RN Bardella

Féminisme : ce que le RN vous cache

RN. Jordan Bardella a diffusé ce lundi 17 juin sur Twitter une vidéo dans laquelle il s’adresse « à toutes les femmes de France », en prétendant défendre leurs droits face aux « caricatures de l’extrême gauche ». Le RN est pourtant le principal ennemi des droits des femmes en France. Notre article.

Supercherie sur l’égalité femmes/hommes

Y aurait-il un léger vent de panique au Rassemblement national, alors que de nombreuses voix s’élèvent pour révéler ses mensonges ? Toujours est-il que Jordan Bardella s’est senti suffisamment inquiet pour publier une vidéo sur Twitter afin de se défendre d’être anti-féministe. « Depuis quelques jours, l’extrême gauche diffuse des caricatures, des mensonges, et cherche à s’arroger le monopole de la défense des droits des femmes » déclare-t-il à la caméra, avant de décliner ses propositions pour défendre les droits des femmes.

Il affirme ainsi qu’il « défendra de manière indéfectible l’égalité entre les femmes et les hommes ». Faut-il lui rappeler qu’en juin 2023, seuls des députés RN ont voté contre ou se sont abstenus sur la proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique ?

Par ailleurs, l’Insoumission relève que dans le programme du Rassemblement national pour l’élection présidentielle 2022, il n’était nulle part mention des discriminations salariales femmes / hommes. Pourtant, le revenu salarial des femmes reste inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes (INSEE).

Ajoutons que le RN a voté main dans la main avec la macronie contre les amendements du groupe LFI visant à augmenter massivement les aides allouées aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes.

L’endométriose : un échec cuisant pour la tentative de récupération du RN

Le Président du parti d’extrême droite met en avant le bilan du RN pour « une meilleure prise en charge des femmes atteintes d’endométriose ». Et quel bilan ! En octobre 2023, une proposition de loi du RN sur le sujet avait en effet été débattue à l’Assemblée nationale. La plupart des groupes s’étaient opposé à cette pitoyable tentative de récupération politique dénoncée par les associations féministes.

Et pour cause, ce texte opportuniste et hypocrite n’était pas seulement un écran de fumée. Il aurait eu des conséquences négatives bien réelles s’il avait été adopté, puisqu’il ne permettait même pas la prise en charge intégrale par la Sécurité sociale des frais médicaux liés à l’endométriose. Les rédacteurs n’étaient pas non plus parvenus à cacher leur vision paternaliste des femmes atteintes d’endométriose, les qualifiant jusque dans le titre de « victimes » de cette maladie, terme décrié par les associations.

Pour aller plus loin : Niche RN – Endométriose : l’extrême droite échoue sa récupération politique sur le dos des femmes

L’extrême droite, éternelle ennemie du droit à disposer de son corps

Jordan Bardella poursuit en affirmant « défendre le droit fondamental à disposer de son corps ». Un comble, pour le président du parti dont les députés se sont le plus opposés à l’inscription de ce droit dans la Constitution ! Le 4 mars 2024, trente-et-un députés du Rassemblement national n’avaient pas voté la constitutionnalisation de l’IVG obtenue par le groupe insoumis.

Parmi eux, l’ex-journaliste et porte-parole du parti Philippe Ballard, et le non moins connu Grégoire de Fournas, épinglé pour ses propos racistes à l’égard du député insoumis Carlos Bilongo.

Pour justifier ce faible soutien, Hélène Laporte avait déclaré qu’il n’existait pas de danger sur le droit à l’IVG en France. C’était omettre que son groupe comptait de nombreux réactionnaires opposés à la liberté des femmes à disposer de leur corps.

Citons par exemple Caroline Parmentier, une proche de Marine le Pen, qui écrivait dans la revue catholique traditionaliste Présent en 2018 : « Après avoir génocidé les enfants français à raison de 200 000 par an, on doit maintenant les remplacer à tour de bras par des migrants » ; Christophe Bentz, qui qualifiait lui aussi en 2011 l’avortement de « génocide de masse » ; ou encore Hervé de Lépinau, qui comparait en 2020 sur son compte Twitter l’IVG « aux génocides arméniens et rwandais, à la Shoah, aux crimes de Daesh ». Enfin, la très médiatique, Laure Lavalette, avait signé en 2014 une charte dans laquelle elle s’engageait à « abroger, à terme, la loi sur l’avortement ».

Il ne s’agit pas là seulement des réticences d’une minorité, mais bien d’un agenda politique péniblement dissimulé par les héritiers de Vichy. En 2021, les députés du RN, Marine le Pen incluse, s’étaient déjà opposé à l’allongement du délai légal de douze à quatorze semaines. Marine le Pen a, pendant de longues années, employé l’infâme expression « avortement de confort » dans les médias.

Un plan antisocial dont les femmes seraient les premières victimes

Malgré eux, Jordan Bardella et Marine le Pen prouvent ici que le féminisme et la question sociale sont indissociables. En effet, le Rassemblement national ne s’en cache presque plus, ses convictions en matière économique sont proches de celles des macronistes. Affirmation que la dette doit être remboursée, refus d’augmenter les salaires et les minima sociaux, refus de la retraite à 60 ans… Le Rassemblement national, c’est l’accélération des politiques économiques de la macronie, doublée d’un racisme et d’un autoritarisme délirants.

Pour aller plus loin : Le plan antisocial de Bardella s’il arrive à Matignon

En matière de retraites, ce sont encore les femmes qui paieront le prix de fort en cas de gouvernement d’extrême droite. Alors qu’elle prétend s’opposer à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, pour les femmes qui ont eu des carrières hachées et des temps partiels imposés, Marine Le Pen défend la retraite jusqu’à… 67 ans. L’arnaque est totale.

Bardella s’engage également à « lutter contre les déserts médicaux, en particulier les déserts gynécologiques. » Comment ? Par une exonération d’impôt pardi ! Il propose « d’exonérer d’impôts les médecins dans le cadre du cumul emploi retraite », et annonce que « cette mesure doit permettre d’accroitre l’offre de santé en France« . Elle la réduira à coup sûr. Réduire les impôts et les cotisations des médecins diminuera les recettes allouées à la santé publique, et diminuera donc, à terme, l’offre publique de santé. Les politiques néolibérales de l’extrême droite ne feront qu’accélérer la destruction de l’hôpital public déjà bien entamée par Macron.

Bien entendu, il achève cette vidéo en répétant ses lubies racistes et sécuritaires « Nous mènerons par ailleurs une lutte implacable contre l’insécurité qui fait régresser la liberté de chaque femme en France. (…) Nous reprendrons le contrôle de notre politique migratoire en expulsant les délinquants et criminels étrangers« .

Rappelons que, contrairement aux mensonges diffusés sans relâche par l’extrême droite, l’immigration n’a rien à voir avec les violences faites aux femmes. Dans 80 % des cas, les viols ou agressions sexuelles sont commis par des proches de la victime. Dans une grande partie des cas, l’auteur est le compagnon ou l’ex-compagnon de la victime.

En matière de féminisme, comme de social, l’extrême droite n’est qu’une vaste supercherie. Son arrivée au pouvoir serait une catastrophe pour les droits de toutes les femmes.

Par Jeff Collec

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