La retraite à 64 ans en 2030 ? C’est ce que vient d’annoncer la Première ministre, Élisabeth Borne. Contre l’avis de 80% des Français. Alors qu’une personne sur deux n’a plus de travail au moment où elle prend sa retraite. Alors qu’à l’âge (actuel) de la retraite, 25% des hommes les plus pauvres sont déjà morts. La justification ? Faire rentrer des sous, peu importe ce que dit le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Il s’agit ici avant tout d’un choix économique : faire payer le travail plutôt que le capital.
Peu importe les 80 milliards d’euros distribués aux actionnaires en 2022, le pognon de dingue que nous coûtent les assistés d’en haut. Peu importe les corps des ouvrières et des ouvriers, tant qu’ils ont des exosquelettes et des genouillères. La bataille entre le capital et le travail s’annonce féroce, alors qu’un mouvement historique avait fait reculer le gouvernement sur les retraites juste avant le Covid, alors que 50% des Français considèrent comme prévisible « un mouvement social massif du type Gilets jaunes » et qu’une note du renseignement redoute « une mobilisation citoyenne d’ampleur » portée par « une explosion sociale ». Premier élément de réponse le 21 janvier dans la rue.
Depuis des décennies d’injonctions du capital à repousser l’âge de départ à la retraite, ce sont des professionnels de la politique, des « experts », des intellectuels, des éditorialistes, qui se succèdent sur les plateaux de télés parisiens, pour disserter sur le « travail ». Petit problème : ces gens n’y connaissent pas grand-chose. La pénibilité ? Restaurant gastro face à la Tour Eiffel, le 8ème bureau, taxis pour se rendre sur les plateaux, équipe de collaborateurs en guise de nounous, femmes de ménage pour laver son bureau et son salon, ouvriers pour construire sa maison de vacances, soignants pour sauver ses proches… La bourgeoisie : des parasites, des assistés d’en haut qui profitent du travail des autres.
Pendant ce temps-là, les millions de travailleuses et de travailleurs créent la richesse et font tourner le pays, mais n’ont jamais voix au chapitre. Vous en voyez beaucoup vous des carreleurs, des caissières, des serveurs, des soignantes, des femmes de ménage, des cheminots, des coffreurs sur les plateaux de télé ? Avec les annonces d’Élisabeth Borne faites ce jour à 17h30, un débat crucial s’ouvre aujourd’hui sur notre avenir à tous. 80% des Français sont opposés au recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Il serait peut-être bon pour une fois de les écouter et de leur donner la parole ?
Car c’est bien d’eux dont il s’agit, de la santé des « essentiels ». Élisabeth Borne aurait du mieux écouter son président : « notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies rémunèrent si mal ». Ces femmes et ces hommes qui font tenir le pays tout entier, leurs corps vont-ils tenir jusqu’à 64 ans ?
Les dos bloqués, les tendinites, les sciatiques, les genoux flingués, n’arrivent ils pas bien avant 60 ans ? Mais quand est-ce que Elisabeth Borne a-t-elle croisé des ouvriers, à part dans les livres ? Qui est « expert » dans la pénibilité du travail ? Les éditorialistes de plateaux ou les ouvriers ? Quand est-ce que la bourgeoisie croise, parle et écoute vraiment des travailleuses et des travailleurs aux métiers pénibles ?
Une petite épine s’est enfoncée dans le pied du gouvernement ce mardi : 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans. Il serait peut-être bon de leur donner la parole ? Vous avez un métier pénible et vous êtes contre la retraite à 64 ans ? Écrivez à [email protected] !
Les organisations de jeunesse ont appelé à manifester pour défendre nos retraites. LFI a répondu positivement à cet appel et sera à leurs côtés. Rendez-vous le 21 janvier dans la rue.