Gaza. Depuis samedi dernier, médias comme représentants politiques français ont explosé tous les compteurs de la honte. Ils continuent de le faire, heure après heure. Tous, pourvoyeurs professionnels de polémiques, ont profité de l’horreur du conflit israélo-palestinien pour tenter de pourfendre La France insoumise et ses positions. « Ambigüe », « complice », « complaisante », « criminels » « haine d’Israël comme stratégie électorale » : les qualificatifs ne manquent pas. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives en France, ndlr) a été jusqu’à qualifier Jean-Luc Mélenchon d’« ennemi de la République » et l’accuse de « légitimer le terrorisme par sa mise en équivalence entre Israël et le Hamas ». Rien que ça.
La cause de ces attaques ignobles et infamantes ? Les prises de positions des insoumis en faveur de la paix, du refus du recours à la violence, du respect des résolutions de l’ONU. Construire la paix. Être pro-palestinien et pro-israélien en plaidant pour une solution à deux États. Condamner tous les crimes de guerre. Autant de positions et de propositions qui s’inscrivent dans les positions historiquement portées par la France depuis le Général de Gaulle et passées à la trappe par Emmanuel Macron, d’un coup de crayon.
Autant de positions insupportables pour la classe médiatique et politique qui ne voit pas de « guerre » mais un affrontement entre « terroristes » et un « État démocratique ». Les insoumis refusent ce schéma qui est le prélude du pire. Ils refusent d’applaudir des deux mains à l’Assemblée nationale lorsque la présidente appelle à un « soutien inconditionnel » à Israël au moment où le pays est engagé dans un blocus contraire au droit international
Macron et Borne évoquent le « droit d’Israël à se défendre ». Des tapis de bombes sur des populations civiles dans la bande de Gaza ? Un siège complet pour mater, assoiffer, affamer et massacrer les 2,3 millions d’« animaux humains » décrit par le ministre de la Défense israélien ? C’est donc cela le droit à la défense ? Participer à la « vengeance terrible » annoncée par Netanyahou ? Non, tout ceci est caractéristique de crimes de guerre. Les condamner comme le fait LFI revient, pour la classe dominante, à soutenir le Hamas.
Pour ces accusateurs publics, toutes les vies ne se valent pas. Leur indignation et leur humanité est sélective. La douleur d’une famille israélienne ne serait pas la même que celle d’une famille palestinienne ? Ils refusent de le concevoir, et préfèrent aboyer. Notre article.
Terrorisme ou crime de guerre ? Le confusionnisme dangereux de la classe médiatique et politique
Cette classe médiatique et politique n’a que faire des appels à la paix et au cessez-le-feu. La preuve par le communiqué commun d’Emmanuel Macron avec les USA, l’Allemagne, l’Italie de Meloni, et le Royaume Uni. Complètement vide de sens diplomatique, il ne contient pas un mot d’appel au cessez-le-feu, et encore moins d’appel à la paix.
Pour aller plus loin : Israël-Palestine : Macron s’aligne sur l’extrême droite israélienne contre les voix de la paix
L’alignement de leurs positions sur celles de l’extrême droite israélienne est total. Ce communiqué signe la fin du non-alignement, la fin de 70 ans d’efforts pour une solution pacifique, conforme au droit international, conforme à la résolution 181 approuvée par l’Assemblée générale des Nation-Unies le 29 novembre 1947.
Total hypocrise aussi en raison du calcul fait depuis des années par les nord-américains et Israël pour promouvoir et renforcer le Hamas, organisation islamiste, et affaiblir le Fatah, la représentation politique de la Palestine. Créer la confusion entre résistance palestinienne et islamique était et reste leur objectif politique. L’idée : tout faire, par tous les moyens possibles, pour empêcher la reconnaissance d’un État Palestinien. En 2017, le monarque présidentiel avait refusé net toute reconnaissance de l’Etat Palestinien car cela ne serait « pas efficace ». C’est bien de cela dont il s’agit : la reconnaissance d’un Etat Palestinien.
Pour empêcher que ce sujet ne revienne sur la table, toute la classe médiatique et politique française s’emballe, avec hargne, et résume la situation à un affrontement entre « terroristes » (les palestiniens pour eux) et un « État démocratique » (les Israéliens pour eux). À partir de cette matrice, c’est tout l’historique du conflit Israélo-palestinien qui se retrouve rayé d’un trait de plume.
C’est aussi le socle pour enrayer le chemin vers la paix et justifier le pire : les moyens de luttes contre le terrorisme ne sont pas les mêmes que ceux d’une guerre. Macron, Borne, le PS, EELV et bien d’autres, cette classe refuse de nommer les choses et s’aligne en cela sur l’extrême droite israélienne qui ne veut en aucune façon entendre parler d’un État palestinien.
Ils parlent de « terrorisme » pour ce conflit qui dure depuis 70 ans sur fond d’occupation illégale condamnée par l’ONU. Ils veulent réduire la situation à un conflit « interne » à l’Etat d’Israël, qui aurait toute latitude pour faire comme bon lui semble. C’est bien pour cette raison qu’ils ne parlent pas de « guerre ». Comment faire la « paix » quand il n’y a pas de guerre ? C’était bien le propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine sur France Info ce matin.
LFI rend hommage à toutes les victimes, mais refuse de s’associer aux offensives israéliennes contre Gaza
Pour empêcher de parler du conflit, de sa résolution par le respect des résolutions de l’ONU, du cessez-le-feu, les manipulations et les mensonges vont bon train. Cet après-midi, la Présidente de l’Assemblée nationale a instrumentalisé un hommage aux victimes pour affirmer un soutien « inconditionnel » au gouvernement israélien. Comment soutenir le siège de Gaza ? Comment soutenir ceux qui traitent les Gazaouis comme des « animaux humains » ?
Les insoumis refusent de s’associer aux offensives israéliennes. Ils ont rendu hommage aux victimes, mais n’ont pas applaudi ce discours qui équivaut à donner un blanc-seing pour toutes les exactions de Benjamin Netanyahou. Là-dessus, un journaliste a rempli son office de manipulation professionnelle en faisant croire, sur Twitter, que les insoumis n’auraient pas applaudi l’hommage aux victimes. Grossière et honteuse manipulation.
La même tentative de manipulation avait été faite par Thomas Sotto à la fin de l’émission « Les 4 vérités » (sur le service public) dans laquelle Manuel Bompard intervenait. Le présentateur termine en disant : « Donc votre position c’est ‘oui mais’ » en tentant de lui prêter des propos qui n’étaient pas les siens. Avec vives réactions, le coordinateur national de la France insoumise a rappelé à l’ordre le journaliste, qui n’a pas insisté dans son mensonge. Les exemples sont légion, et des milliers de caractères seraient nécessaires pour tous les énumérer.
Favorables à la paix, LFI n’a aucune envie de rejoindre l’arc des faiseurs de guerre
Dans cette séquence, les lignes du mal nommé « arc républicain » bougent comme la tectonique des plaques. La honteuse « marche » du CRIF l’a montré hier au cours de laquelle les pires horreurs ont été proférés et à laquelle participaient le PS, EELV aux côtés du RN, Renaissance et Reconquête. A cette « marche », le député fasciste Julien Odoul a affirmé vouloir « éradiquer Gaza mais aussi la France insoumise ». A ses côtés, d’autres manifestants poursuivent et abondent dans son sens : « Il faut éradiquer Gaza, même les enfants. ».
Qui a relevé ? Personne, à part les premiers visés. Quelle réaction pour ce député RN qui parle d’éradication ? Le député Meyer Habib l’a décoré à sa façon : « Le RN est rentré dans le camp républicain ». Tous ceux qui refusent de donner un blanc-seing à l’extrême droite israélienne pour se « défendre » (comprendre : lancer des offensives sur le peuple palestinien) sont classés hors de cet arc.
Cela tombe bien : les insoumis n’ont en aucune façon la volonté de le rejoindre. Rien de neuf sous le soleil. Cet « arc de la guerre » s’est aussi confirmée tout à l’heure à la séance de questions orales au gouvernement à l’Assemblée nationale. Des députés macronistes ont applaudi des députés RN.
Une chose est sûre et rassurante : les voix de la paix sont nombreuses. Les pourvoyeurs de guerre sont isolés, n’en déplaise aux titres médiatiques qui pullulent et continuent leur musique habituelle : « insoumis isolés » « insoumis qui se craquellent ». À croire qu’ils confondent les insoumis avec du carrelage alors qu’ils sont de fait en béton armé… pour la paix.
Pour aller plus loin : ALERTE INFO – Le « siège » de la bande de Gaza interdit par l’ONU, les appels à la paix se multiplient
Ces voix de la paix, ce sont celles du secrétaire général de l’ONU, de chefs d’Etat, de prix Nobel de la paix, de l’Union africaine, de la CGT, de FSU, de FO, du président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères. Dès le 8 octobre, le Pape François a aussi déclaré : « La guerre ne mène à aucune solution, seulement à la mort ». Une prise de position presque identique à celle de Jean-Luc Mélenchon mise en ligne sur Twitter : « toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même. ». Une voix de plus en faveur d’une solution diplomatique pour construire la paix.
Ces voix de la paix, ce sont aussi celles d’États, qui comme l’Espagne, le Danemark et l’Irlande se sont opposés à la suspension de tous les paiements de l’aide européenne à Gaza prévue par la commission européenne qui a finalement rétropédalé.
Quand est ce que la France retrouvera t-elle enfin le langage de la paix pour parler au monde ? A quand la prise de positions pacifiques pour assurer l’harmonie entre deux peuples, les Palestiniens et Israéliens ? A quand un retour à la raison pour que cesse la cacophonie guerrière qui fait honte à la France et l’isole sur la scène internationale ?
Sylvain Noel, rédacteur en chef