Nouveau week-end de mobilisation contre l’A69 du 20 au 22 octobre 2023. Le camp de base est déjà établi à Saix, près de Castres, où chaque opposant à ce projet d’autoroute inutile entre Toulouse et Castres peut déjà se rendre.
Ce projet fait l’unanimité, contre lui et à tous les niveaux. 61% des habitants des deux départements concernés souhaitent l’abandon du projet. 1500 scientifiques se sont prononcés contre. Les élus locaux sont, eux aussi, vent debout.
L’Insoumission.fr a déjà publié de nombreux articles à ce sujet et appeler à rejoindre les mobilisations. Ce nouvel article récapitule les principaux arguments pour rappeler en détails l’étendue de l’aberration du projet et ses dégats. Le 22 et 23 avril, la dernière grande manifestation avait rassemblé plus de 8 000 personnes dans la joie et la détermination.
Après une première suspension des travaux la semaine dernière, ce nouveau week-end de mobilisation pourrait amorcer une profonde bifurcation. Le contre-projet est déjà bien réfléchi. Baptisé Une Autre Voie, il sera présenté dès demain, vendredi à 18h15 heures au camping du Ramdam. Toute l’organisation a été pensée pour permettre à chacun de d’apporter sa pierre à l’édifice, de lutter pour abattre une même cible selon ses modes opératoires et le fond idéologique de chacun.
La grande incertitude qui demeure est celle de la doctrine du maintien de l’ordre. Quel sera le choix de Gérald Darmanin ? La répression ultra-violente de Sainte Soline ou l’encadrement pacifiste d’une liberté fondamentale garantie par la Constitution ? Notre article.
Argument 1 : les émissions de CO2 augmente au carré de la vitesse
La consommation de carburant augmente au carré de la vitesse, rouler plus vite, c’est donc polluer beaucoup plus. Alors que les Pays-Bas viennent de réduire la vitesse maximale sur les autoroutes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la France de Macron paraît totalement à contre-courant. A force de vouloir aller toujours plus vite, la droite française est de plus en plus à la traîne.
Rappelons qu’à deux euros le litre, rouler à 137 kilomètres heures devient une activité de plus en plus réservée à une minorité. Surtout quand il faut y ajouter les 17 euros de péage.
Argument 2 : cette subvention publique à la voiture individuelle serait plus utile dans les transports en commun
Voyager en voiture entre Toulouse et Castres émet pour l’instant 3 fois plus de CO2 que de le faire en TER et 8 fois plus que de le faire en autocar. Les 23 millions d’argent public prévus pour le projet seraient bien mieux investis dans des transports en commun dont les capacités sont aujourd’hui insuffisantes dans toute la région toulousaine. Ils pourraient également servir à électrifier la ligne ferroviaire ce qui diviserait pas 5 les émissions de CO2 (donc 25 fois moins émetteurs que le même trajet en voiture)
Argument 3 : l’autoroute accentue les inégalités territoriales
L’autoroute favorise le développement des métropoles. Au détriment des zones rurales autour. Une des raisons est le nombre bien plus faible de sorties et donc la moins bonne desserte pour toutes les villes moyennes entre Toulouse et Castres qui n’auront pas “leur sortie” d’autoroute. Et dont le temps de trajet devra maintenant compter tout le temps pour se rendre à l’autoroute. A cela s’ajoutent les très fortes nuisances sonores pour tous les villages longés par l’infrastructure. Tout cela explique pourquoi de nombreux élus des petites villes s’opposent à l’A69.
Argument 4 : les gains économiques ne valent pas les coûts sociaux et environnementaux
Les « externalités négatives », c’est le petit secret puant du capitalisme. Celui qui permet de vendre les pesticides ultra-nocif type glyphosate comme du progrès. Pour celui qui l’utilise, cela peut permettre de produire et donc de rapporter plus. Mais le bilan commun est catastrophique. Entre la destruction de l’écosystème, donc l’appauvrissement des sols à long terme et l’épidémie de maladie chez ceux-là même à qui les capitalismes ont vendu une vie de rêve avec ces produits, où est le progrès ?
Voici les externalités cités par les scientifiques concernant l’A69 : pertes de terres agricoles et d’espaces sauvages (400 hectares quand même), risque de développement de cancers lié bitume chauffé, choc psychologique pour les familles expropriées qui vivent parfois là depuis plusieurs générations. Qui va payer pour réparer les dégâts ? Sûrement pas le concessionnaire Atosca qui va en revanche engranger les profits du péage. A 17 euros l’aller-retour, et 2000 euros pour l’abonnement, le concessionnaire a déjà des garanties sur des profits qui seront assurément en béton armé.
Argument 5 : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes
Tactique classique du greenwashing, le concessionnaire annonce que 5 nouvelles pousses seront plantées pour chaque arbre centenaires tronçonné. Il n’y a que la vision totalement marchandisée de la nature que l’on peut penser comme cela. En effet, dans l’illusion capitalistique d’un vendeur de bois aggloméré, un kilo de bois jeune ou vieux, c’est pareil, réduit en charpie, ça vaut le prix de son poids et c’est tout.
Mais dans le monde réel, chaque arbre, surtout les plus anciens, est un élément essentiel de la régulation de tout un écosystème local et du cycle de l’eau. De plus, couper un arbre centenaire, c’est rejeter dans un temps très court du CO2 qui a été stocké depuis 10 décennies.
Penser en termes de compensation carbone, c’est réduire un des systèmes les plus riches et les plus variés, la nature, à une seule variable, les émissions à court terme de CO2.
Sur le site Une Autre Voie, qui présente un projet alternatif, un schéma récapitule les chiffres chocs pour convaincre autour de vous de l’aberration de ce projet.
Le bloc populaire contre l’A69
Une telle avalanche de critiques explique l’étendue du front populaire contre ce projet ultra-capitaliste. En juin 2023, 239 élus locaux ont écrit une lettre ouverte dans Mediapart pour le dénoncer.
Cet automne 200 puis 1500 scientifiques s’associent dans des tribunes pour demander l’abandon du projet. Puis c’est au tour de 750 personnalités de rassembler leur signature en bas d’un texte contre l’A69. Le 22 et 23 avril, plus de 8000 personnes manifestent.
C’est tout un peuple qui se crée autour de cette résistance. La force de cette lutte, c’est son ancrage politique profond. À la racine du mot : quelle organisation pour la cité ? Une grande artère pour relier deux grands points et traverser au plus vite le désert qui les sépare ? Ou bien un espace-temps plus respectueux du cycle naturel, où l’on va moins vite, mais où chaque trajet est l’occasion de découvrir des écosystèmes différents, de rencontrer les humains qui les habitent.
Ramdam sur le Macadam, l’occasion de changer de voie
Le week-end de mobilisation s’appelle cette fois-ci Ramdam sur le Macadam. Premier temps fort, la présentation du contre-projet Une Autre Voie à 18h15 vendredi 20 octobre.
Toute l’organisation a été pensée pour permettre à chacun de participer, de lutter selon ses envies et les modes opératoires en accord avec sa vision de la lutte politique.
Pour accéder en temps réel à toutes les informations vous pouvez rejoindre cette boucle télégram : https://t.me/SortieDeRoute_A69
Vous y trouverez un programme détaillé, des consignes de sécurité et de respect des besoins des autres personnes présentes.
Depuis ce matin du 19 octobre, le camping Ramdam, créé pour l’occasion, est ouvert. Vous pouvez vous y rendre dès aujourd’hui.
À toutes les personnes qui répondront à l’appel des Soulèvements de la Terre et de toutes les associations qui combattent ensemble, prenez soin de vous et des gens qui vous entourent.
Abattons la citadelle.
Pour celles et ceux qui ne pourront pas s’y rendre, l’insoumission.fr aura plusieurs yeux et oreilles sur place avec, à la clé, un récit exclusif de ce week-end de lutte dès la semaine prochaine dans nos colonnes.
