« Je ne serai pas une candidate de plus ». Cette phrase poursuit Christiane Taubira. Le 16 septembre 2021, l’ancienne ministre de François Hollande avait en effet affirmé ne pas vouloir « contribuer à l’éparpillement ». Quatre mois plus tard, la voilà dans la course. Et ce, alors même que les sondages la placent loin derrière Jean-Luc Mélenchon, seul candidat à gauche en position de se qualifier au second tour. Pourquoi cette candidature de plus ? Une question à laquelle refuse de répondre Christiane Taubira, menaçant même de quitter le plateau ce 31 janvier face à Marc Fauvelle sur France Info. L’objectif affiché par la « Primaire populaire » était pourtant l’« union de la gauche », à rebours de son résultat : une candidature de plus. Une question qui fâche. Notre article.
Christiane Taubira et la candidature de plus
« Aujourd’hui dans les faits, vous êtes une candidate de plus à gauche ». Ce constat, simple, est dressé par le journaliste Marc Fauvelle face à Christiane Taubira sur le plateau de France Info ce lundi 31 janvier 2022. Une question qui semble agacer profondément l’ancienne ministre de François Hollande.
Le journaliste repose sa question, simple, basique : « êtes-vous une candidate de plus ? ». La réponse de Christiane Taubira est un gloubi-boulga olympique : « soit vos questions sont en fait une impérieuse affirmation, soit vos questions ne me permettent pas de répondre ». Vous avez compris quelque chose ? Marc Fauvelle repose sa question à l’ancienne garde des Sceaux.
Une réponse claire ? « Non, je suis une candidate de plus pour ceux qui ne considèrent pas le processus démocratique de la Primaire populaire ». Le journaliste de lui faire remarquer qu’aucun autre candidat de gauche à part elle n’avait appeler à y participer. Christiane Taubira, passablement agacée, répond : « vous comptez faire toute l’émission sur ce que pensent mes concurrents ? ». C’en est trop pour Marc Fauvelle : « c’est le principe d’une interview, apporter du contradictoire. Si vous voulez parler pendant 20 minutes allez-y, je peux quitter le plateau aussi ».
« Je ne peux pas m’aligner comme 7ème ou 8ème candidate de la gauche » : Taubira le 16 septembre 2021
Pour rappel il y a 4 mois, le 16 septembre 2021, Christiane Taubira affirmait au micro de France Inter « je ne serai pas une candidate de plus ». Elle ajoutait : « je ne veux pas contribuer à l’éparpillement, je veux éviter la dispersion, faire l’effort, peut-être surhumain, de voir comment nous faisons converger nos forces (…) L’enjeu est colossal, la gauche ne peut pas se permettre de perdre cette élection, je ne peux pas justement, gentiment, m’aligner en tant que septième ou huitième candidate de la gauche ».
La voilà candidate ce 31 janvier 2022. Alors même que l’objectif affiché de la « Primaire populaire » était « l’union de la gauche ». Son résultat ? Ajouter une candidate de plus. Il y a de quoi rager chez ses partisans sincères, ceux qui rêvaient d’une union pour remporter cette élection face à l’urgence écologique et sociale qui fracasse le pays. Que ces déçus se rassurent : loin des discours défaitistes et désespérants, la gauche a toute ses chances de se qualifier au second tour dans une élection présidentielle particulièrement ouverte.
Après l’échec de la « Primaire populaire », l’Union populaire aux portes du 2nd tour
Il y a d’un côté la machine à désespérer, qui martèle que sans union des appareils politiciens, la victoire serait impossible, dont les dirigeants reconnaissent eux-mêmes que leur objectif n’est pas de gagner la présidentielle (le PC et le PS), des candidatures de témoignages, ceux qui se lancent dans la course à 70 jours du scrutin sans programme, dont le dernier programme ressemblait drôlement à du macron (la baisse de l’imposition des plus riches, la retraite par capitalisation, la défense d’un régime présidentiel fort… le programme présidentiel de Taubira en 2002), la machine à dégoûter. Le pôle sociale-démocrate, celui qui a gouverné pendant le quinquennat Hollande, celui qui a fait tant de mal à la gauche et a engendré un certain Emmanuel Macron (lui aussi ministre d’Hollande, ne l’oublions jamais).
Et il y a de l’autre côté le pôle de l’Union populaire : à rebours de l’union impossible d’appareils politiques de « gauche » dépassés, obnubilés par leur survie électoral et matériel, l’union par la base, autour d’un programme de rupture écologique, sociale et démocratique plébiscité par une (très) large majorité de Français, de plus de 260 personnalités venus du champ associatif, syndical, intellectuel, artistique, politique, pour constituer un Parlement de l’Union populaire, renforcer une équipe dont le candidat est aux portes du second tour.
N’écoutez pas les discours défaitistes qui voudraient vous faire croire que la gauche a déjà perdu, avant même d’avoir mené la bataille. Dès que les sondages daignent prendre en compte l’avis des indécis, ne gomment pas le vote populaire, dès que le taux de participation populaire grimpe, une candidature de gauche est aux portes du second tour : c’est celle de Jean-Luc Mélenchon. Avec la division de l’extrême-droite, le seuil du second tour est à porté de main. Plus le temps de niaiser. « Mélenchon est trop nerveux, trop ceci, trop cela ». Ce n’est pas le sujet. On ne vote pas pour des vers de poésie mais pour un programme. Macron est propre sur lui, ça ne l’empêche pas de fermer 5 700 lits d’hôpitaux en pleine crise sanitaire, avec le sourire.
Par Pierre Joigneaux.