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Morts au travail : la France leader européen

Morts au travail. La France est le leader européen en termes d’accidents mortels au travail, selon les chiffres officiels de l’Union Européenne. En 2019, il y a eu 733 accidents du travail mortels recensés dans le secteur privé contre environ 500 à 550 par an sur la période 2010-2018. Plus grave, la France est le seul pays européen où le bilan s’alourdit. Notre pays fait pire que la Roumanie ou la Bulgarie. Au pouvoir, l’Union populaire compte faire une grande loi de sécurité au travail pour remédier à cette situation catastrophique. Un sujet invisibilisé dans les médias traditionnels. Notre article.

Une situation catastrophique en France : une trajectoire mortifère

Eurostat indique que la France devient le leader européen en termes d’accidents mortels au travail (taux rapporté à 100 000 travailleurs), dépassant désormais la Bulgarie et la Roumanie. Pire, la France est le seul pays européen où les morts au travail sont en hausse.

En 2019, il y a eu 733 décès recensés par l’Assurance Maladie, dans le secteur privé, sachant que ce chiffre exclu les indépendants (donc aussi l’ensemble des livreurs ou chauffeurs uberisés), les agriculteurs et évidemment les salariés non-déclarés, ainsi que tous les accidents mortels dans le secteur public. Ce nombre de décès est révélateur de la faillite française dans la prise en compte des risques au travail. Elle est devenue le plus mauvais élève européen. Car en terme de sinistralité des accidents, le taux en France est le double de la moyenne européenne et le triple de celle de l’Allemagne ou des Pays-Bas.

Il est très difficile d’arriver à agréger toutes les données sur les morts au travail, de manière exhaustive et fiable, car il n’y a pas de comptage officiel globalisé. Les recensements se font par branche d’activité dans le privé et ils sont mal comptabilisés dans le secteur public. Derrière ce manque de données fiables, on ne peut qu’y voir une invisibilisation du phénomène.

On peut voir que pour le privé, deux tiers de ces accidents concernent des ouvriers. On compte davantage de morts au travail parmi les plus salariés les plus vulnérables et les moins qualifiés (intérimaires, en CDD, apprentis, débutants dans la vie active…). La précarité de leur situation diminue leur marge de manœuvre, et ils sont souvent peu ou mal formés.

Les morts au travail, conséquence des choix politiques, et non de la fatalité

Si tant de salariés perdent la vie en essayant de la gagner, ce n’est pas une fatalité : cela est dû à des choix politiques. Cela résulte de plusieurs années de détricotage du code du travail, depuis l’adoption de la loi El Khomri en 2016 et la poursuite de la mise en pièces de la protection des travailleurs opérée par les gouvernements d’Emmanuel Macron.

Grâce à cela, les grands donneurs d’ordre ont savamment orchestré leur irresponsabilité juridique concernant la sécurité liée à leurs activités économiques. C’est évidemment une cause primordiale de cette détérioration. En effet, c’est l’employeur qui est le seul responsable de la sécurité au travail de ses salariés. C’est à lui qu’il revient de l’organiser et d’en supporter les coûts. Ainsi, le recours massif à la sous-traitance, phénomène encore accru lorsqu’il s’agit des plateformes type Uber, permet de dégager leur responsabilité juridique et financière. Les cotisations patronales liées aux accidents du travail sont par exemple calculées en fonction du taux de fréquence dans l’entreprise. En externalisant tout ou partie de son activité, elle s’en émarge complètement.

De même, les contrôles des situations de travail ont été fortement diminués sur les deux précédents quinquennats : 20% des postes d’inspecteurs affectés au contrôle ont été supprimés en 10 ans et 300 postes sont actuellement non pourvus à ce jour ! Il y a seulement 1750 inspecteurs affectés au contrôle aujourd’hui en France. Ceci a permis le développement de situations dangereuses. Dans un silence assourdissant des médias traditionnels.

Tout comme la mise hors-jeu des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) dans le secteur privé, avec leur suppression pure et simple. Cette dernière mesure contribue également à freiner l’exercice du droit de retrait. On peut également citer comme autres causes : le recours abusif à l’intérim, l’affaiblissement de la médecine du travail, la facilitation du travail de nuit, le travail détaché, et le développement de gestion managériale nocive.

La confédération européenne des syndicats (CES), qui regroupe la plupart des organisations syndicales européennes pointe « l’irresponsabilité de certains employeurs, qui font des économies pour augmenter les bénéfices au détriment de la sécurité et de politiciens, qui pour des raisons idéologiques s’attaquent aux règles de bon sens en matière de sécurité et aux inspections du travail ».

Pour infléchir la dynamique mortifère actuelle, il est urgent de revenir sur l’ensemble des dispositions ayant sabordé la prévention des risques en milieu du travail et de donner des moyens de contrôle suffisants à l’inspection du travail et aux instances représentatives des salariés.

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