Législatives. Front républicain contre l’extrême-droite ou tir groupé contre la NUPES, l’alliance historique de la gauche ? Depuis hier soir, la macronie se fracture. Quelle consigne de voter à donner en cas de duels RN vs NUPES ? On compte 60 seconds tours de la sorte en France. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les représentants du parti présidentiel n’ont pas accordé leurs violons. La macronie se fracture. Notre article.
Législatives : extrême-droite et NUPES renvoyées dos à dos
Alors qu’au soir du premier tour de l’élection présidentielle la consigne de vote était claire du côté de l’Union populaire, « pas une seule voix pour Marine Le Pen » avait martelé 4 fois Jean-Luc Mélenchon, la macronie avait poussé des cris d’orfraie. Au soir du premier tour des élections législatives, nombre de représentants d’Emmanuel Macron sont pourtant loin d’être clairs dans leurs consignes de vote. Un front républicain contre l’extrême-droite à sens unique pour la macronie, uniquement en faveur d’Emmanuel Macron ?
On assiste depuis hier soir au d’un vieux refrain libéral : « les extrêmes se rejoignent », « extrême-droite = extrême-gauche ». Au lieu d’appeler au front républicain contre l’extrême-droite, certains macronistes n’hésitent pas à renvoyer dos à dos la NUPES et le RN. Nombres de porte-paroles LREM refusent d’appeler au barrage républicain.
« L’extrême gauche est un danger aussi important que l’extrême-droite » : Jean-Michel Blanquer, le perdant magnifique
C’est le cas de Jean-Michel Blanquer, fossoyeur de l’Éducation nationale, éliminé dès le 1er tour. Arrivé 3ème avec 18,89% des voix, l’ancien ministre n’a pas hésité à déclarer sur BFMTV : « L’extrême gauche est un danger aussi important que l’extrême-droite. » Les personnes tuées par des militants d’extrême-droite apprécieront.
Jérôme Guedj, ancien président PS du conseil général de l’Essonne, repeint en « anarchiste d’extrême-gauche »
Du côté d’Amélie de Montchalin, le ton monte. La ministre de la Transition écologique est en grande difficulté dans la 6ème circonscription de l’Essonne : elle est devancée de 10 points par le candidat de la NUPES, Jérôme Guedj. Aujourd’hui, elle appelle à faire barrage aux « anarchistes d’extrême-gauche » de la NUPES. Jérôme Guedj, ancien président PS du conseil général de l’Essonne, un « anarchiste d’extrême-gauche ». Plus c’est gros, plus ça passe.
La ministre de la Transition écologique enchaîne et assure que « le programme de Jean-Luc Mélenchon rejoint celui de l’extrême-droite ». Au regard des deux condamnations pour inaction climatique de ce gouvernement, Amélie de Montchalin a sûrement aussi mal lu le dernier rapport du GIEC que les programmes de la NUPES et du RN. Pour rappel, le programme de l’Union Populaire a été plébiscité par les associations écologistes du pays.
L’appel indécent au « front républicain » contre Rachel Kéké
Certains appels au front républicain vont jusqu’à l’indécence. Candidate dans la 7ème circonscription, l’ancienne ministre des sports d’Emmanuel Macron, Roxanna Maracineanu (24,24%), arrive loin derrière Rachel Kéké (42,30%). Symbole de la lutte victorieuse de l’Hôtel Ibis Batignolles, après 22 mois de grève avec ses collègues femmes de chambres, Rachel Kéké a toutes ses chances d’être propulsée à l’Assemblée nationale dimanche prochain. Contre elle, l’ancienne ministre macroniste appelle à… « faire barrage à l’extrême-gauche. » Un front républicain invoqué contre une première de corvée. Une jolie vision de la République du côté du parti présidentiel.
Revirements en marche sur le front républicain
Pap Ndiaye semble être seul le ministre d’Emmanuel Macron au positionnement clair. Pour lui, le front républicain ne peut être à deux vitesses : « Quelle que soit la configuration, aucune voix ne doit aller au Rassemblement national. Le combat contre l’extrême-droite n’est pas un principe à géométrie variable. », a déclaré le nouveau ministre de l’Éducation nationale ce matin.
Certains porte-paroles LREM ont manié le retournement de veste face au tollé suscité par l’absence de front républicain contre l’extrême-droite au niveau national. Hier soir, la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a botté en touche en défendant le cas par cas : « ce sont des débats locaux et ce n’est pas, ce soir, un enjeu national. » Mais ce matin, le ton a changé : « Pas une seule voix ne doit aller à l’extrême-droite ». Des éléments de langage modifiés dans la nuit face à la polémique en marche ?
Enfin, si la Première ministre a dénoncé hier une « confusion inédite entre les extrêmes », la ligne macroniste semble bien avoir été modifiée ce matin midi : « ne jamais donner une seule voix à l’extrême-droite ». Les atermoiements des porte-paroles LREM sur le sujet révèlent la fébrilité qui parcourent les couloirs de l’Élysée. Cette absence de barrage républicain au profit des candidats NUPES témoigne bien de la peur du pouvoir. La peur d’un score très élevé de l’alliance historique de gauche empêchant à Emmanuel Macron d’obtenir une majorité pour gouverner.
Du côté de la NUPES, la ligne est limpide : « pas une voix pour l’extrême-droite » au second tour des élections présidentielle et législatives. Pas de front républicain à deux vitesses. Un positionnement beaucoup moins clair du côté des ministres et porte-paroles LREM. Faire barrage au RN ou à la NUPES qui risque de les empêcher d’obtenir la majorité ? La macronie se fracture.