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Reportage anti-IVG : la chaîne CNEWS a menti à la représentation nationale en prétextant une « erreur technique »

IVG. CNEWS sur le banc des accusés. Depuis ce matin, les directeurs et responsables de la chaîne sont convoqués à l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête à l’initiative du député LFI Aurélien Saintoul.

Depuis 9 heures, les couacs s’enchaînent pour la chaîne sous emprise du milliardaire Vincent Bolloré. Interrogé sur la diffusion d’un reportage dimanche sur CNEWS qui présentait l’avortement comme première cause de mortalité dans le monde, les directeurs ont botté en touche. Tous ont prétexté en cadence une « erreur technique », formule réitérée près de 24 fois. Erreur technique ou volonté manifeste de diffuser des fakes news d’extrême droite ?

L’Insoumission.fr a décrypté les déclarations de la chaîne à l’Assemblée nationale. La prétendue erreur a duré 50 minutes sans interruption dimanche. Pire, elle a été rediffusée le soir même. Ce matin, en audition, le directeur Serge Nedjar a déclaré qu’il était plus difficile de régler une « erreur technique » un dimanche. À peine dix minutes plus tard, son collègue Thomas Bauder vante la vigilance de la chaîne « sept jours sur sept, et vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Notre brève.

Un reportage anti-IVG diffusé en direct

« L’IVG, première cause de mortalité dans le monde » : dimanche dernier, l’émission « En quête d’esprit » de CNEWS assimile en direct l’IVG au meurtre dans une émission titrée « L’avortement : une blessure de l’âme ? ». S’ensuit une séquence télévisée où les justifications religieuses et les paroles de Saint-Paul piétinent impunément les droits des femmes, sans droit de réponse.

Le présentateur Aymeric Pourbaix y présente avec aplomb les « 73 millions, soit 52% des décès », causés par l’avortement, infographie à l’appui. Toujours plus loin dans l’ignominie, le cancer et le tabac y sont présentés comme des causes moins importantes de décès dans le monde. Fake news et indignité morale font bon ménage chez CNEWS, une fois de plus.

Pendant une heure, les invités enchaînent les poncifs plus sinistres les uns que les autres. Une émission où l’on apprend qu’avorter est « contraire à la mission de la femme », que le principe « tu ne tueras point » doit s’appliquer à la lettre à toutes les femmes ou encore que l’avortement les empêche d’être heureuses.

En somme, une émission où l’avortement n’est plus un choix personnel de chaque femme, mais devient explicitement un « enjeu de civilisation », si cher aux théories d’extrême droite de la chaine.

Les dirigeants de CNEWS n’en ont que faire qu’une femme meurt toutes les 9 minutes des suites d’un avortement clandestin. Ils n’en ont que faire non plus que les femmes pâtissent d’un d’inégal accès à l’IVG sur le territoire français ; et que 130 centres d’IVG aient fermé leurs portes depuis 15 ans. Ces éditorialistes masculinistes sont trop occupés à inventer un chiffre de morts fictifs à partir du nombre d’avortements. Et à l’heure où l’IVG s’apprête à être inscrite dans la Constitution, le plateau assène finalement : « une aberration ».

Pour aller plus loin : Pascal Praud sur CNEWS : parodie ou réalité ?

En commission, CNEWS s’enlise dans son agenda anti-droits des femmes

Depuis ce matin, un certain nombre de cadres dirigeants et chroniqueurs de la chaîne CNEWS sont auditionnés à l’Assemblée nationale. La députée LFI Sarah Legrain met Thomas Bauder, directeur de l’information de CNEWS, face à ses contradictions. Alors que la chaîne présente grossièrement cette séquence d’une heure comme le fruit d’une erreur technique, Sarah Legrain rappelle qu’au-delà de l’infographie, c’est toute l’émission qui remet en cause nos fondamentaux.

« Nous avons fait le choix d’un plateau sans militantes féministes pour la constitutionnalisation de l’IVG. C’est notre ligne éditoriale », confie Bauder. Une belle vision du pluralisme chez CNEWS, pour qui le choix d’un plateau entièrement anti-avortement est un choix assumé. « C’est notre ligne éditoriale, une certaine sensibilité sur l’IVG », déclare-t-il. Bien loin d’une « erreur technique », CNEWS reconnaît en direct un agenda idéologique d’extrême droite qui assume d’insulter des millions de femmes en direct.

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