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Déficit à 5.5% : l’échec cuisant du macronisme

Un déficit public à 5.5% du PIB : le couperet est tombé ce mardi 26 mars par l’Insee. C’est 0.6 points de plus que ce qu’avait prévu le Gouvernement. Un désaveu total de sa politique de baisse des dépenses publiques continuelle.

Ce chiffre, c’est donc un dérapage non contrôlé pour un gouvernement aussi borné qu’incompétent. Un gouvernement qui étrangle autant les Français pour d’aussi mauvais résultats, ça ne s’est que rarement vu dans l’histoire. Des baisses continuelles de moyens pour l’hôpital public, l’éducation nationale ou encore le grand chantier de la bifurcation écologique : tout ça pour rien. C’est ce qu’il faut retenir de l’annonce de l’Insee. Et le Gouvernement prépare déjà d’autres mauvais tours aux porte-monnaies des Français : nouvelles baisses de dépenses et hausse des impôts pour les classes populaires pour commencer.

En plateau sur France 2 pour Manuel Bompard, ou en conférence à l’Université de Créteil pour Jean Luc Mélenchon, les insoumis sont montés au créneau pour rappeler l’instrumentalisation de la question du déficit et de la dette publique pour justifier d’une compression de la dépense publique. Une ruse jugée « dangereuse et irresponsable » ont-ils déclaré. Surtout, une fable sans cesse rejoué par les libéraux, qui commence à lasser le monde politique mais aussi académique. Plusieurs économistes ont d’ailleurs salué le dernier discours de Jean-Luc Mélenchon sur la dette. L’Insoumission revient sur les enjeux de ce nouveau déficit à 5.5%, sur lequel le Gouvernement joue sur les peurs et veut provoquer une panique. Notre article.

Le gouvernement, première cause du déficit

Pour diminuer un déficit public, il y a deux solutions : baisser les dépenses ou augmenter les recettes. Le Gouvernement a choisi son camp : diminuer les dépenses au détriment de la bonne santé du pays. L’annonce de l’Insee est en effet un double échec pour ce Gouvernement macroniste, qui avait pourtant donné du sien pour comprimer au maximum les dépenses publiques.

Le dernier effort en date : les 10 milliards de coupes budgétaires passées par décret en février dernier. Parmi les victimes : l’éducation, la santé, l’écologie, les salaires des fonctionnaires. Une politique d’austérité qui tue, et ne rapporte rien aux caisses de l’État.

Pour aller plus loin : « 10 milliards d’euros d’austérité imposés par le duo Macron-Bruxelles : qui va payer l’addition ? »

Mais pourquoi donc un si mauvais bilan ? Pourrir la vie des Français et des services publics ne serait donc pas une politique publique si judicieuse ?

La réponse est simple : le Gouvernement a sciemment laissé filer des recettes qui lui aurait permis de réduire le déficit. Cadeaux fiscaux aux plus riches ou aux grandes entreprises au premier rang. Les 5.5% de déficit ne sont pas dûs à un dérapage incontrôlé des dépenses mais bien à une diminution des recettes, orchestrée par le Gouvernement lui-même. En cause : un refus total de « toucher à ceux qui s’en mettent plein les poches sur le dos des travailleurs », explique différents cadre insoumis.

Résultat de cette inefficacité : Bruno Le Maire a déjà annoncé continuer dans la voie des coupe budgétaires à gogo, avec 50 milliards de coupes dès l’automne, et un objectif de 80 milliards d’ici la fin du quinquennat.

Pour Manuel Bompard, coordinateur national de la France Insoumise : « Le pays ne s’en remettrait pas. On a besoin de plus de dépenses. On a un système de santé à bout de souffle, une école publique à bout de souffle. Faire des économies c’est avoir encore plus de difficulté dans ces secteurs essentiels. »

Face à la preuve de son échec, le Gouvernement s’entête. La fameuse petite musique des libéraux : si cela n’a pas marché, c’est que nous ne sommes pas allés assez loin ! Changer de paradigme ? Pas question. Inimaginable.

Ainsi la mauvaise nouvelle d’aujourd’hui en augure de biens pires : face un hôpital en lambeau, une éducation nationale à la peine, et des services publics plus capables de répondre aux besoins des citoyens, le Gouvernement souhaite désormais augmenter les impôts des plus pauvres.

Augmenter les impôts des pauvres ou taxer les superprofits ?

Au delà des nouvelles baisses de dépenses annoncées, Bruno Le Maire prévoit encore pire : augmenter les impôts des plus pauvres, tandis que les superprofits, eux, peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Drôle de conception de la justice sociale et fiscale.

Bruno Le Maire a glissé entre les pages de son nouveau livre, La voie française, sa volonté d’augmenter la TVA pour générer de nouvelles recettes. La TVA est pourtant l’impôt jugé unanimement comme le plus injuste de tous, puisqu’il pèse bien davantage dans le budget des plus précaires. Un impôt régressif donc : en proportion, les plus pauvres payent beaucoup plus de TVA que les plus riches. En 2022, le ministre de l’Economie accusait Jean-Luc Mélenchon de « complotisme » pour avoir dénoncé ce plan caché et…désormais avoué.

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Source : Insee-Drees

Dans le même temps, Macron refuse toujours de rétablir l’ISF (minimum 3 milliards) ou de taxer les superprofits (minimum 7 milliards). Il refuse surtout de toucher aux 200 milliards d’aides publiques aux entreprises privées. Cela rapporterait pourtant largement assez d’argent pour piloter les grands chantiers d’action publique nécessaires à notre temps.

De son côté, la France insoumise propose 10 mesures d’urgence « face à l’austérité sans mesure du gouvernement » :

  • Rétablir un Impôt de Solidarité sur la fortune (ISF) renforcé, incluant un volet climatique
  • Taxer les superprofits
  • Supprimer le CICE
  • Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi
  • Supprimer le CIR, Crédit d’Impôt Recherche pour les plus grandes entreprises
  • Supprimer les niches fiscales les plus polluantes
  • Supprimer la niche dite « Copé »
  • Rétablir la CVAE, Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises
  • Mise en place de l’imposition universelle sur les entreprises
  • Renforcer la taxe sur les transactions financières
  • Mettre fin à la flat tax

Dans un thread sur X (ex-Twitter), la députée LFI Aurélie Trouvé a détaillé quelques unes de ces idées de recettes, chiffres à l’appui :

Le chantage à la dette, classique du macronisme

Dès l’annonce des 5.5% de déficit, le gouvernement a renouvelé ses cris terrorisés concernant l’endettement de l’Etat, appelant les Français à se serrer toujours plus la ceinture.

En réponse, les insoumis ont eux aussi remis sur la table la question de la dette, militant pour une approche pragmatique et socialement responsable de la dette. Agité depuis des années comme un épouvantail par les libéraux pour comprimer la dépense publique, l’endettement de la France est en réalité largement contrôlé. Pourtant, il est toujours brandi par les gouvernements successifs pour s’attaquer aux acquis sociaux. Romaric Godin l’a brillamment rappelé dans un long article publié sur Mediapart ce mercredi :

« L’épouvantail de la dette a pour fonction de démanteler ce qui reste de l’État social pour préserver les transferts vers le secteur privé et soutenir sa rentabilité face à une croissance stagnante. […] Derrière ces leçons de morale, l’idée est bien sûr de préparer les esprits à l’austérité difficile, mais nécessaire, qui devra frapper ceux qui sont ciblés comme profiteurs de la dépense publique.« 

En conférence à l’université de Créteil, Jean-Luc Mélenchon a évoqué ce fameux « spectre de la dette » qui remue tant les macronistes. Face à plus de 650 étudiants, il a rappelé que la présentation du ratio dette/PIB est un mirage qui ne représente pas pertinemment la réalité économique :

« Les macronistes s’affolent : « la dette est à 110% du PIB ! Horreur ! ». Ça n’a aucun sens. La dette globale est ramenée à la production de richesses d’une seule année, pour faire peur. La durée moyenne des titres de dette de l’Etat sont de 7 ans : la dette divisée par 7 donne une dette de moins de 20% du PIB. Tout ça est donc une mise en scène pour vous faire accepter de tirer la langue et de renoncer à vos acquis.« 

Cette analyse, partagée par de nombreux économistes depuis des années (voir par exemple la tribune de Nicolas Dufrêne et Alain Grandjean sur l’annulation de la dette), a été dès le lendemain saluée par l’économiste François Geerolf sur X (ex-Twitter). Économiste à l’OFCE et professeur à Sciences Po, il a réagit très favorablement aux propos du leader de la France Insoumise :

Ainsi, des solutions pour combler le déficit et contrôler la dette publique, il y en a. Des milliards d’euros, il y en a. Simplement, Bruno Le Maire et son président Emmanuel Macron cherche toujours dans la mauvaise poche, celles des plus pauvres. L’échec cinglant d’un déficit à 5.5% suffira-t-il à faire changer de cap à un gouvernement qui navigue à vue ? Rien n’est moins sûr au vu des dernières annonces.

Par Zoé Pébay

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