François Ruffin

2022 : François Ruffin entre en campagne pour Jean-Luc Mélenchon

François Ruffin ne fait jamais les choses à moitié. Pour son premier meeting de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, qui s’est tenu au Mans ce mardi 11 janvier 2021, le député reporter le plus célèbre de France avait un message à faire passer : la lutte contre la résignation. Le fil rouge également des discours de Clémence Guetté et Matthias Tavel à ses côtés sur scène, et de la dynamique de l’Union populaire, aux portes du second tour à 3 mois de l’élection présidentielle. Notre article.

De l’espoir. Du partage. De la révolte. De l’amour. François Ruffin ne fait jamais les choses à moitié. Son entrée en campagne pour Jean-Luc Mélenchon en témoigne. Attendue, cette entrée en campagne présidentielle du député reporter le plus célèbre de France l’était. Et le député de la Somme n’a pas déçu. François Ruffin a bien choisi son moment.

François Ruffin entre en campagne au meilleur moment : l’Union populaire est aux portes du 2nd tour

À 90 jours de l’élection présidentielle, l’espoir est plus que jamais permis pour les insoumis. Le candidat de l’Union populaire est donné aux portes du second tour. Loin, très loin du marasme des partis de « gauche », la stratégie d’Union populaire autour du programme des insoumis séduit. Du champ associatif, syndical, intellectuel, artistique, les nouveaux visages ne se comptent plus chez les insoumis.

Certains signaux ne trompent pas, ces milliers de militants qui rejoignent la campagne des insoumis, le carton du programme en librairie, ou ces séquences élogieuses sur les plateaux… de Quotidien et BFMTV. Le sérieux de la campagne des insoumis, du programme, la dynamique de l’Union populaire, sont salués en dehors des sphères insoumises. D’Edwy Plenel à Clément Viktorovitch, en passant par Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV qu’on peut difficilement soupçonner de rouler pour la révolution citoyenne, les signaux sont positifs. Alors que la baisse du seuil d’accès au second tour rend cette présidentielle particulièrement ouverte, l’espoir est permis.

Et quand il s’agit d’espoir, d’ouvrir les imaginaires, les esprits et les cœurs, François Ruffin n’est pas le dernier. Parfois pessimiste, le réalisateur est un adversaire farouche de la résignation. Un discours, aux accents populistes, dans le bon sens du terme, celui de l’unité populaire face au poison de la division distillée par le capital, passionné ce jeudi.

Plus gros meeting politique au Mans depuis 2017

Le brouillard manceau n’a pas réussi à avoir raison de l’insoumission. Sur les coups de 19h30, la jauge de 300 personnes était déjà atteinte. La salle Henri Barbin, syndicaliste cheminot et député socialiste des années 1920 plusieurs fois révoqué pour faits de grève, étant pleine à craquer, raisons sanitaires obligent, une bonne centaine de déçus sont refoulés à l’extérieur. Le député de la Somme va échanger avec la foule. Macron président des riches, le moment de se lever, du François Ruffin dans le texte.

À l’intérieur, la fanfare chauffe la salle. Le trio du soir monte sur scène. Matthias Tavel, l’organisateur de la soirée, conseiller régional local et figure insoumise de longue date, Clémence Guetté, coordinatrice du programme des insoumis, et François Ruffin. Le chef des lieu annonce la bonne nouvelle à la salle : 400 personnes au total, le plus gros meeting dans la ville depuis la venue en 2017 au Mans d’un certain Jean-Luc Mélenchon.

Clémence Guetté, surnommée « madame programme » par François Ruffin, souligne la chaleur de se retrouver ensemble après ces longs mois d’isolement et salue les courageuses et courageux qui sont restés écouter le meeting dans le froid. Le député de la Somme embraye : « ne serait-ce qu’être heureux par les temps qui courent, est un acte de résistance ».

« Le 10 avril 2022, François Ruffin aura le même poids que Bernard Arnaud, Clémence Guetté que Manuel Valls. Les manifs en défensifs ça suffit, on est là pour prendre le pouvoir » : le discours offensif de Matthias Tavel

Une quatrième personne est invitée sur scène à lancer le meeting. Élise Leboucher, éducatrice spécialisée à l’Établissement Public de Santé Mentale (EPSM) d’Allones, ville voisine, syndicaliste de la santé et de l’action sociale, un symbole fort. Ce jeudi, des dizaines de milliers de soignants ont manifesté dans les rues du pays pour dénoncer, une énième fois, la destruction du système de santé public par l’austérité sanglante du gouvernement Macron. Le discours rappelle la réalité de nos hôpitaux à Olivier Véran.

Vient ensuite le tour de Matthias Tavel, premier du trio à se lancer. Un discours offensif. « À 90 jours, c’est le moment de se lever. Les manifs en défensifs, ça suffit. Ce qu’on veut nous, c’est prendre le pouvoir ». Un tacle au passage aux candidatures de témoignages. L’ancien directeur de cabinet de Jean-Luc Mélenchon insiste sur le pouvoir révolutionnaire du bulletin de vote. Et lâche la première punchline du vote : « le 10 avril 2022, François Ruffin aura le même poids que Bernard Arnaud. Le jour du vote, Clémence Guetté aura le même poids que Manuel Valls ». La salle apprécie sans modération.

« La lutte et la révolte impliquent toujours une certaine quantité d’espérance, tandis que le désespoir est muet » : Clémence Guetté

Vient le tour de Clémence Guetté, l’étoile montante des insoumis. « Ce n’est pas Omicron, c’est Macron qui détruit les services publics. Et il sait très bien ce qu’il fait. La souffrance des services publics a été piétinée par ce gouvernement. Souvenez-vous de ces soignants qui s’injectaient de l’insuline ». Le ton est donné. Après avoir à nouveau salué les insoumis continuant à écouter le meeting à l’extérieur dans le froid, entassés aux fenêtres de la salle, Clémence Guetté poursuit.

« 5 000 personnes ont contribué à l’Avenir en commun. Je suis fière quand vous me dites que vous avez convaincu grâce à l’une de ses 694 mesures ». Les insoumis ne martèleront jamais assez qu’on ne vote pas pour une personnalité, pour des vers de poésie, mais pour des mesures concrètes. Et radicales. « La garantie d’autonomie c’est minimum 1000 euros pour vivre pour tout le monde. C’est un programme qui est radical. La radicalité ne doit pas faire peur quand on voir l’état du monde dans lequel on vit ». Un programme de rupture écologiste, sociale et démocratique, radical, qui a rassemblé 7 millions de personnes et près de 20 % des suffrages en 2017. Pas un mince exploit quand on connaît l’état de la gauche anticapitaliste en Europe.

Clémence Guetté de conclure par du Baudelaire : « la lutte et la révolte impliquent toujours une certaine quantité d’espérance, tandis que le désespoir est muet ». Classe. La lutte contre l’indifférence, pour convaincre que, dans cette présidentielle de tous les possibles, le partage des richesses, la bifurcation écologiste et la 6ème République peuvent arriver au pouvoir en Avril, le combat pour mettre cet espoir, immensément majoritaire dans le pays, en ordre de bataille pour prendre le pouvoir, sera le fil conducteur de la soirée.

L’alliance de la France rurale et des quartiers populaires, le message de François Ruffin pour son entrée en campagne

Arrive enfin le dernier protagoniste. « Je fais mon entrée en campagne ici. Je veux être la voix de la France aphone, ces gens qui étaient invisible et qui ont revêtit un gilet jaune. Il y a un risque que beaucoup soient retournés à la résignation. Notre combat, les ramener à l’espérance ». Certains sont obnubilés par la peur de l’autre, de l’étranger, du « grand remplacement », d’autres par l’espoir à redonner au peuple exploité pour des miettes.

Défenseur identifié de la France périphérique à travers ses films et ses discours à l’Assemblée nationale, de la France de la diagonale du vide, des gilets jaunes, François Ruffin a tenu à clarifier les choses ce jeudi pour son premier meeting de campagne. « Il serait stupide d’opposer la France rurale et la France des quartiers populaires, les deux sont délaissées par Macron, les deux subissent de plein fouet la destruction des services publics ».

La lutte contre la destruction des services publics, de l’État, ou plutôt sa mise au service du capital contre le travail, liant de la France rurale et des quartiers populaires ? « Je veux que les gamins puissent jouer au foot, au ping-pong, faire de l’aquarelle, qu’ils soient dans la France rurale ou dans les quartiers populaires, qu’ils aient le droit, le droit au loisir, le droit aux service publics ».

L’alliance de la France des gilets jaunes, des banlieues, des agriculteurs, des classes intermédiaires en burn-out et en perte de sens, des délaissés, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Thomas Porcher prônant cette jonction de classes, l’objectif de l’Union populaire. François Ruffin : « tant que ça se divise en bas, il n’y a pas de bataille du bas contre le haut. C’est leur stratégie, diviser. Les gilets jaunes étaient devenus des lépreux violents. Maintenant c’est les musulmans et les non vaccinés ». Contre la volonté d’Emmanuel Macron, de l’extrême-droite et de la caste de milliardaires à la tête des médias, de fracturer le peuple dans cette campagne présidentielle, une seule réponse : l’Union populaire. L’unité populaire, une stratégie qui a permis de battre l’extrême-droite et le capital au Chili.

« Le marché ne marche plus » : François Ruffin

François Ruffin poursuit, dans une charge au vitriol contre le mouvement politique à la tête du pays. « Au bout de 2 ans ils proposent enfin des masques aux profs ? Ils sont habités par la concurrence et le marché. On a des dogmatiques obsessionnels au pouvoir. Problème : le marché marche plus ». La main invisible du marché est en effet partie en vacances, ces 2 années de crise sanitaire qui a fracassé la planète l’ont encore une fois démontré : sur les masques, les tests, les bouteilles d’oxygènes, les vaccins, le marché n’a pas marché.

« Je crois que nous pouvons faire confiance à Sanofi, nous dit Agnès Pannier-Runacher. Moi je leur fais confiance pour faire du profit. Il nous faut des gens qui aient pensé le rôle de l’État ». Et non des serviteurs du capital. L’exemple Sanofi est ce que Max Weber aurait sûrement qualifié d’idéal-type : 1,5 milliard d’euros de Crédit d’impôt recherche, 4 milliards d’euros de dividendes, et… 400 postes supprimés… dans sa branche recherche et développement en France… en pleine pandémie… alors que la France n’a pas trouvé de vaccin. Un idéal-type de la folie néolibérale.

« Notre adversaire c’est l’indifférence » : 3 mois pour convaincre de mesures plébiscitées dans le pays

« Pourquoi je m’engage auprès de Jean-Luc Mélenchon ? Est-ce que c’est Macron qui va se réveiller un matin et sauver l’Hôpital ? Est-ce que c’est Macron qui va augmenter le SMIC à 1400 euros net ? Non. Qui ? Jean-Luc Mélenchon ». François Ruffin avait déjà accordé à l’insoumission juste avant les vacances de noël un entretien pour appeler à l’Union populaire autour de l’Hôpital public. Pour les journalistes voyant le combat politique comme une course de petits chevaux, friand d’anecdotes et de storytelling, aimant à monter en épingle une pseudo compétition entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, le message est passé. On va pouvoir parler de fond.

« Les mesures de l’Avenir en commun sont plébiscitées à 70, 80, 90%. J’ai mangé au restaurant avec un jeune militant, il m’a dit qu’il ne mangeait pas tous les jours. Nos mâchoires se sont arrêtées. La garantie à 1000 euros, c’est réel ». Ramener du réel en politique, l’un des talents de François Ruffin. Le député de la Somme faisant ici référence à plusieurs études d’instituts de sondages soulignant le plébiscite pour le programme des insoumis. Le partage des richesses, la bifurcation écologiste, le passage à la 6ème République, les mesures de rupture sociale, écologique et démocratique portées par l’Avenir en commun, sont ultra majoritaire dans le pays. Reste maintenant à convaincre.

« L’amour c’est compliqué. On n’ose plus y croire. On a été trompé. Je crois qu’en politique aussi, on a tellement été trompé, on n’ose plus y croire. Notre adversaire c’est la finance oui, mais c’est surtout l’indifférence ». Ramener de l’espoir et de l’amour en politique, le fil rouge de ce meeting du Mans, et de cette entrée en fanfare de François Ruffin dans la campagne de l’Union populaire. Il reste 3 mois pour changer l’Histoire.

Par Pierre Joigneaux

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