CNEWS sur le banc des accusés. Hier, la journée a été longue pour les dirigeants du groupe Canal+. Tous étaient auditionnés à l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête à l’initiative du député LFI Aurélien Saintoul. Pascal Praud, Sonia Mabrouk, Maxime Saada, toute la troupe du milliardaire Vincent Bolloré a dû répondre présent à la convocation ordonnée par le député insoumis, et ce, afin répondre à ses questions ainsi qu’à celle des députés.
Interrogé par le député LFI Aymeric Caron sur le traitement médiatique des massacres à Gaza et sur le nombre de Palestiniens tués, le directeur de la rédaction de CNEWS a botté en touche. M. Nedjar a répondu laconiquement : « on ne connaît pas le nombre de morts ». Une indifférence odieuse qui lui a valu un recadrage en règle par le député insoumis, lequel a brandi en réponse la « Une » du journal Libération indiquant en gros titre le chiffre des 30 000 Palestiniens tués par l’armée de Netanyahu à Gaza.
Un journal par ailleurs attaqué précisément pour cette publication au même titre que Mélenchon, De Villepin, Edgar Morin l’Eurovision, et bien d’autres, pour le seul crime d’avoir dénoncé les massacres à Gaza. « On voit désormais ce que valent les accusations injurieuses dont nous sommes victimes depuis des semaines. Ceux qui ont joué les idiots utiles de Netayahu peuvent présenter leurs excuses. » a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Ces accusations injurieuses, CNEWS les manie avec constance. Notre brève.
Le traitement médiatique de Gaza par CNEWS, chronique d’une invisibilisation
Depuis le 7 octobre, le traitement médiatique de Gaza par CNEWS illustre à lui seul le « danger public » qu’est le journalisme français en cette période trouble. (Lire à ce sujet le papier de Serge Halimi et Pierre Rimbert dans Le Monde diplomatique).
La chaîne d’extrême droite de Bolloré n’évoque le sort de Gaza qu’en adoptant le point de vue du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, accusé par plusieurs diplomaties de commettre un génocide. Toutes les ONGs humanitaires et les instances de l’ONU alertent sur le sort de la population sur place, sur les crimes de guerres commis depuis plusieurs mois, sur la famine qui ronge la bande de Gaza toute entière. Mais pour CNEWS, il y a plus important : continuer de dérouler l’agenda idéologique de choc des civilisations, quitte à invisibiliser la catastrophe en cours.
Pour aller plus loin : Gaza : alors que 30 000 Palestiniens ont été tués, la famine est désormais « inévitable » pour l’ONU
Au contraire, CNEWS a accueilli et encouragé les prises de paroles les plus indécentes les unes que les autres. Le 10 octobre, en pleine émission, Enrico Macias appelle à dégommer physiquement les membres de LFI qui exigent un cessez-le-feu à Gaza. Le 16 novembre, en plateau avec Sonia Mabrouk, Georges Bensoussan affirme – sans contradiction aucune des journalistes – que les soldats israéliens « ont apporté la vie et la survie » à Gaza.
La chaîne ne brille pas seulement par son silence assourdissant sur le sort des gazaouis. Elle s’illustre aussi par ses infâmes instrumentalisations du conflit pour déverser sa haine des personnes musulmanes. L’ARCOM a transmis trois de leurs séquences à un rapporteur indépendant depuis le 8 octobre. L’une d’entre elles concerne les propos de l’avocat Arno Klarsfeld le 31 octobre, évoquant une « minorité musulmane agissante sur l’antisémitisme », faisant aussi référence aux nombreux musulmans « travaillant sur les chantiers et ayant accès à des explosifs ».
Au programme donc : déni du génocide en cours et pire, pluie quotidienne de propos mensongers.
En pleine commission d’enquête, CNEWS incapable de donner le nombre de palestiniens morts à Gaza
En commission hier matin, Aymeric Caron s’est chargé de recadrer sèchement CNEWS et ses représentants. Placés devant la réalité de l’horreur à Gaza, ils ont été incapables de rendre compte du nombre de morts ; pourtant le premier fait historique et journalistique de notre actualité. « Est-ce que vous trouvez digne d’une chaîne d’information qui a pour mission de traiter tous les sujets importants, de délibérément invisibiliser, de taire, l’une des plus graves catastrophes humanitaires de notre siècle ? » assène le député LFI. Clair, net et efficace. Silence radio dans le camp d’en face.
La chaîne se targuait pourtant, plus tôt en commission, d’être « tout le temps au travail, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Mais en cinq mois de massacres : aucun sujet sérieux sur le génocide en cours à Gaza. CNEWS, première chaîne de désinformation en continu.
