Israël Palestine Macron

Israël-Palestine : Macron s’aligne sur l’extrême droite israélienne contre les voix de la paix

Israël-Palestine. Ce 10 octobre, un peu avant une heure du matin, alors que le gouvernement israélien organise le siège et le blocus total de la bande de Gaza, Emmanuel Macron publie un communiqué rédigé en commun avec « l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis ». Le Président raye ainsi d’un coup de crayon 70 ans de tradition diplomatique française. C’est la fin du non-alignement, la fin de 70 ans d’efforts pour une solution pacifique, conforme au droit international, conforme à la résolution 181 approuvée par l’Assemblée générale des Nation-Unies le 29 novembre 1947

Aucune mention de cessez-le-feu ou d’appel à la paix, tels que ceux de l’Union africaine, l’ONU, d’une majorité d’États dans le monde, des prix Nobel de la paix. « Soutien ferme et uni à Israël dans ses efforts pour se défendre. » Au même moment parvenaient les images des bombardements israéliens, qui ressemblent à s’y méprendre à des opérations offensives sur la bande de Gaza, incluant notamment des bombardements dont de nombreuses victimes sont des civils. Un nouveau crime de guerre donc. Notre article.

Macron rompt avec la position diplomatique traditionnelle de la France

Le ministre de la Défense et le Premier ministre israëlien ont été on ne peut plus clairs dans leurs intentions. Ils ne se limiteront pas à la défense. Leur but est annoncé : se venger. Ils appellent la population à quitter la bande de Gaza tout en accentuant le blocus sur ce même territoire. Évacuer ces 2 millions de personnes est aujourd’hui tout simplement impossible. Tout le monde le sait. Si Israël met effectivement en œuvre tous les moyens à sa disposition pour « raser le Hamas », les victimes civiles se compteraient par milliers.

Pourtant, Emmanuel Macron n’en tient pas compte. Il persiste et signe dans son blanc-seing donné à la politique de la vengeance ordonnée par Benjamin Nethanyaou, Premier ministre israélien à la tête d’une coalition d’extrême droite.

Ainsi, Emmanuel Macron confirme la dérive de la diplomatie française. Bien loin de sa tradition gaullo-mitterrandienne, celle du respect du droit international, celle du non-alignement systématique sur quelque pays que ce soit, celle du choix, au cas par cas, en fonction de nos valeurs et de cet objectif central, cardinal des relations internationales : la paix. 

Ce communiqué marque également un énième rapprochement d’Emmanuel Macron avec Giorgia Meloni, leader d’extrême droite et chef du gouvernement italien. Pour rappel, Mme Meloni affirme sans complexe que Mussolini avait été « un bon politicien », et même le « meilleur politicien de ces cinquante dernières années »

À la suite de ce communiqué, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, refuse de poser la moindre limite dans le soutien à la riposte israélienne. La veille, le ministre de la Défense avait traité la population palestinienne de Gaza : « d’animaux humains ». Cet abandon de la position diplomatique historique de la France depuis le Général de Gaulle pour s’aligner sur l’extrême droite israélienne est une flétrissure de la place de notre pays dans le monde

Des députés vont jusqu’à traiter des journalistes de responsables des actes antisémites en France pour avoir osé montrer une femme et son enfant palestinien après le bombardement de la bande de Gaza.

En face de cette clique vengeresse, le camp de la paix s’organise en France et à l’international

Dès le 8 octobre, le Pape François déclare : « La guerre ne mène à aucune solution, seulement à la mort ». Une prise de position presque identique à celle de Jean-Luc Mélenchon mise en ligne sur Twitter : « toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même. »

Dans la nuit du 8 octobre, l’Union africaine lance « un appel pressant aux deux parties de mettre fin aux hostilités militaires et de revenir, sans conditions, à la table de négociations ». Puis, c’est au tour du Secrétaire général de l’ONU de s’inquiéter de l’escalade et de rappeler la nécessité pour Israël de respecter le droit international. 

En France, le 9 octobre, Laëtitia Bucaille, professeur de sociologie politique, spécialiste du conflit israélo-palestien rappelle que considérer la population comme « des sauvages » ouvre la voie à « les supprimer purement et simplement ».

Quelques heures plus tard, Beligh Nabli, directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) confirme qu’avec ce communiqué d’Emmanuel Macron « où il n’y a plus de référence au processus de paix », le Président impose à la diplomatie française un glissement, une mise à distance de la position historique de la France, la seule conforme au droit international : la paix par la solution à deux États. 

Dans le même temps, les soutiens traditionnels d’Emmanuel Macron refusent d’appartenir au camp de la vengeance et prennent leur distance avec la position exprimée par le Président français

C’est le cas par exemple de Jacques Attali à qui l’actuel locataire de l’Élysée doit une grande partie de son ascension dans les hautes sphères de l’État. Il écrit : « Le scénario du pire : le gouvernement israélien lance des représailles aveugles contre la population de Gaza ; les colons attaquent des villages arabes en Cisjordanie ; le Hezbollah entre dans la bataille… Personne n’en sortirait vivant. C’est ce que cherchent les partisans du chaos. »

Dans la foulée, Jean-Louis Bourlanges, député Modem et président de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, déclare : « la solution des deux États était la seule« . « Elle a été clairement abandonnée, et elle n’a pas été remplacée ».

Israël-Palestine : le 10 octobre, le camp de la paix poursuit sa construction

Ce matin du 10 octobre, la CGT publie un communiqué intitulé : « Pour une paix juste et durable entre Israël et la Palestine ». 

image 2

Gilles Kepel, professeur des universités à l’université Paris Sciences et Lettres (PSL) qui dirige la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’École normale supérieure, pointe la responsabilité du Premier ministre israélien. En cause : deux révélations accablantes contre Netanyahu. 

D’une part, des journalistes, comme Tal Schneider, accusent le Premier ministre d’avoir contribué à la montée du Hamas. Dans son article paru le 8 octobre intitulé « Pendant des années, Netanyahu a soutenu le Hamas. Aujourd’hui, on en paie le prix » publié dans Times of Israël, la journaliste écrit : « Israël autorise depuis 2018 des valises contenant des millions en argent qatari à entrer à Gaza par ses points de passage, afin de maintenir son fragile cessez-le-feu avec les dirigeants du Hamas dans la Bande de Gaza. »

D’autre part, le journal israélien, Yedioth Ahranoth accuse le Premier ministre d’avoir pris à la légère les avertissements du ministre égyptien des renseignements sur une opération terrible en préparation depuis Gaza. 

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, s’est, lui aussi, exprimé ce matin sur France info. À la question « Faut-il parler de guerre ou de terrorisme ? », il a répondu sans détours : « De guerre, bien sûr », en rappelant les positions historiques du camp de la paix.

Mettre un terme à l’escalade de la vengeance, c’est le principe même de la diplomatie

Le monde a besoin que la France retrouve sa tradition diplomatique. Chaque jour, le camp de la Paix gagne des forces. Des responsables politiques le rejoignent chaque jour. Les universitaires spécialistes de relations internationales légitiment unanimement ce positionnement. De plus en plus de médias montrent les sanglantes conséquences pour les civils palestiniens, victimes des représailles israéliennes. Ainsi, les peuples prennent conscience de l’impasse politique et de la souffrance humaine provoquées par la politique de la vengeance de part et d’autre de la frontière.

En face, le camp de la vengeance, qui a saturé dans un premier temps l’espace médiatique français, se fissure et se décrédibilise au fur et à mesure. Car la vengeance n’appelle que la vengeance. La mort répond à la mort. Pour la sécurité commune, il n’existe qu’une seule et unique solution à cette situation : la désescalade. Et oui, cela veut dire un moment accepter de ne pas se venger. De s’asseoir et de discuter avec ses ennemis, avec ceux qui parfois ont tué des proches, des amis. Mettre un terme à l’escalade de la vengeance, c’est le principe même de la diplomatie. Et c’est ainsi, seulement ainsi que se construit la paix. 

Par Ulysse