institut La Boétie
Crédits : Claire Jacquin.

L’institut La Boétie, fondation insoumise, a fêté ses 1 an

Ambiance studieuse et chaleureuse jeudi 1ᵉʳ février 2024 dans le 10ᵉ arrondissement de Paris où près de 200 personnes se sont réunies pour les 1 an de l’Institut La Boétie, la fondation insoumise qui monte partout en puissance. « Un lieu d’élaboration intellectuelle, d’éducation populaire, de dialogue entre mondes politique, intellectuel et culturel », voilà comment était décrit, il y a un an, la fondation co-présidée par Clémence Guetté et Jean-Luc Mélenchon lors de son lancement au réfectoire des Cordeliers à Paris, auquel participaient de nombreuses personnalités, dont la Prix Nobel de littérature, Annie Ernaux.

Un an plus tard, le pari est réussi. Le week-end dernier, la 3ᵉ promotion du « cursus renforcé » de l’Institut – l’école de formation sur la pensée critique et les formations militantes – a fait sa rentrée, avec à nouveau 70 élèves de tous âges venus de toute la France pour un an d’étude. Après les promotions Louise Michel et Thomas Sankara, la nouvelle promotion a décidé de prendre le nom de la militante communiste, antiraciste et féministe Angela Davis. Un cursus qui fait partie de ce « travail intellectuel qui a été accompli et qui joue un rôle décisif dans la bataille politique », comme l’a souligné Clémence Guetté.

Conférences et évènements à la chaîne et de haute qualité, notes, succès d’audience, bilan des animateurs des départements, la co-présidente de l’Institut est revenue sur les défis réalisés par l’Institut avant de présenter les futurs chantiers pour l’année à venir. Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie a conclu cette soirée de bilan, rappelant le socle et la matrice du mouvement révolutionnaire auquel contribue la fondation : « La théorie sans la pratique est inutile, la pratique sans la théorie est aveugle ». Notre article.

Le « cursus renforcé » : une formation sur la pensée critique et les pratiques militantes insoumises

Sur l’estrade, les témoignages de Nadia et Thomas, élèves de la promotion Louise Michel ont rappelé « l’expérience humaine dégagée par les militants qu’on voyait tous les mois à chaque fois […] on mangeait ensemble, on dormait ensemble pour certains […] », soulignant également la qualité des enseignements reçus. « Cela a été une expérience très riche. On a eu un an de formation à raison d’un week-end par mois qui ont été très intenses. On a eu 4 parcours différents : le matérialisme historique, l’ère du peuple et les enjeux contemporains, l’humanisme global et les pratiques militantes ».

Antoine Salles-Papou, le responsable de l’école de formation, a rappelé que de nouvelles promotions vont arriver en plus de la promotion Thomas Sankara qui poursuit son parcours et une 3ᵉ promotion qui a commencé ce week-end. « On va continuer comme ça, une fois tous les 6 mois, à constituer des promotions de 70 militantes et militants », a-t-il détaillé. Soulignant à la fois le travail que cela représente et la diversité des profils sélectionnés parmi les plus de 500 militants qui ont suivi une formation de l’Institut La Boétie en 1 an.

Il raconte : « C’est un travail titanesque puisqu’on a, à chaque fois, entre 900 et 1500 candidatures selon les fois. On en choisit 70. Donc, évidemment, c’est un travail très fin qu’on fait pour avoir les insoumis dans leur grande diversité représentée. À la fois dans leurs différentes implications dans le mouvement, mais aussi des jeunes, des moins jeunes, des gens qui ont arrêté l’école avant le bac, des gens qui sont allés jusqu’au doctorat. On essaie de faire ce travail, de représenter toutes les régions et promotion par promotion tous les départements de France. On va reprendre dans 5 mois et donc il y aura une 4e promotion en septembre 2024 ».

En plus du cursus renforcé, plusieurs stages régionaux ont eu lieu et d’autres auront lieu en février à Caen et Lyon.

La soirée s’est poursuivie avec un bilan des travaux et des événements proposés par l’Institut La Boétie. L’année 2023 a été marquée par un travail acharné, des salles combles lors des 24 événements organisés, la réalisation de 21 productions écrites d’une grande qualité, et des audiences en ligne très satisfaisantes.

Cécile Gintrac, du département de géographie, a rappelé la visite des géographes renommés Andreas Malm et David Harvey, ainsi que du philosophe japonais Kohei Saito. Aurélie Trouvé, du département d’économie, a souligné le succès des journées économiques, qui se sont avérées être un véritable lieu de débat contradictoire. L’Institut La Boétie avait alors fait le pari de l’ouverture. Un colloque sur l’extrême droite a également été organisé, enrichissant ainsi le panorama des sujets abordés au cours de l’année.

Pour aller plus loin : L’Institut La Boétie organise ses « Journées économiques » avec un casting impressionnant

Institut La Boétie : les nouveautés 2024

De nombreuses annonces ont été dévoilées lors de cet événement. Tout d’abord, Fanny Gallo, du département d’histoire, a révélé la publication prochaine d’un livre collectif par le laboratoire « extrême droite » au cours de cette année. Isabelle Garo, du département de philosophie, a annoncé une Journée d’étude sur la philosophie de l’État, prévue pour le 6 avril 2024. Andreas Malm sera de retour courant mars, et Eric Berr, du département d’économie, a annoncé une note à venir sur l’entreprise

Mais la grande nouveauté annoncée pour l’année 2024 était les consultations. Marlène Benquet et Arnaud Le Gall ont dévoilé la mise en place de deux consultations, l’une sur le thème du travail, un concept omniprésent dans nos vies et dans la société, et l’autre sur l’intelligence artificielle. Ces consultations aborderont ces sujets sous divers angles tels que l’économie, la géopolitique, le social. Elles visent à mener une bataille culturelle sur ces questions cruciales. Le principe : un travail au long cours, sur un an, qui va mêler notes, événements et auditions et qui débouchera sur un rapport de synthèse et des préconisations pour le bloc populaire à la fin de l’année.

Clémence Guetté de préciser : Les consultations « vont nous permettre de mener des réflexions de plus long terme […] le but étant de produire un rapport qui donnera lieu à une restitution, à des recommandations, des préconisations dont peuvent s’emparer toutes celles et ceux qui le souhaitent ».

En l’espace d’un an, l’Institut La Boétie a réussi à devenir un pôle d’attraction majeur pour des intellectuels de premier plan, tout en jouant un rôle crucial dans l’émergence d’une alternative de rupture significative. Tout au long de cette année, l’institut s’est engagé à poser un diagnostic politique pertinent, à proposer un contre-récit hégémonique, et à imposer ses idées. Ces efforts ont non seulement contribué à fournir des clés de compréhension et d’analyse dans les domaines politique, économique et culturel, mais ont également démontré l’impératif de cette démarche pour remporter la bataille.

C’est Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie qui a conclu cette soirée de bilan en soulignant : « La théorie sans la pratique est inutile, la pratique sans la théorie est aveugle ».

Par Rayan Haciane