Pap Ndiaye

Pap Ndiaye : plutôt le RN que LFI

Cela ne dérange pas Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, que des députés LREM aient voté pour des candidats Rassemblement National (RN) à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Et « en même temps », les insoumis lui « paraissent en situation limite du point de vue de l’arc démocratique et républicain ». Il semblait être l’un des rares ministres de Macron à être droit dans ses bottes face à l’extrême-droite, pas plus tard que le 25 juin dernier. Il récite désormais les éléments de langage macronistes, alors que l’alliance entre LREM et le RN s’est confirmée ces deux dernières semaines. Pap Ndiaye a été touché par la disgrâce. Notre article.

Le retournement de veste de Pap Ndiaye vis-à-vis du RN

Il était l’un des rares à tenir fermement le barrage face au RN. Pendant l’entre-deux tours des élections législatives, il avait eu une position claire concernant le front républicain. À l’époque, la macronie se fracturait sur les consignes de vote entre le RN et la NUPES, l’alliance historique de la gauche. « Quelle que soit la configuration, aucune voix ne doit aller au Rassemblement national. Le combat contre l’extrême-droite n’est pas un principe à géométrie variable. », avait déclaré Pap Ndiaye le 13 juin.

De même le 25 juin, il expliquait au Parisien qu’« il n’y a pas de compromis à avoir avec le RN » C’est sa « boussole politique ». Et ce 7 juillet, patatras : plus qu’un retournement, un changement de veste. Cela ne pose pas de problème au ministre de l’Éducation nationale que des députés LREM aient voté pour des candidats RN à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. De la main tendue au marche-pied pour l’extrême-droite. Pap Ndiaye a bien assimilé les éléments de langage nauséabonds des marcheurs.

Qu’en est-il de La France Insoumise (LFI) ? Vu ses propos, Pap Ndiaye a l’air de préférer le RN à LFI. Dire que les insoumis « paraissent en situation limite du point de vue de l’arc républicain » sont des propos inquiétants pour la démocratie. La distribution de brevets de démocratie et de républicanisme n’est pas saine pour notre vie politique. Faire les yeux doux à un parti fondé par d’anciens nazis et calomnier un mouvement prônant le partage des richesses, la bifurcation écologique et la 6ème République est un comportement dangereux.

De quoi la position de Pap Ndiaye est-elle le nom ?

Cela fait deux semaine qu’une alliance LREM-RN se dessine sous nos yeux. Le 20 juin, la députée LREM Céline Calvez tendait la main aux députés du RN. « Quand on a besoin d’avoir une majorité et si c’est bon pour les Français, on va aller chercher les voix du Rassemblement national », avait-t-elle expliqué. Puis est venue la répartition des poste clés de l’Assemblée nationale entre les différents groupes politiques.

Nous avons assisté à de petits arrangement entre amis. Des consignes auraient été passées dans les rangs des députés macronistes pour voter en faveur des candidats du RN à la vice-présidence. Les Républicains (LR) ont également joué leur rôle dans cette alliance. Le nombre de voix obtenu par les deux candidats RN est édifiant. Résultat : deux vice-présidents RN au Palais Bourbon. Ce n’est pas simplement le « front républicain » contre l’extrême-droite qui a sauté. Le bloc bourgeois et le bloc d’extrême-droite se sont adonnés à des comptes d’apothicaires indignes.

Quel est ce nom alors ? L’alliance capital-fasciste. Au second tour des élections législatives, le RN a percé le plafond de verre du Palais Bourbon en obtenant 89 députés. Le chef de l’État porte une très lourde responsabilité dans la crise qui s’ouvre : pendant 5 ans, sa stratégie politique a consisté à faire monter l’extrême-droite. En jouant avec le feu, il s’est brûlé. Aujourd’hui, le parti présidentiel tend la main à l’extrême-droite pour gouverner. La déclaration de Pap Ndiaye témoigne à la fois d’une compromission de sa part et illustre l’état de la pensée macroniste, elle aussi touchée par la disgrâce.