Chikirou

Sophia Chikirou : le complément de ragots qui a viré au vaste flop

Chikirou. Des semaines de teasing, des bandes annonces hollywoodiennes à répétitions, des articles de presse en tir groupé qui ont fait la Une de tous les médias du pays : voilà ce qui a précédé le Complément d’enquête de ce soir. Tout ça pour quoi ? Pour du vide et du néant intersidéral. L’émission annoncée avec tant de fracas par toute la classe médiatique était censée être « exclusive », « choc », des « révélations » qui allaient « détruire la France insoumise » et « mettre dans l’embarras l’ensemble des insoumis ». Les qualificatifs n’ont pas manqué. On comprend mieux l’intensité des tirs qui ont précédé. Chaque composante de la classe médiatique y est allée de sa petite musique. Alors, ce complément a t-il « détruit la France insoumise » ? En aucune façon.

Dans les faits, l’émission qui se voulait une « enquête » n’était qu’une immense coquille vide. Une succession d’images vues et déjà vues encore et encore. Même le journal Le Parisien le dit ce soir  » le reportage ne comporte pas de révélations fracassantes, il dresse un portrait peu flatteur de la communicante ». Tout est dit « pas de révélations fracassantes ». La phrase indique aussi la ligne retenue par les journalistes : le reportage dresse un « portrait peu flatteur » : il ne s’agissait donc en aucune façon d’une enquête mais d’un portrait d’une députée mal aimée par la classe médiatique.

Aucune exclusivité dans la soirée donc, mais une succession de sexisme sans retenue : « Dame de pique » ; « Bras armé de Jean-Luc Mélenchon », « Reine mère », les sobriquets n’ont pas manqué pour dépeindre la députée de Paris en « sorcière ». Dans l’ensemble, l’émission donnait l’impression d’un documentaire périmé. A une minute, on y voit le replay d’une vidéo de Jean-Luc Mélenchon avec sa salade de quinoa, à la minute d’après on voit des journalistes de l’émission essayer en vain d’obtenir des exclusivités sur des sujets qui n’ont rien d’exclusifs. Tout est vide.

Deux députées de Paris contre toute la capitale

Dès la constitution de leur mouvement et de leur groupe parlementaire à l’Assemblée nationale en 2017, les insoumis et leurs alliés ont toujours été la cible d’attaques sexistes à répétition, en plus de toutes les autres attaques portées à leur encontre. Salir, fouiller le passé, réduire les femmes militantes à des manipulatrices ou des furies, la méthode est toujours la même. Dans la séquence actuelle, deux militantes ont été désignées comme des cibles de choix pour tenter d’affaiblir la force de frappe de l’opposition au camp présidentiel. Il s’agit de Sandrine Rousseau (EELV) et Sophia Chikirou (LFI). Toutes deux sont désormais en examen médiatique.

Pourquoi elles ? Comment ont-elles été désignées ? Personne ne le sait.  Les journalistes de l’Insoumission.fr n’ont malheureusement pas pu accéder aux relevés de décision de la classe médiatique. La sentence est tombée il y a déjà quelques temps, mais se précise jour après jour. À elles deux, elles représentent une alternative et un monde que ne supportent pas les tenants de l’ordre injuste de la société et leurs chiens de garde.

Toutes deux députées de Paris, elles ont contre elles toute la capitale. En parallèle, aucune des femmes qui exercent un réel pouvoir institutionnel n’est inquiétée : leurs existences sont laissées en paix. Ce n’est pas le cas de ces deux députées. Nouvel exemple d’un deux poids deux mesures qui caractérise l’exercice du pouvoir de la minorité présidentielle.

Chikirou, Rousseau : deux portraits de « femmes sorcières »

Il suffit de tendre l’oreille ou d’ouvrir les yeux quelques secondes pour vérifier le caractère sexiste du choix des cibles. Le mode d’incrimination le confirme aussi. Sophia Chikirou et Sandrine Rousseau sont dépeintes comme « femme sorcière » avec toutes les caractéristiques classiques qui s’y attachent. Toutes deux exerceraient une influence cachée et les pouvoirs qui vont avec. Elles sont présentées comme des harpies virulentes, dignes d’un dessin animé sur Gulli.

Toutes deux sont pointées du doigt, car elles auraient trahi leur engagement officiel : elles seraient des usurpatrices et des simulatrices. Rien que ça. Dans le cas de Sophia Chikirou, la machine médiatique s’emballe de plus belle en raison de son patronyme qui fait écho au racisme ambiant promu dans tout le pays. Depuis des mois, la petite musique n’arrête pas. Les créateurs de l’émission peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Ils ont voulu des garanties sur le niveau de tweet et de retweet sur les réseaux. Un seul objectif : faire le buzz. Ils ont réussi dans leurs teasings, mais la coquille vide de l’émission les coiffe au poteau. L’Insoumission.fr vous l’a montré maintes et maintes fois par notre série « Éditorialistes de plateaux » : taper sur la France insoumise assure de bonnes recettes. L’appartenance de Sophia Chikirou au mouvement innsoumis permet aussi aux procureurs médiatiques de tirer à boulets rouges, sans nuances et sans inquiétudes, pour tous les aspects diffamants ou ridicules de leur démarche.

Compléments de ragots : l’enquête fait du Closer

Dire que Complément d’enquête fait du Closer est mesquin pour ce dernier magasine, car il porte une ligne assumée. Pour Complément d’enquête, c’est autre chose. Le nom de l’émission porte tout de même le nom « enquête ». Et au vu du dossier, le « Complément » mériterait d’être renommé en « Faites entrer les accuséEs ». Ici, dans le cas présent, tout le dossier d’accusation est une compilation de ragots et d’accusations sans fondement et… En aucune façon nouvelle. Rien de neuf sous le soleil. Pendant une heure et dix minutes, personne n’aura rien appris. La frustration des ennemis de la France insoumise doit être totale.

Tout ce qui est relayé l’a déjà été, encore et encore, et a déjà fait l’objet de réponses et de répliques, encore et encore.

La seule nouveauté ? Faire dans un sensationnel jamais vu. C’est un spectacle. Puis rajouter à cela une couche de lourdes insinuations sexistes, en plus de celles qui avaient déjà été formulées dans le passé, et hop, le buzz est assuré. Sur « Quotidien », le présentateur a décrit l’accusée comme une femme de très haute influence, la numéro deux de LFI. Rien que ça. Leurs équipes n’ont sans doute pas bien vérifié et analysé l’organigramme de la coordination des espaces de la France insoumise.

Cela ne les intéresse pas. Ils auraient pourtant appris qu’être membre de cette coordination est le seul titre de Sophia Chikirou. Mais non, rien n’y fait. Elle serait numéro 2. C’est encore plus curieux quand on sait que la coordination ne compte aucune hiérarchie de numéro. Exit donc pour les autres femmes dirigeantes du mouvement.

Quid de la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot ? Quid de la présidente du groupe Gauche unie au parlement européen, Manon Aubry ? Quid de la co-présidente de l’Institut La Boétie, Clémence Guetté ? Quid des trois femmes secrétaires générales dans diverses instances. D’où vient donc le classement présenté par « Quotidien » ? Pourquoi l’accusée est-elle numéro 2 ? C’est évident, cela ne peut venir que de l’influence sur le gourou lui-même, Jean-Luc Mélenchon, lui et encore lui ! Le portrait sexiste atteint dès lors son paroxysme avec des sous-entendus d’une bassesse à laquelle personne ne réagit.

Quid des autres « accusations » ?

L’attaque sexiste, personnelle, contre Sophia Chikirou, est le fil conducteur. Le reste est presque anecdotique. A-t-elle bien brutalisé les collaborateurs du Media qu’elle a créé ? Que ces derniers l’aient eux-mêmes virée ainsi que quinze autres personnes et ses deux successeurs n’intéresse pas la classe médiatique. À quoi bon tempérer un propos que l’on veut implacable ? À quoi bon préciser toutes les pièces du puzzle ? Aucun intérêt, le tir doit être groupé contre ces deux femmes, sans laisser moindre doute et surtout éviter que cela tourne au conflit politique classique.

Autre accusation qui revient souvent : s’est-elle enrichie ? L’accusation a déjà été mille fois démentie. Manuel Bompard l’a rappelé ce matin : les journalistes du Monde auraient mieux fait de faire leur travail et de consulter le site de la Haute autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Comme députée, Sophia Chikirou a déclaré ses revenus pour les cinq années précédant son élection. Le coordinateur de la France insoumise l’a rappelé « Sophia Chikirou a touché entre 4000 et 5000 euros par mois ». En parallèle, Benjamin Griveaux, porte parole du Président de la République en touchait 8000. Une chose est sûre : tous les chiffres avancés par les journalistes tant sur Sophia Chikirou que sur Mediascop sont faux et infondés.

Pour en savoir plus : Stop aux mensonges des médias sur Sophia Chikirou et sa société Mediascop

Quid des comptes de campagnes de Jean-Luc Mélenchon ?

La référence aux comptes de campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon est aussi fréquente. Les accusateurs rappellent-ils que les comptes ont été validés par le conseil constitutionnel, et ce, depuis cinq ans ? Non, encore une fois, le tir doit être groupé et ne pas laisser de place aux doutes. Malgré la validation, l’épisode sur les comptes revient à la charge : les mêmes mensonges déjà démentis plus de dix fois sont répétées encore et encore. Encore une fois, rien de neuf sous le soleil. Rappelons les faits : le 29 mai 2018, une enquête préliminaire était ouverte sur les comptes de la campagne de 2017. La Commission Nationale des Comptes de Campagne (CNCCFP) avait pourtant validé les comptes quatre mois plus tôt. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y avait une absence totale d’irrégularités. Depuis ce jour de 29 mai 2018, 1955 jours se sont écoulés, 3 juges différents pour un résultat simple : pas de personnes inculpées et pas de procès.

Au total, ce complément d’enquêtes n’est qu’un complément de ragots, le dernier chef-d’œuvre « sensationnel » d’une classe médiatique aux abois. Le tout se déroule sur le service public, payé par les impôts de tous, y compris celui de ses victimes. Plusieurs centaines de milliers d’euros sont ainsi dépensés.

Pour aller plus loin : Énorme malaise sur Public Sénat : Manuel Bompard ridiculise ces journalistes sur Sophia Chikirou

Le tout finance les grasses payes des journalistes en quête du ragot et donne des couleurs à des boucles de messageries « journalistes » parfois minés par le manque de créativité et donc d’audience ainsi qu’à tous ceux qui tirent leurs épingles du jeu dans les attaques portées contre les insoumis et leurs alliés.

Le buzz passe avant tout. Qu’importe le talent d’une communicante qui a participé à un triple progrès électoral de 20 points au total, qu’importe sa présence dans les campagnes présidentielles de quatre pays du globe avec la maitrise de quatre langues, qu’importe que Sophia Chikirou ait été élue députée au premier tour des élections législatives, qu’importe qu’elle soit présente sur le terrain pour assurer son travail de députée de combats, organiser des collectes alimentaires, etc.

Qu’importe que cette même députée ait rédigée pas moins de quatre rapports parlementaires en un an, qu’importe l’animation de dizaines de campagnes politiques d’un mouvement qu’elle a contribué à créer et développer. Qu’importe tout cela, ses accomplissements sont passés à la trappe par le machisme médiatique, aussi vulgaire que révoltant.

La cabale médiatique était censée être un « coup de tonnerre ». Elle n’aura été qu’un vaste flop qui a tourné au désastre pour la classe médiatique.