Sondage 2022 : Mélenchon première alternative au duo Le Pen & Macron

Jean-Luc Mélenchon est le mieux placé pour empêcher un second tour Macron & Le Pen en 2022. Vous ne l’entendrez pas dans les médias, qui annoncent ce duel comme inéluctable depuis de longs mois, c’est pourtant l’enseignement du dernier baromètre de l’élection présidentielle Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro publié ce lundi 24 mai 2021. Jean-Luc Mélenchon est en troisième position, devant le candidat de la droite traditionnelle dans 4 scénarios sur 5, et loin devant les autres candidats de gauche où le décrochage du pôle bourgeois se précise. Face à la pente fasciste et autoritaire que prend le pays, face aux trois blocs de droite imposant les thématiques sécuritaires et identitaires à l’agenda médiatique, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis ont la possibilité de constituer un bloc populaire. Notre article.

Jean-Luc Mélenchon en troisième position

Intercalé entre le duo de tête et le peloton, Jean-Luc Mélenchon est le poursuivant le mieux placé pour empêcher le duel Marine Le Pen et Emmanuel Macron en 2022. C’est ce que nous enseigne le dernier baromètre de l’élection présidentielle Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro publié ce lundi 24 mai 2021. Dans 4 scénarios testés sur 5, Jean-Luc Mélenchon est en effet en troisième position.

On le sait, le champ médiatique a tranché depuis de longs mois déjà : le second tour en 2022 opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Inéluctable. Circulez, il n’y a rien à voir. Il suffit d’allumer son poste de radio ou de télévision pour s’en convaincre. Et il faut bien reconnaître que le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour installer Marine Le Pen au second tour : « ensauvagement », « séparatisme », « islamogauchisme », polémiques sur le voile et les groupes de paroles… depuis de longs mois les différents ministres et portes paroles LREM reprennent le vocabulaire de l’extrême droite et imposent ses thématiques de prédilection à l’agenda. La stratégie d’Emmanuel Macron pour se faire réélire est claire : faire monter Marine Le Pen pour ensuite se poser en barrage au second tour.

Pourtant, loin du scénario joué d’avance dans les médias, 70% des Français refusent un second tour Macron / Le Pen. La Une du journal Libération du 28 février dernier, « 2022 : j’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini », avait provoqué un vent de panique en macronie. Autre caillou dans la chaussure du pouvoir, la sur-estimation du vote Marine Le Pen et la sous-estimation du vote Jean-Luc Mélenchon dans les sondages. C’est ce que nous enseignent les deux précédentes présidentielles. Créditée de 19 à 24% en 2012 et de 25 à 32% en 2017, Marine Le Pen a terminé à 18% en 2012 et à 22% en 2017. Largement en dessous des estimations. À l’inverse, crédité de 4 à 7% en 2012 et de 10 à 16% en 2017, Jean-Luc Mélenchon a terminé à 11% en 2012 et 20% en 2017. Largement au dessus des estimations.

graphique presidentielle

Un vote de classe à « gauche » : populaire pour Jean-Luc Mélenchon, bourgeois pour Anne Hidalgo et Yannick Jadot

Le dernier baromètre de l’élection présidentielle Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro place donc une nouvelle fois Marine Le Pen très haute (entre 27 et 30%). Talonnée par Emmanuel Macron (entre 25 et 28 %). Il est intéressant de noter qu’en mai 2016, à un an du scrutin présidentiel comme aujourd’hui, la candidate du Front National était créditée de 30%. Elle finira à 21%. Pareil en 2012, à un an du scrutin, Marine Le Pen était donnée en tête (24%). Elle finira troisième avec 18%. Contrairement au récit médiatique actuel, une récente enquête Kantar Public révèle que l’image de la candidate du Rassemblement national (RN) s’est fortement dégradée depuis 2017 et que sa présidentialité n’a pas progressé en 4 ans. Du côté du Président de la République, près de 2 Français sur 3 sont insatisfaits, après un an de gestion calamiteuse de la crise sanitaire et un quinquennat marqué par les deux plus longs mouvements sociaux en France depuis des décennies : les gilets jaunes et les retraites.

L’objectif de ce sondage de l’institut Ifop-Fiducial était de tester pour LCI et Le Figaro cinq candidats pour le parti Les Républicains (LR) : Xavier Bertrand (15%), Valérie Pécresse (10%), Laurent Wauquiez (8%), Bruno Retailleau (6%) et Michel Barnier (8%). Quatre des cinq candidats de la droite traditionnelle, crédités de 6 à 10%, arrivent en quatrième position derrière Jean-Luc Mélenchon. Le leader des insoumis est crédité de 12% soit au même niveau qu’en mai 2016 à un an du scrutin présidentiel. Différence notable cette fois-ci, aucun autre candidat ne se démarque à gauche. Pour rappel, à la sortie des primaires du Parti socialiste de 2017, Benoit Hamon était crédité de 18% des intentions de vote contre 9% pour Mélenchon, le candidat socialiste finira à 6% et le candidat insoumis à 20%. Cette fois-ci, pas de Benoit Hamon pour caracoler en tête des sondages à gauche devant Jean-Luc Mélenchon. Et c’est un euphémisme : Anne Hidalgo (6%), Yannick Jadot (entre 5 et 6%) et Fabien Roussel (entre 1,5 et 2%) disposent de socles de départ beaucoup moins solide que la candidat insoumis.

Et il est intéressant de noter la sociologie de deux blocs bien distincts à gauche : le bloc populaire et le bloc bourgeois. Jean-Luc Mélenchon attire en effet 21% des catégories populaires (21% des ouvriers et 20% des employés), les chômeurs (28%) et les jeunes (27% des moins de 35 ans). Anne Hidalgo et Yannick Jadot attirent quant à eux les catégories supérieures (9%). Les cadres (12%) et les diplômés du supérieur (10 à 15%) deux seuls catégories où ils atteignent la barre des 10%. Le fossé est flagrant en ce qui concerne les chômeurs (28% pour Jean-Luc Mélenchon, 1% pour Anne Hidalgo !) et les ouvriers (21% pour Jean-Luc Mélenchon contre 3 à 6% pour Anne Hidalgo et Yannick Jadot).

Trois blocs de droites contre le bloc populaire de gauche

Les économistes Bruno Amable et Stefano Palombarini ont publié dès 2017 L’illusion du bloc bourgeois, pertinent pour comprendre la situation politique actuelle. Emmanuel Macron a été élu par l’alliance des classes supérieures de droite, déçues de la défaite d’Alain Juppé à la primaire de la droite contre François Fillon, et des classes supérieurs de gauche, favorables à la poursuite des politiques néolibérales de François Hollande. Le bloc bourgeois. Mais dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron s’est tourné vers le bloc de droite. En témoigne ses premières réformes (suppression de l’ISF et « en même temps » baisse des APL) et ses deux Premiers Ministres venus des rangs de la droite traditionnelle. En témoigne surtout la pratique du pouvoir macroniste ces derniers mois, et le tournant autoritaire et identitaire du quinquennat. Le Président chasse les deux autres blocs de droites : la droite traditionnelle (LR) et l’extrême droite (RN).

Face à ces trois blocs de droite, le bloc populaire de gauche incarné par Jean-Luc Mélenchon risque de concentrer les coups. On constate en effet depuis de longs mois une alliance du trio LREM – RN – LR pour désigner l’«islamogauchisme» comme adversaire, et Jean-Luc Mélenchon en particulier. Bien aidé par une partie de la « gauche », laissant seul Jean-Luc Mélenchon se prendre les coups et allant jusqu’à dénoncer des « ambiguïtés » des insoumis avec la République. La manifestation des policiers factieux menaçant la justice et la séparation des pouvoirs devant l’Assemblée nationale aura eu le mérite de clarifier la situation politique : Jean-Luc Mélenchon et les insoumis seuls à résister face au processus de fascisation dans le pays et qui vont concentrer les coups en 2022, c’est la thèse notamment du philosophe Frédéric Lordon.

Face à la pente fasciste et autoritaire que prend le pays, face aux trois blocs de droite imposant les thématiques sécuritaires et identitaires à l’agenda médiatique, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis ont pourtant la possibilité de constituer un bloc populaire : Hausse du SMIC de 200 euros net, taxe sur les profiteurs de crise, rétablissement de l’ISF, contrôle de l’utilisation des aides publiques par les entreprises et réorientation vers les TPE PME, garantie d’emploi, baisse de la TVA, extension du RSA aux 18/25 ans, retraite à 60 ans, investissement dans les services publics… Entre 80 et 90% des Français sont d’accord avec ces mesures présentes dans le programme des insoumis depuis 2017. Loin de la diversion sécuritaire et identitaire du champ médiatique, non les Français ne sont pas de droite. Une grande majorité des sympathisants y compris du RN se prononcent dans un récent sondage Ifop pour l’augmentation du SMIC, la restauration de l’ISF ou encore un grand plan d’investissement dans les services publics, contre le programme économique du RN, saignée contre les classes populaires.

70% des Français refusent un duel Le Pen / Macron en 2022. Les médias veulent vous persuader qu’il est inéluctable. Vous savez désormais qui est le mieux placé pour déjouer le récit médiatique et inverser le cours de l’Histoire.

Par Pierre Joigneaux.

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