Assurance-chômage. Macron a fait passer sa réforme. La guerre aux chômeurs va s’intensifier. Après la première réforme sanglante, mise en place le 1er octobre 2021, Emmanuel Macron veut enfoncer le clou avec une deuxième réforme. Assurance-chômage, saison 2. Cette réforme aura trois grandes conséquences : la réduction du nombre de chômeurs indemnisés, la remise en cause du principe du droit à l’indemnisation et des possibilités pour les salariés d’instaurer un rapport de force avec le capital dans les négociations.
Alors que l’inflation continue de fracasser la vie des Français, la macronie fait passer dare-dare une réforme déjà contestée, qui ira à l’encontre des objectifs qu’elle se fixe. À savoir, le plein-emploi. Parce que baisser les indemnités chômage n’a jamais fait baisser le chômage. De nombreux économistes ont balayé d’un revers de la main les arguments de la minorité présidentielle. Notre article.
Les demandeurs d’emploi, des « assistés » ?
Un constat doit être présenté ici. La protection contre le chômage en France n’a cessé de se dégrader depuis 20 ans. Contre l’idée reçue selon laquelle les personnes inscrites à Pôle Emploi seraient nombreuses, précisions d’emblée que la part des demandeurs d’emploi qui reçoit une allocation chômage est faible : 38% (Source : Pôle Emploi).
Actuellement, un grand nombre d’inscrits à Pôle Emploi travaillent. En 20 ans, la part des allocataires qui travaillent a plus que doublé (Source : Pôle Emploi). Depuis 2017, l’exécutif a remplacé la part salariale des cotisations prélevées sur les salaires à destination de la caisse d’assurance-chômage par un impôt : la CSG (Contribution Sociale Généralisée)
Quid du contenu de cette réforme ?
L’assurance-chômage est par nature contracyclique, en jouant son rôle de stabilisateur automatique durant les périodes de récession, en soutenant davantage de chômeurs indemnisés. Le gouvernement souhaite moduler les droits à l’indemnisation.
In fine, lors d’une période faste économiquement, les chômeurs seraient moins bien couverts qu’en période de récession. En toute inégalité. Le flou est entretenu par le gouvernement. Les paramètres ne sont pas précisément connus. Le ou la salariée ne pourrait pas prévoir s’il est éligible à l’assurance-chômage et pendant combien de temps. Une mesure qui, par conséquent, enfreint le principe d’égalité de traitement.
Objectif : le plein emploi ?
Les salariés et les demandeurs d’emploi seront, par la force des choses, contraints de quitter leur secteur de compétence pour « combler » les besoins dans les secteurs « en tension ». Des secteurs dont les rémunérations, la pénibilité et le turn over sont les marques de fabrique. Par extension, il s’agit donc ici d’une véritable pression exercée à l’encontre des travailleurs.
Le point qui déclenche la colère des syndicats est le suivant. Il n’est plus question de négociations avec les partenaires sociaux, mais de « concertations nécessaires sur l’évolution des règles d’indemnisation » sur la base du projet d’Emmanuel Macron.
En toile de fond, le réel message passé dans les médias consiste à dire qu’un système trop protecteur n’est pas de nature à lutter contre les pénuries d’emplois qui menacent la croissance. Donc, en filigrane, une diffusion d’une vision droitière (et plus si affinités) du travail et une culpabilisation permanente des demandeurs. La casse sociale est toujours en marche.
Ces économistes qui démontent Macron sur l’assurance-chômage
Vrai ou Faux ? On peut toucher plus d’argent au chômage qu’en travaillant ?
Faux. Une centaine d’économistes, parmi lesquels Thomas Piketty, Aurélie Trouvé ou Dominique Plihon, dénoncent cette idée, dans une tribune au « Monde » :
« L’argument selon lequel les chômeurs « gagnent plus quand ils sont au chômage qu’en travaillant » est mensonger. L’allocation d’assurance-chômage représente entre 57 % et 75 % du salaire journalier de référence, elle ne peut donc être supérieure au salaire antérieur. En cas de reprise d’une activité (réduite), le cumul de l’allocation-chômage avec le salaire issu de cette activité ne peut être supérieur au salaire antérieur. Si ce seuil est dépassé, l’indemnisation est suspendue. »
Vrai ou Faux ? Il y a des offres d’emploi non pourvues. Si les personnes au chômage touchaient moins d’indemnités, elles seraient incitées à les accepter.
Faux. On se souvient du désormais fameux argument donné par Macron à un jeune horticulteur qui lui dit qu’il ne trouve pas de travail. « Je traverse la rue je vous en trouve un travail. » En effet, si l’on est riche, en bonne santé, bien éduqué, qu’on habite une grande ville et qu’on n’a aucune attente sur cette activité qui va occuper au moins un tiers de notre temps de vie par journée, la moitié du temps éveillé en moyenne, il y a des offres non pourvues accessibles.
Réforme de l’assurance-chômage : un véritable coup de force démocratique
Le projet de loi indique que les nouvelles règles d’indemnisation seront déterminées par décret. Une fois de plus, le gouvernement choisit donc de contourner le débat parlementaire.
Cette notion d’assistanat revient sans cesse dans les médias traditionnels. Lors d’une de ses récentes émissions, LCI a ailleurs diffusé un visuel comparant les revenus entre un couple au chômage et un couple de travailleurs au SMIC. Non seulement la nature même du procédé apparaît comme très discutable. Mais en prime, les rémunérations évoquées par LCI ont fait l’objet d’une dénonciation salvatrice de l’ONG ATD Quart Monde, entre autres.
L’infographie en question a donc été corrigée.
Signalons également cette Une d’un célèbre hebdomadaire d’actualités, qui osait titrer il y a quelques semaines « Mais où est passé le goût de l’effort ? », faisant le lien douteux avec les multiples pénuries de main d’œuvre en France.
Une chose est certaine. Précariser et culpabiliser les demandeurs d’emploi n’est en aucun cas la solution sine qua non du retour à l’emploi d’une partie de la population française qui souffre un peu plus chaque jour sous le gouvernement d’Emmanuel Macron. Pourtant, la macronie s’entête, persiste et signe.
Le refus de cette nouvelle de l’assurance-chômage sera l’un des mots d’ordre du la grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique organisée par LFI et ses partenaires de la NUPES. Les députés de l’alliance historique de la gauche comptent fermement tenir la tranchée face à la minorité présidentielle.