contrôle fiscal par l’administration de Bercy a commencé en décembre. Ce, alors que la commission d’enquête du Sénat, qui a révélé l’ampleur du « phénomène tentaculaire » des cabinets de conseil dans l’État, a commencé ses travaux en novembre. Difficile pour l’exécutif de se défendre face à ce scandale. Jean-Luc Mélenchon a, de son côté, une ligne très claire : « Dehors les cabinets de conseils !«