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A69 Toulouse-Castres : après une manifestation réussie, la lutte contre l’autoroute écocidaire continue

A69 Toulouse-Castres. Le week-end des 22 et 23 avril 2023, le collectif d’associations rassemblant La Voie est Libre, Confédération paysanne, eXtinction Rebellion et Les Soulèvements de la Terre ont appelé à une mobilisation contre le projet écocidaire de l’autoroute A69. Loin des fantasmes du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la manifestation était à la fois déterminée et joyeuse. Ce week-end a constitué un tournant dans cette lutte. Dans les jours qui viennent, de nouvelles actions en justice seront lancées. Récit de notre reporter sur place.

Le récit d’une manifestation joyeuse et déterminée, loin des fantasmes de Darmanin

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait que l’A69 Castres-Toulouse était « le prochain objectif de ces ultra-gauche » et que « des manifestations extrêmement violentes contre les forces de l’ordre et les symboles de l’État » auraient lieu à l’occasion de ce rassemblement. Par une négociation serrée avec la préfecture du Tarn, menées en particulier par Alain Hébrard, le représentant de la Confédération paysanne, les organisateurs ont obtenu le tracé qu’ils désiraient et surtout une invisibilisation des forces de l’ordre, pourtant mobilisées en nombre.

Ainsi, plus de 8 000 personnes accompagnées de nombreux élus, dont cinq députés de la France insoumise, ont pu montrer leur détermination à refuser ce projet inutile, destructeur, et constituant un véritable racket pour les habitants du Tarn.

Pour aller plus loin : Scandale : 400 hectares de terres agricoles et de zones naturelles menacées par le projet d’autoroute Toulouse Castres

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Ainsi, le samedi 22 avril a eu lieu une manifestation joyeuse, festive, mais très déterminée dans laquelle chacun avec ses convictions et ses pratiques militantes a pu trouver sa place pour tourner en ridicule l’aveuglement des élus qui poursuivent une course en avant mortifère, À ce titre, la course des bolides « caisses à savon » qui a déclenché un énorme enthousiasme était un parfait exemple, le vainqueur étant celui arrivé… dernier. Il repartait avec comme cadeau le fait de payer les 17 € du futur péage.

Les manifestants ont dressé un mur en travers de la portion à 2×2 voies de la route nationale 126, qui doit être, pour ce tronçon, intégrée à l’autoroute et donc privatisée. Si ce projet se fait, ils devront payer pour emprunter une voie qu’ils utilisent aujourd’hui gratuitement ! Ces parpaings à la fois le symbole d’une politique qui nous emmène « droit dans le mur » et celui de la détermination des collectifs pour que ce projet ne se fasse pas.

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Un tournant dans le combat contre l’A69

Le dimanche était consacré le matin à une assemblée des luttes permettant d’échanger entre les collectifs mobilisés sur la défense des communs, des terres agricoles, de l’eau… à travers toute la France. Quant à l’après-midi, elle a été l’occasion d’une passionnante table ronde « Face à l’urgence climatique, perspectives juridiques et militantes » avec la participation de Christophe Cassou (principal auteur du dernier rapport du GIEC), Alice Terrasse (avocate, spécialiste du droit de l’environnement en charge du dossier A69 pour les collectifs) et Harold Bernat (auteur, professeur de philosophie).

Un échange de haut vol. À l’engagement du scientifique confronté à l’inaction des politiques face à l’urgence climatique ont répondu une juriste bataillant avec les outils existants qui restent insuffisants et le philosophe de l’action dans la diversité des gestes militants. Concerts, performances théâtrales et circassiennes ont rythmé ces deux jours qui ont marqué à coup sûr un tournant dans la lutte contre l’A69.

Contre le projet écocidaire de l’A69, la lutte continue

Ce week-end n’était qu’un moment de la lutte. Dès le mardi 2 mai 2023, jour de rentrée parlementaire, la députée LFI-NUPES du Tarn Karen Erodi a interrogé le Ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, suite à ses déclarations sur le réexamen de tous les projets autoroutiers. Une fois de plus, la macronie a cédé aux lobbys et dans sa réponse, malgré l’affirmation précédente que l’A69 ne ferait pas exception. Clément Beaune a clairement dit que l’A69 étant un projet engagé, qu’il se ferait, tout en annonçant que de « améliorations » pouvaient être envisagées.

Alors que les collectifs citoyens attendent toujours une réponse à leur demande d’entretien avec le ministre concerné, celui-ci a indiqué qu’il allait recevoir très rapidement le concessionnaire chargé de la construction de l’A69, ATOSCA. Cette réponse a été reçue comme une provocation par les collectifs. Ils annoncent d’ores et déjà de nouvelles actions sur le terrain.

Aujourd’hui, les collectifs demandent un moratoire sur les travaux. Contrairement à ce que prétendent les partisans de l’A69, toutes les voies de recours ne sont pas épuisées. Dans les jours qui viennent, de nouvelles actions en justice seront lancées. Ce qui s’est passé pour le GCO (Grand contournement de Strasbourg) ne doit pas se reproduire, à savoir une justice qui arrive trop tard et donne raison aux opposants après que les travaux soient réalisés.

Par Bernard Cordier