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Réquisition : Élisabeth Borne attaque le droit de grève et déclare la guerre au monde du travail

Réquisition des salariés. Le mot est lâché ce mardi 11 octobre 2022. Une régression de plus d’un siècle s’abat sur la France. Pour défendre les patrons et les actionnaires des multinationales pétrolières qui refusent de partager avec les salariés, Élisabeth Borne décide de déclarer la guerre aux travailleurs. Car concrètement, comment s’organise la « procédure de réquisition des personnels » contre des ouvriers et des ouvrières qui refusent d’abandonner leur lutte légitime ? Par la force. Au lieu d’obliger les patrons à augmenter les salaires plutôt que de gaver de dividendes leurs actionnaires, le gouvernement choisit la violence contre le peuple. La colère sociale monte encore d’un cran dans le pays avant la marche de dimanche. Notre article.

Le travail forcé a été aboli en France en 1848. Le droit de grève commence à être reconnu en mai 1864 par la loi Ollivier. C’est donc une régression sociale de plus de 150 ans dans laquelle se lance le gouvernement d’Elisabeth Borne en annonçant lancer la « procédure de réquisition des personnels ». Pourquoi une telle décision ? Comment un gouvernement qui se dit démocratique, fier de son État de droit peut-il en arriver à s’attaquer à des droits aussi fondamentaux que le droit de grève et celui encore plus fondamental de la liberté des individus à disposer de leur corps et donc à ne pas travailler si ils le décident.

Elisabeth Borne, sur ordre d’E. Macron protège les super-profits de Total et déclare la guerre aux travailleurs

La pénurie de carburant s’aggrave. Le peuple fait des heures pour trouver de quoi remplir le réservoir pour aller rendre visite à la famille ou pouvoir se rendre au travail. Le débat fait rage : à qui la faute ? Aux patrons des multinationales qui refusent toujours d’augmenter les salaires à malgré l’inflation historique ? Ou aux grévistes qui tiennent bons et refusent de voir leur niveau de vie baisser quand leur patron s’augmente de 52% en une année. Pour le Président des riches et son gouvernement au garde à vous, la question est vite répondue. Ils seront toujours du côté des profiteurs de crise.

Réquisitionner les salariés en lutte pour leur droit ou les super-profits des profiteurs de crise ?

A l’Assemblée nationale, l’annonce a soulevé une vague d’indignation au sein des députés de la Nupes qui se battent depuis des semaines pour réquisitionner les super-profits des multinationales qui profitent de la crise.

Sur le terrain, la volonté des personnels en lutte se trouve renforcée. Loin de permettre une meilleure négociation, le gouvernement ne sait que défendre les ultrariches et mettre de l’huile sur le feu de la révolte populaire contre ces inégalités qui brisent le contrat social républicain.

Cette élévation sans gradation dans la violence s’explique d’une seule manière : le gouvernement a peur. La colère monte, le mouvement de grève est globalement soutenu par la population bien qu’elle souffre des conséquences. Il est urgent pour les ennemis du peuple de trouver une nouvelle manière de les diviser. Après une tentative grotesque de faire passer les ouvriers pour des grands bourgeois privilégiés, Elisabeth Borne et Emmanuel Macron cherchent maintenant à faire peur aux salariés et pourquoi pas à faire basculer le mouvement dans une violence qui pourrait permettre ensuite de dénigrer cette lutte sociale.

Cependant, on l’a vu pendant la crise des Gilets Jaunes, la violence populaire n’est pas toujours suffisante pour diviser le peuple. Lorsque les Gilets Jaunes visaient directement Emmanuel Macron qui concentrait la colère d’une immense majorité de la population, le soutien à leur mouvement, pourtant parfois violent, n’a pas faibli. Les sondages montraient chaque semaine, au grand dam du gouvernement, que plus de la moitié, souvent presque 3/4 des gens trouvaient leurs actions légitimes au vu des attaques menées par le Président depuis son élection en 2017. La plus grande violence, c’est celle de ceux qui ont tous dans leur assiette et ne veulent pas partager.

Cette stratégie de l’exacerbation à outrance d’un mouvement social tout à fait classique dans son origine, hausse des salaires, amélioration des conditions de travail par des syndicats organisés, pourrait mener à une contagion à d’autres secteurs inquiet par la violence déployée par le gouvernement à chaque fois que le peuple tente d’obliger la caste à partager le pouvoir et les richesses.