La Commission européenne menace l’État français de sanctions s’il continue à soutenir les activités de fret ferroviaire de la SNCF. Le secteur des transports représentent 31% des émissions de gaz à effet de serre de la France. Le fret ferroviaire est une solution alternative indispensable à développer pour tenir nos engagements climatiques. Les bureaucrates de Bruxelles sont aveuglés par l’idéologie néolibérale. Ils préfèrent bloquer la transition écologique plutôt que de remettre en cause le dogme de la concurrence sauvage généralisée. Notre brève.
Aberration totale : Bruxelles sanctionne la France pour avoir investi dans le fret ferroviaire
Entre 2007 et 2019, l’État français a investi 5,3 milliards d’euros dans Fret SNCF par l’annulation de sa dette. Puis recapitalisé de 170 millions en 2018. C’est peu au regard des enjeux. Le secteur des transports représente 31% de nos émissions de gaz à effet de serre. Privilégier le transport de marchandise par train plutôt que par camion est évidemment préférable si l’on tient encore à laisser une planète vivable à nos enfants. Pourtant, en France, le fret ne représente que 9% du transport de marchandise contre 18% en moyenne en Europe.
L’investissement de l’État français est donc trop faible. Mais c’est déjà trop pour la Commission européenne gangrénée jusqu’à l’os par l’idéologie néolibérale, la foi aussi inébranlable que mortifère envers le sacro-saint marché. Il serait le meilleur moyen pour organiser tous les pans de l’activité économique et sociale. Le 18 janvier, les technocrates de Bruxelles ont donc décidé de lancer une enquête contre la France pour entrave à la concurrence. Le résultat est tombé mardi 23 mai. La Commission européenne menace d’une amende le transport le plus décarboné de France. Déjà que le gouvernement Macron n’est pas étouffé par la volonté de se lancer dans la planification écologique, ce nouveau coup de frein est une aberration.
Le gouvernement cède aux menaces de Bruxelles : Fret SNCF va perdre 500 emplois et 30% du trafic
Au lieu de contester cette décision, Clément Beaune a présenté un mic-mac pour sauver des miettes. Créer une nouvelle filiale qui remplacera Fret SNCF amputé de 20% de ses contrats, 20% de son chiffre d’affaires et 30% du trafic qui devraient être récupérés par d’hypothétiques concurrents privés. Conséquence directe et pas du tout hypothétique pour le coup, 500 salariés (10% des effectifs) sur le carreau.
Cette démonstration de lâcheté et de faiblesse de la part du gouvernement d’Emmanuel Macron a déclenché la colère des syndicats.
L’investissement dans le ferroviaire était l’un des seuls pas de la minorité présidentielle en faveur de l’écologie. Un pas timide, mais réel. Le gouvernement est empêtré dans ses propres contradictions : d’un côté, tenter de donner l’illusion qu’il fait tout ce qu’il peut contre le changement climatique. De l’autre, obéir servilement à la moindre décision venue de Bruxelles ou de Berlin, qu’importe son impact sur les émissions de CO2 de notre pays.
Qui peut encore faire confiance aux promesses de Clément Beaune ?
À la suite de cette annonce, « une déflagration pour les cheminots » selon Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, Clément Beaune s’est lancé dans un festival de promesses pour tenter de calmer la colère provoquée par cette décision injuste et climaticide. Concernant le train des primeurs Perpignan-Rungis, tout juste remis sur les rails, le ministre des transports a déclaré « Je m’engage à ce qu’il continue, quel que soit l’opérateur qui le fasse tourner ». Il serait également favorable à ce que l’actionnaire qui entrera au capital de la nouvelle société qui remplacera Fret SNCF soit « si possible public ». Enfin, Clément Beaune promet une hausse des aides de l’État et des investissements.
Mais après une telle décision de la Commission européenne, et une réponse aussi lâche, qui peut encore croire de telles promesses ?
La macronie n’a pas les outils intellectuels pour entamer la bifurcation écologique. Englué dans l’illusion selon laquelle le marché peut tout résoudre, quand les experts scientifiques du GIEC démontrent l’inadéquation des solutions technologiques, proposées par les multinationales, dans le but de faire du profit, le gouvernement Macron s’écharpe et s’emmêle. Ils ont baigné dans ce dogme toute leur vie, ils ne peuvent pas en sortir. Ils ne peuvent proposer de solutions, car leur vision du monde, capitaliste néolibérale, est la racine du problème.
L’exemple de l’ISF climatique proposé par l’ancien conseiller économique d’Emmanuel Macron l’a bien démontré : le ministre de l’écologie Christophe Béchu a bien senti que c’était une bonne idée. La transition écologique nécessite d’immenses investissements, donc de trouver des sources de financement. Et quelle meilleure réserve que les poches de plus en plus pleines des ultra riches qu’Emmanuel Macron a gâté de cadeaux fiscaux comme jamais ?
À l’extrême droite, c’est encore pire. Marine Le Pen défend toujours les grands patrons qui polluent autant qu’ils se gavent (et ils se gavent beaucoup). Jamais, pas une seule fois, elle n’a proposé de mettre à contribution les plus privilégiés. Et en plus, elle utilise la peur de la différence pour faire diversion de la seule véritable menace pour notre civilisation : la catastrophe climatique.
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Il faut sortir d’idéologie capitaliste. Que le peuple prenne en main le système productif pour qu’il réponde à ses besoins véritables : prendre soin de ses proches, se cultiver et rêvasser devant la poésie offerte par la nature. C’est la seule manière d’en finir avec ces revirements aussi constants que préjudiciables pour l’avenir des générations futures.