Bernard Arnault, restos du cœur

Bernard Arnault donne 0,004% de sa fortune aux Restos du cœur : bienfaiteur ou prince des voleurs ?

On ne le présente plus. Qui ne connait pas Bernard Arnault, la première fortune de France avec 200 milliards d’euros ? Coqueluche des médias, l’homme est adepte des opérations de communication sur le dos de ceux qui se serrent la ceinture. Hier, il a récidivé en annonçant un « don » de 10 millions d’euros aux Restos du cœur au lendemain de l’alerte de son Président quant aux 35 millions d’euros de trou dans la raquette. Il n’en fallait pas moins à Aurore Bergé pour le féliciter chaudement.

M. Arnault bienfaiteur de l’Humanité ? Non, plutôt grand prince de l’optimisation fiscale et braqueur professionnel qui mériterait le titre de 1er assisté de la République. Son taux d’impôt sur le revenu n’est que de 14%, soit le même qu’un salarié à 3000 euros par mois. Le « don » de cet évadé fiscal ne représente que 0,004% de sa fortune totale, et l’équivalent de 3h30 de son temps (le cul assis confortablement dans ses salons). Le camp présidentiel lui donnera-t-il une médaille pour avoir évité le paiement de 518 millions d’euros d’impôt comme l’a épinglé la Cour des comptes ? Les Français n’ont que faire de sa charité, ils veulent la justice fiscale comme l’exigent les insoumis. Notre article.

Aurore Bergé félicite Bernard Arnault pour avoir donné 0,004% de sa fortune aux Restos du cœur

La ministre des « Solidarités », Aurore Bergé, a réagi en un quart de tour après l’annonce. Elle a « remercié Bernard Arnault et sa famille pour leur soutien exceptionnel ». L’idylle entre le parasite d’en haut et Aurore Bergé n’a rien d’étonnant. La fortune de Bernard Arnault a été multipliée par 75 en un quart de siècle. Elle a augmenté près de 4 fois plus sous Macron qu’en 20 ans auparavant !

C’est un échange de bon procédé. Que serait Bernard Arnault sans l’aide d’Emmanuel Macron et vice-versa ? Le duo est gagnant-gagnant. Suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), baisse de la taxation des revenus du capital (PFU), refus des propositions insoumises de taxer les superprofits et d’instaurer une vraie justice fiscale, tout est fait pour que cet assisté d’en haut ait son propre monde à lui, à l’abri de toute redistribution des richesses.

Pour aller plus loin : « La France est un paradis fiscal : 2% d’impôt seulement pour les 380 familles » : l’alerte de l’économiste Gabriel Zucman

L’homme au grand portefeuille est aussi un allié précieux pour le camp présidentiel. Grand capitaine de la concentration médiatique, son influence est utile pour parler de l’abaya sur les chaînes d’infos plutôt que des 2000 enfants qui dorment dans la rue ou des Français qui ont faim ou ne peuvent plus payer le loyer. Il a racheté de nombreux journaux comme Le Parisien ou Les Échos. Accusé à plusieurs reprises d’interventionnisme dans ses journaux, il a même fait l’objet d’une audition du Sénat sur la concentration des médias au début de l’année 2022

Au total, son don représente l’équivalent de ce que gagne la deuxième fortune mondiale en 3h30 sans bouger le petit doigt : 0,004% de sa fortune totale. Pour un Français qui gagnerait 2150 euros par mois, le don transposé au niveau de revenus équivaudrait à…10 centimes. L’homme mérite-t-il une médaille ou la légion de l’hypocrisie ? La question est vite répondue.

La taxation des superprofits contre l’aumône : et si Bernard Arnault payait tout simplement ses impôts ?

La fortune de M. Arnault repose sur le pillage et l’évasion fiscale. Toute sa fortune échappe à l’impôt par de juteux montages fiscaux. 27% des filiales de LVMH se situent dans des paradis fiscaux. Rien que la construction de la fondation LVMH a permis à Bernard Arnault de voler 518 millions d’euros à l’État. Son yacht de 101 mètres est détenu par une société maltaise et bat pavillon aux îles Caïmans. Les dividendes qu’il perçoit pour rémunérer la détention de ces parts d’entreprise ne sont quasiment pas taxés puisqu’ils sont hébergés sur une holding familiale bénéficiant du régime mère fille.

Si l’homme composé de 99,9953% d’or et de 0,004% d’humanité ne payait ne serait-ce qu’1% d’impôt sur sa fortune totale, cela représenterait une recette de 2 milliards d’euros pour les caisses de l’État, soit 200 fois le montant de son « don ». Hypocrite et insignifiant. Pendant la crise sanitaire, sa fortune a bondi de près de 62 milliards d’euros. Cette année, au cours du mois de mai, son magot s’est accru de 12 milliards de dollars. Les chiffres donnent le tournis. Cette année, M. Arnault et sa famille ont empoché 2,9 milliards d’euros de dividendes.

Sa richesse est indécente et immorale. Et il se voudrait grand seigneur pour avoir donné quelques centimes ? Qu’attend le camp présidentiel pour taxer ce super-profiteur comme le demandent les insoumis ? Comme dit plus haut, Emmanuel Macron, ses députés et ses amis se protègent mutuellement. Ils ne sont pas insensibles aux coups de pouces du milliardaire. Le groupe LVMH aime aussi jouer à la veuve et l’orphelin. Dans un courrier révélé par La lettre A en décembre 2022, on apprend que Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH a adressé un courrier à des parlementaires pour insister sur « ses engagements sociaux » tout en présentant des fragilités à l’Empire du luxe, le tout pour échapper aux taxes.

Comme tous ses amis profiteurs de crise, Bernard Arnault a un nom, il a une adresse. Il est temps que l’ultra-riche paye son dû à la société, et cesse de fanfaronner. Comme le dit Manon Aubry, Taxez les Riches !

Par Sylvain NOEL

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