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Intellectuel de l’écologie, théoricien du sabotage et bête noire de Darmanin : Andreas Malm est à l’ILB le 30 mars 

Andreas Malm à Paris. Samedi 30 mars à 14 heures 30, l’Institut La Boétie nous convie pour une nouvelle conférence exceptionnelle au CNAM : « Le pipeline, la rue et l’État : comment saboter le capitalisme fossile ». C’est la seconde fois que le penseur suédois Andreas Malm interviendra pour l’Institut La Boétie. En effet, le 23 mars 2023, il avait déjà donné une conférence sur le thème du « capitalocène », un concept qu’il a contribué à forger pour décrire le lien de causalité qui existe entre capitalisme et crise climatique. Ces deux conférences s’inscrivent dans le cadre de la chaire du département de géographie de l’Institut qui lui a été confiée. Notre article.

Qui est Andreas Malm ? 

Pourquoi ce choix ? Pour répondre à cette question, il faut rappeler qui est Andreas Malm. C’est d’abord l’un des théoriciens les plus reconnus internationalement de l’analyse de la crise écologique. Il a mêlé la critique du capitalisme et l’explication de la crise écologique, notamment dans des livres comme L’Anthropocène contre l’histoire (2017) ou La chauve-souris et le capital (2020). C’est dans ces ouvrages qu’il forge la notion de « capitalocène » et décrit comment les mécanismes de l’accumulation du capital se heurtent aux limites planétaires. Il est ainsi partisan d’une écologie anticapitaliste et radicale. 

C’est véritablement un essai sur les questions de stratégie qui se posent au mouvement climat, Comment saboter un pipeline (2020), qui va faire décoller sa notoriété. Ce livre est une adresse au mouvement social écologiste dans laquelle il plaide pour sortir d’une stratégie de la stricte légalité non-violente. Il argumente sur le manque d’une « aile radicale » au mouvement climat qui l’empêcherait d’atteindre ses objectifs. Dans cet essai efficace, il développe une argumentation puissante dans l’histoire des mouvements sociaux pour donner de la force à sa thèse. 

Ce livre a fait gagner à Malm ses galons dans le mouvement climat, auquel il participe comme militant depuis de nombreuses années. Sa proposition stratégique devient un sujet de discussion parmi les militants et même parfois une source d’inspiration. Il lui a aussi valu bien des caricatures. Comme celle de Gérald Darmanin qui cite Malm carrément dans son décret de dissolution des Soulèvements de la Terre – décret cassé par la justice administrative par la suite. Pour notre ministre de l’Intérieur, tout comme pour une partie de la presse réactionnaire française, il est vu comme un « gourou » manipulant les jeunes pour en faire des « écoterroristes ».

Pour aller plus loin : L’Institut La Boétie, think tank de LFI, lance des stages régionaux de formation

Comment saboter le capitalisme fossile ? 

C’est bien de la dimension stratégique qu’il sera cette fois question dans le grand amphithéâtre du Cnam, samedi 30 mars. Andreas Malm répondra d’abord aux questions sur ce sujet des deux co-animateurs du département de géographie de l’Institut La Boétie, Allan Popelard et Cécile Gintrac. Puis, dans une seconde partie, il sera mis en dialogue avec des personnalités emblématiques de différents segments de l’écologie sociale et politique en France. 

D’abord, le secteur scientifique avec le chercheur, directeur de recherche au CNRS Christophe Bonneuil. Les deux hommes ont notamment en commun d’avoir discuté la notion d’anthropocène. Une porte-parole des Soulèvements de la Terre sera aussi présente pour échanger avec Malm de l’expérience singulière du mouvement écolo français dans son rapport à la désobéissance. Enfin, Clémence Guetté, co-présidente de l’Institut La Boétie et députée LFI du Val-de-Marne, discutera de l’articulation possible entre les thèses de Malm et l’objectif de gouvernement à travers la victoire électorale. 

Cette conférence risque donc d’être un événement majeur dans la discussion stratégique et intellectuelle au sein du camp de la bifurcation écologique en France. Une fois de plus, l’Institut La Boétie nous propose des regards croisés inédits entre chercheurs, activistes et militants politiques. Au cœur de sa mission de production d’armes intellectuelles pour l’insoumission.

Si vous souhaitez participer à cet événement, n’oubliez pas de vous inscrire en cliquant ici.