banlieues
Capture d'écran de l'émission « À l'air libre », Mediapart.

« On s’intéresse aux banlieues quand ça brûle » : l’appel du maire de Trappes

« On s’intéresse aux banlieues quand ça brûle. Et une fois le feu éteint, on oublie, on retourne à l’actualité normale. Le pouvoir politique détourne les yeux, comme l’a fait Emmanuel Macron depuis six ans maintenant », déclare Ali Rabeh, maire de Trappes. Interrogé par France Info ce 4 juillet 2023, l’édile dénonce une triste réalité : « enfant oublié de la République », personne ne considère les banlieues, sauf lorsqu’elles sont en proie aux flammes. Ce matin, le maire de Trappes demande un plan « vigoureux, massif, ambitieux » pour les banlieues et dénonce le discours « cynique » d’Emmanuel Macron, qui consiste à « mettre de l’huile sur le feu ». Notre brève.

Un plan « vigoureux, massif, ambitieux » : l’appel d’Ali Rabeh

Interrogé par France Info, le maire de Trappes souhaite que « quelque chose de positif » émerge « de cette crise ». Comment le conçoit-il ? « Je ne demande plus de subventions dans nos quartiers. J’en ai marre de ces subventions qui nous permettent de nous acheter une bonne conscience. Je demande un plan vigoureux, massif, ambitieux et qui ne demande pas forcément d’argent supplémentaire pour organiser la mixité » : les mots sont forts, à la hauteur de l’abandon des banlieues par la République depuis de trop longues années.

Nous vous en parlions ce matin dans nos colonnes, même sur BFM TV, un éditorialiste dénonce les chiffres choc sur l’abandon des banlieues : 45% des jeunes n’ont pas d’emploi, on compte deux fois moins de professionnels de santé pour 100 000 habitants, 40% de ces quartiers n’ont pas de crèches avec pourtant deux fois plus de familles monoparentales, 40% de bibliothèques en moins par habitant, trois fois moins d’équipements sportifs.

Pour aller plus loin : Abandon des banlieues : même cet éditorialiste de BFM TV dénonce des chiffres chocs

« C’est à la société dans son ensemble que je lance ce cri d’alarme », implore le maire de Trappes : « Arrêtons de vivre chacun dans un entre-soi, chacun dans son enclave, enclaves de richesses d’une part, enclaves de pauvreté d’autre part. Soyons capables d’accepter d’organiser la mixité à l’échelle de tous les quartiers, de toutes les villes ».

Pour aller plus loin : Meurtre de Nahel : pas de discours, des actes, justice

Banlieues : par son discours « cynique », Macron met de « l’huile sur le feu » selon le maire de Trappes

Invité de Télématin ce 4 juillet 2023, le maire de Trappes dénonce le discours « cynique » du chef de l’État. En effet, Emmanuel Macron envisage de « sanctionner financièrement » les familles des responsables des violences commises ces derniers jours, en instaurant « une sorte de tarif minimum dès la première connerie » (France Inter). Comme si des parents pouvaient se réjouir d’une telle situation et n’avaient déjà pas assez de difficultés. « C’est difficile d’éduquer des enfants dans un contexte très dégradé », souligne Ali Rabeh.

« On regarde le discours d’Emmanuel Macron comme un discours cynique, qui consiste à mettre de l’huile sur le feu, à accuser ceux qui sont déjà victimes […]. Mettre la tête sous l’eau de ceux qui sont déjà au fond du trou, cela ne va pas nous aider ! », implore le maire de Trappes. « C’est uniquement l’État qui est responsable dans ces situations ? », interroge la journaliste. « L’État a une part de responsabilité majeure… », commence Ali Rabeh avant d’être interrompu : « et l’autre part de responsabilité ? », insiste la journaliste.

« La responsabilité, elle est collective. C’est vous, c’est moi. C’est M. le président de la République, c’est chaque personne qui peut apporter sa pierre à l’édifice », affirme le maire, proche de Benoît Hamon. La responsabilité, elle vient aussi de ceux qui sont égoïstes », rappelle l’édile : « dans notre pays, s’il y a des enclaves de pauvreté, où se concentrent tous les maux du monde, c’est parce qu’il y a des enclaves de richesse ». « Je vous le dis solennellement : vous me donnerez rendez-vous dans 5 ans, dans 6 ans, à la prochaine émeute, si nous ne prenons pas de mesures structurelles » : comme un appel de désespoir face à une histoire qui se répèterait inlassablement.

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