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Le RN au pouvoir ? Un « risque nécessaire » pour le patron du MEDEF

Une petite phrase passée sous les radars médiatiques. Ce lundi 27 mars 2023, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, était l’invité de la matinale de France Info. Salhia Brakhlia interroge alors le patron des patrons sur la progression du RN dans les sondages : « un sondage paru hier dans le JDD indique que c’est le RN qui profiterait de la situation, en progressant de 7 points, ça vous étonne ? Tant pis si Marine Le Pen arrive au pouvoir ? C’est un risque à prendre ? ». La réponse du patron du MEDEF a le mérite d’être claire : « c’est un risque nécessaire ».

Depuis de longues années maintenant, l’insoumission.fr avertit : entre le capital et le travail, le RN a choisi son camp, et le capital le lui rend bien. Vincent Bolloré monte un empire médiatique pour propulser Éric Zemmour et dédiaboliser Marine Le Pen. Durant toute la fin du quinquennat précédent, ministres macronistes et éditorialistes de plateaux tapent main dans la main sur l’«islamo-gauchisme » plutôt que sur l’extrême droite. La bourgeoisie a le mérite de la constance : dans l’histoire, à choisir, elle a toujours préféré l’alliance capital-fasciste plutôt que la gauche. Combien de fois l’avons-nous écrit dans ces colonnes : plutôt Hitler que le Front Populaire hier, plutôt Le Pen que Mélenchon aujourd’hui.

Le point de jonction entre le MEDEF et le RN : le remboursement de la dette

Mais pourquoi la bourgeoisie préfère Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon ? Car le camp du capital sait où sont ses intérêts. La bourgeoisie n’est pas folle, et Marine Le Pen ne cesse de lui faire des appels du pied : vote contre le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) à de multiples reprises à l’Assemblée nationale, vote contre la taxe super-profits au Parlement européen, et en même temps, vote contre la hausse du SMIC, le blocage des prix de produits de première nécessité et le gel des loyers. Derrière son discours électoraliste sur le « pouvoir d’achat » qui parvient à séduire une partie croissante des classes populaires, le Rassemblement national est une arnaque sociale à démasquer de toute urgence. Ses votes le permettent, le programme et le discours économique de Marine Le Pen constitue du pain béni à décortiquer et démasquer avant qu’il ne soit trop tard.

Pourquoi le gentil Geoffroy Roux de Bézieux, avec son costume et son sourire bien soignés, présente le RN comme « un risque nécessaire » à prendre ? Car le patron des patrons a trop peur de l’arrivée de la gauche anticapitaliste à l’Élysée ou à Matignon. C’est ce qu’avait prédit le philosophe Frédéric Lordon : le retournement du barrage républicain contre la vraie gauche, au profit de Marine Le Pen. Le patron du MEDEF s’aperçoit, comme tout le monde, que la macronie est en train de prendre l’eau de toute part. Et dans le duel qui se profile entre eux et nous, le capital préférera toujours l’extrême droite, l’assurance-vie du système.

Geoffroy Roux de Bézieux : « le RN est un risque nécessaire, sinon l’alternative, c’est de ne rien faire, c’est ce qu’on a quand même beaucoup fait en France pendant très longtemps, ce qui amène une montagne de dettes ». Et nous y voilà : la dette publique. Le point de jonction entre le MEDEF et le RN. Le 1er février sur France Info, Marine Le Pen défendait la retraite à 67 ans au nom de… La dette publique. Le plus vieil argument du capital pour saigner le travail : l’austérité imposée par Bruxelles (un choix politique). Extrait : « La retraite à 67 ans c’est déjà mieux que ce qui existe actuellement. Car Emmanuel Macron a fait exploser la dette, à 600 milliards d’euros ! ». On jurerait entendre le MEDEF parler. En 2027, un ticket Marine Geoffroy Le Pen de Bézieux ? Il est temps de démasquer l’alliance capital-fasciste, avant qu’il ne soit trop tard.

Par Pierre Joigneaux.

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