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Outre-mer : « la crise de l’eau est sans précédent », alerte l’UNICEF

Outre-mer. « Tous les jours, l’eau est coupée, on doit acheter des bouteilles. On n’a pas le choix, et ça coute un prix fou » déclare un habitant en sortie du centre commercial des Abymes, en Martinique. Dans tous les Outre-mer, la crise de l’eau ne cesse de s’amplifier. Des robinets à sec ou déversant une eau jaune ou marron, des canalisations vétustes entraînant jusqu’à 70% de perte de la ressource en eau, le tout entraînant contaminations et épidémies. Un premier cas de choléra a été recensé cette semaine à Mayotte. Le néolibéralisme a sonné le retour de cette infection très contagieuse en France.

En cette journée mondiale de l’eau, l’UNICEF alerte sur cette « crise de l’eau sans précédent » et appelle Emmanuel Macron à prendre des mesures d’urgence pour que « les enfants des Outre-mer ne soient plus les victimes oubliées sur le sol français ». En déplacement en Martinique, Manon Aubry et Mathilde Panot ont dénoncé une crise inédite et appellent à ce que « le droit fondamental humain à l’eau, reconnu, par l’ONU soit respecté », en rappelant les mesures d’urgences proposées par Jean-Luc Mélenchon et les insoumis. Notre article.

De Mayotte à la Martinique, tous les Outre-mer sont assoiffés

Le 8 décembre 2023, la Première ministre Élisabeth Borne était en déplacement à Mayotte. À peine débarquée, l’accueil par les huées annonce la couleur. « On en a marre, on en a marre ! », a scandé son comité d’accueil. En question ? Sur place, l’eau est devenue une denrée des plus rares. Deux jours plus tôt, la préfecture interdisait partiellement la consommation d’eau du robinet à cause de la présence de métaux lourds, « au-delà des seuils d’alerte ». Depuis des mois, lorsque l’eau est consommable, elle n’est disponible qu’un jour sur trois. Ces métaux, ils se retrouvent aussi dans les robinets de Guyane et contaminent près d’un enfant sur cinq d’après l’UNICEF.

C’est le cas aussi en Martinique et en Guadeloupe. Les plannings de distribution d’eau ne sont même plus fiables, entraînant des perturbations et des coupures dans plusieurs quartiers depuis plusieurs jours. Les pompiers assurent la distribution dans certaines zones. Dans d’autres, c’est un opérateur privé, Odyssi, qui a proposé une très couteuse solution : des citernes.

Le Lamentin a été la première ville à installer 13 citernes de 800 à 3 300 litres, suivie de Fort-de-France et Schoelcher. Odyssi est déjà bien connu. En 2020, il a été condamné par la justice après avoir coupé volontairement l’eau pendant près de 3 mois. En parallèle, la pollution au chlordécone les tue à petit feu. D’après les propres chiffres de Santé Publique France, près de 90% de la population aux Antilles est contaminée par ce pesticide.

À La Réunion, même topo. La moitié de la population ne peut pas boire l’eau du robinet, car elle est impropre à la consommation. En Guadeloupe et en Martinique, les habitants subissent des coupures d’eau régulières, tandis que la pollution au chlordécone menace leur santé. En Guyane, la présence de métaux lourds dans les cours d’eau contamine près d’un enfant sur cinq, provoquant de graves troubles neurologiques. La proportion de personnes touchées par le saturnisme (désigne l’intoxication aiguë ou chronique par le plomb, ndlr) y est 60 fois plus élevée que dans l’hexagone.

Dans tous les Outre-mer, avec les robinets à sec, les habitants sont contraints de se ruiner par l’achat de packs de bouteilles d’eau dont le prix, comme pour tous les produits en Outre-mer, est exorbitant et largement supérieur à celui affiché en Hexagone.

L’UNICEF appelle Macron à défendre « le libre accès à l’eau potable » en Outre-mer

« Malgré les alertes répétées de collectifs d’usagers, mais aussi d’institutions nationales et internationales, les régions ultramarines endurent une crise de l’eau persistante », alerte l’UNICEF en cette journée mondiale de l’eau, ce vendredi 22 mars. Ses responsables appellent le Gouvernement à défendre « l’intérêt supérieur de l’enfant » en garantissant « son libre accès à l’eau potable dans les régions ultramarines ».

L’organisation rappelle les terribles conséquences de la privation d’eau, qui aggrave les « risques d’épidémies et de maladies hydriques », telles que les infections gastro-intestinales, le choléra ou la fièvre typhoïde, dont les « enfants sont les premières victimes » souligne l’UNICEF. Le choléra. Cette semaine, un premier cas de choléra a été recensé à Mayotte par l’Agence régionale de Santé. L’infection contagieuse n’a pas provoqué d’épidémie en France depuis le XIXe siècle. Le néolibéralisme a sonné son retour à Mayotte.

En ce jour symbolique de la journée mondiale de l’eau, l’UNICEF a donc enjoint le Gouvernement à prendre la mesure de l’urgence en prenant des mesures sans délais telles que la « réhabilitation et l’adaptation des infrastructures d’eau et d’assainissement » et « la lutte contre les contaminations et l’indemnisation des enfants contaminés par le chlordécone, comme recommandée par l’ONU en juin 2023 ».

LFI à la pointe du combat pour défendre les droits des Outre-mer

Depuis 2017, l’eau est devenu une thématique centrale chez les insoumis. En 2017, Jean-Luc Mélenchon alertait déjà sur la situation à Mayotte : « Des communes sont sans eau pendant plusieurs jours par semaine, avec des gaspillages d’eau jusqu’à 70% en raison de la vétusté des canalisations ». Le leader insoumis de préciser : « Je suis pour la propriété publique de l’eau, qui est un bien commun qui ne doit pas servir aux bénéfices de quelques-uns ». En 2022, le leader insoumis avait aussi fait de la crise de l’eau un sujet central des campagnes insoumises.

Les électeurs ne s’y sont pas trompés. Avec plus de 50 % des voix en Guyane, en Guadeloupe et en Martine, Jean-Luc Mélenchon a plié la bataille des Outre-mer au premier tour de l’élection présidentielle de 2022. En 5 ans, il a gagné presque 20 points de suffrages exprimés, passant de 20,8 % à 39,96 % des suffrages. Un soutien massif aux insoumis qui transparait aussi lorsque des délégations insoumises se déplacent, comme c’est régulièrement le cas, en Outre-mer.

Cette semaine, Manon Aubry et Mathilde Panot ont reçu un accueil chaleureux et fraternel aux Antilles. Mercredi soir, la tête de liste LFI aux élections européennes du 9 juin, qui se tiendront le 8 juin en Outre-mer, a étrillé Emmanuel Macron, responsable de la crise de l’eau en outre-mer, et considérant ces derniers comme « des territoires de seconde zone ». À ses côtés, Mathilde Panot qui a poursuivi : « En Guadeloupe, Veolia est venu et a pillé l’argent de l’eau puis est reparti sans être inquiété. Résultat : faute de bonnes canalisations, 70% de l’eau est perdue, et les enfants perdent un mois et demi de cours par an faute d’accès à l’eau à l’école ».

Ce combat pour les Outre-mer, les insoumis l’ont mené et continuent de le porter à l’Assemblée nationale. Lors de la précédente législature, les insoumis se sont illustrés en créant notamment « une commission d’enquête sur la gestion des ressources en eau, dossier majeur pour la population guadeloupéenne ».  

Pendant cinq ans, et face à l’indifférence du gouvernement vis-à-vis des souffrances des Outre-mer, les insoumis ont tenu la tranchée au Parlement. Ils ont défendu ces territoires, entre autres, sur les questions d’accès à l’eau, face aux restrictions de libertés durant la crise sanitaire et face à la pauvreté criante qui les fracasse.

Pour aller plus loin : Que proposent les insoumis pour réduire les inégalités en Outre-Mer ?

Lors de leur « niche » parlementaire du 30 novembre 2023, les insoumis ont fait adopter leur commission d’enquête sur les risques naturels majeurs en Outre-mer. Un texte porté par le député Jean-Philippe Nilor, député de la 4ème circonscription de Martinique. En effet, les territoires transocéaniques concentrent « 80% de la biodiversité française, qui peut être très vite être renversée par un tsunami, un ouragan ou un séisme », avait-il rappelé. Le parlementaire insoumis avait salué une « victoire arrachée à la macronie qui s’est opposée jusqu’au bout, obstinément ».

Ce, en total décalage avec l’urgence de la situation et avec les 88% de Français favorables à cette proposition de loi. Ne supportant pas la défaite et un insoumis à la tête de cette commission, les macronistes ont manœuvré avec les députés de droite et du RN par la suite pour évincé Jean-Philippe Nilor de sa propre commission d’enquête. Une magouille révélatrice de leur profond mépris pour les Outre-mer.

Par Sylvain Noël, rédacteur en chef

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