banlieues
Laurent Kronental, Souvenir d'un futur, festival Circulation(s) - © Laurent Kronental

1 Français sur 2 considère les banlieues comme des quartiers oubliés de la République

Banlieues. Près de la moitié des Français (48%) considère qu’elles sont des quartiers oubliés de la République, selon un sondage Elabe pour BFM TV. Une triste réalité : 45% des jeunes qui y vivent n’ont pas d’emploi, on compte y deux fois moins de professionnels de santé pour 100 000 habitants, 40% de ces quartiers n’ont pas de crèches avec pourtant deux fois plus de familles monoparentales, 40% de bibliothèques en moins par habitant, trois fois moins d’équipements sportifs. L’enclavement, le délaissement et la misère des banlieues sont le résultat de choix politiques.

En 2019 déjà, Odoxa publie un sondage : « Attention, car les ingrédients qui forment les cocktails explosifs semblent s’agréger dangereusement en 2019 comme ils l’avaient fait il y a 14 ans, juste avant l’embrasement de 2005. » Avec l’inflation, notamment pour les produits alimentaires (22% depuis 2021), la situation déjà fragile est devenue intenable financièrement pour de nombreux ménages. Selon Philipp Pilkington, économiste irlandais, « la hausse des prix des denrées alimentaires et la baisse de la consommation alimentaire prédisent de manière extrêmement efficace des émeutes et des troubles sociaux »

Pour aller plus loin : « On s’intéresse aux banlieues quand ça brûle » : l’appel du maire de Trappes

Des quartiers oubliés de la République ? Un constat similaire formulé par le maire de Trappes, Ali Rabeh. « On s’intéresse aux banlieues quand ça brûle. Et une fois le feu éteint, on oublie, on retourne à l’actualité normale. Le pouvoir politique détourne les yeux, comme l’a fait Emmanuel Macron depuis six ans maintenant », déclare-t-il auprès de France Info ce 4 juillet 2023. Par ces mots, l’édile dénonce une triste réalité : « enfant oublié de la République », personne ne considère les banlieues, sauf lorsqu’elles sont en proie aux flammes.

« quand on dit que ces quartiers sont prioritaires, c’est faux »

La prise de conscience de cet abandon des quartiers de grands ensembles est encore partielle. Le constat d’Emmanuel Lechypre est sans appel : dans presque tous les domaines, on dépense moins dans ces banlieues que sur le reste du territoire. Combien de Français savent aujourd’hui que les transferts sociaux y sont moins importants que dans le reste de la France ? En effet, les banlieues les plus défavorisées du pays reçoivent en moyenne 6 100 euros par personne par an contre 6 800 euros pour l’ensemble des Français.

Près de la moitié des Français ont conscience de cet abandon, il reste donc encore une moitié à convaincre qu’il n’y pas d’assistés là-bas, pas de profiteurs du RSA, pas de pognon de dingue gaspiller. L’État dépense moins pour les plus pauvres. Les vrais assistés sont en haut. Ce sont les patrons du CAC 40 qui nous coûtent cher, ce sont les multinationales qui touchent 157 milliards de subventions sans aucune contrepartie et qui continue de saccager l’environnement et de délocaliser leurs activités à forte valeur ajoutée, ne laissant que des métiers de coursier Delivroo ou de préparateur de commande Amazon à la classe ouvrière française.

L’enclavement, le délaissement et la misère des banlieues sont le résultat de choix politiques

Que faire ? « Je ne demande plus de subventions dans nos quartiers. J’en ai marre de ces subventions qui nous permettent de nous acheter une bonne conscience. Je demande un plan vigoureux, massif, ambitieux et qui ne demande pas forcément d’argent supplémentaire pour organiser la mixité », détaille Ali Rabeh. Du côté de La France insoumise (LFI), des solutions sont mises sur la table. « Pour permettre le retour au calme, il faut des actes forts et de la justice partout », selon le mouvement insoumis.

Le plan d’urgence de LFI comprend notamment : l’abrogation immédiate des dispositions « permis de tuer » de la loi de Cazeneuve de 2017, responsable de l’explosion des décès suite à des refus d’obtempérer, la création d’une commission « Vérité et Justice » sur les violences policières ayant entraîné la mort ou la mutilation de citoyens et citoyennes, une réforme en profondeur de la police nationale ou encore un plan d’investissement public dans les quartiers populaires. Très peu de formations politiques peuvent se targuer d’avoir proposé des mesures aussi concrètes, aussi rapidement. Les problème sont connus de tous. Qu’est-ce que l’on attend ?

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