« Pouvoir décider de sa fin de vie, c’est commencer à entrer dans une Humanité radicale. Ne plus avoir peur de la mort, c’est commencer à être radicalement et intimement libre », déclarait Jean-Luc Mélenchon le 24 mars 2012. Treize ans plus tôt, le leader insoumis défendait déjà une proposition de loi au Sénat « relative au droit de mourir dans la dignité ». Plus de vingt ans plus tard, la proposition a fait son chemin et a germé. Hier, Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur d’une « aide à mourir » dans un entretien croisé à La Croix et Libération. « Avec ce texte, on regarde la mort en face », a déclaré le chef de l’État.
Une nouvelle victoire idéologique pour l’organisation insoumise, après avoir obtenu l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution après dix ans de bataille aux côtés des associations féministes. L’Insoumission.fr vous retrace les décennies d’une bataille qui semble arriver à son point culminant, celle de l’inscription dans la loi d’une nouvelle liberté fondamentale. Celle-ci affranchira chaque être humain de sa peur de la mort pour mieux maîtriser son présent. Notre article.
Fin de vie : Jean-Luc Mélenchon signait une proposition de loi sur le sujet dès 1999
Fidèle à sa tradition humaniste, Jean-Luc Mélenchon se bat depuis longtemps pour le choix à la fin de vie. À l’époque sénateur, il y a 24 ans, le leader insoumis signait une « proposition de loi relative au droit de mourir dans la dignité », aux côtés du sénateur M. Pierre Biarnès. L’article 1er de la loi illustrait l’ambition de la loi pour l’époque : « Toute personne en mesure d’apprécier les conséquences de ses choix et de ses actes est seule juge de la qualité et de la dignité de sa vie ainsi que de l’opportunité d’y mettre fin. »
Sur les bancs de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon a soutenu la proposition de loi du député Olivier Falorni, « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie ». En décembre 2017, il a porté une proposition de loi insoumise, « relative à l’euthanasie et au suicide assisté, pour une fin de vie digne ». Cette proposition de loi a aussi été présentée et portée par la députée LFI Caroline Fiat lors de la niche parlementaire du groupe insoumis le 1er février 2018. Jean-Luc Mélenchon s’était alors exprimé dans l’hémicycle, lors de l’explication de vote, pour défendre une « liberté supplémentaire donnée aux êtres humains pour choisir leur fin de vie. »
La constance de Jean-Luc Mélenchon et des insoumis depuis 12 ans sur ce sujet
À chaque élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a défendu le droit à mourir dans la dignité ainsi que son inscription dans la Constitution.
Invité par l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) en 2012, Jean-Luc Mélenchon en parlait en ces termes : « Pouvoir décider de sa fin de vie, c’est commencer à entrer dans une Humanité radicale. Ne plus avoir peur de la mort, c’est commencer à être radicalement et intimement libre. […] Dès lors que nous sommes institués comme personnes par cette liberté-là, alors nous ne parlons plus d’une loi, nous parlons d’un droit fondamental de la personne humaine. »
Le 2 novembre 2021 était la 14ᵉ journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité. Dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le leader insoumis y rappelait encore « l’urgence de constitutionnaliser cette liberté fondamentale ». Il rappelait dans quelle tradition philosophique s’inscrivaient les insoumis pour défendre mordicus le droit à une fin de la vie : l’Humanisme.
« Vous devez entendre la racine de notre conviction politique philosophique. Dans notre idée, l’être humain – et tel l’humanisme fondateur – l’être humain est auteur de son histoire. Par conséquent, chaque pas qui rend une personne plus maitresse d’elle-même, est un pas qui nous fait avancer en humanité, même quand c’est un pas cruel, parce que c’est une responsabilité terrible de décider d’éteindre de la lumière. […] La liberté la plus grande dont on peut jouir, c’est celle de se dominer et de se posséder soi-même. C’est la liberté d’être soi-même, maître et possesseur et créateur de soi. »
En novembre 2022, Jean-Luc Mélenchon était invité à prendre la parole lors d’un rassemblement pour le droit à mourir dans la dignité par l’association éponyme. « Nous ne revendiquons pas un privilège personnel. Après tout, chacun d’entre nous, dès lors qu’il en a la possibilité, peut éteindre la lumière tout seul. Nous la plaidons pour ceux qui ne sont plus en situation de pouvoir la mettre en œuvre eux-mêmes », a-t-il résumé.
Et le tribun insoumis de rajouter : « C’est donc un acte d’amour que nous plaidons, pour ceux qui doivent, veulent partir et à qui on ne saurait infliger l’agonie. Parce que mourir n’est pas une peine, mais un élément de la condition humaine. Nous savons que, de même qu’il nous faut naître, il nous faut mourir. C’est un droit de se posséder soi-même entièrement. », déclarait-il dans la continuité de son engagement humaniste de toujours. Plusieurs déclarations mises bout à bout qui témoignent de la constance de l’engagement des insoumis et de Jean-Luc Mélenchon sur ce sujet.
Macron et la fin de vie : enfin une loi à la hauteur ?
Dans une interview croisée à Libération et à La Croix, Emmanuel Macron s’est don prononcé en faveur d’une « aide à mourir ». « Avec ce texte, on regarde la mort en face », a-t-il déclaré. « Elle trace un chemin qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes », résume le chef de l’État. . Arrivée prévue en Conseil des ministres en avril pour une première lecture en mai à l’Assemblée nationale. Enfin, diront certains
Dans le texte de loi, aucune mention prévue des mots « euthanasie » ou « suicide assisté ». Emmanuel Macron parle d’une avancée, qui n’est « ni un droit nouveau ni une liberté ». Alors que le droit à la mourir dans la dignité relève d’une liberté fondamentale, une telle formulation démontre sa fébrilité et sa demi-ambition.
L’une des conditions posées par Emmanuel Macron limiterait la portée de sa loi : « il revient à une équipe médicale de décider, collégialement, quelle suite elle donne à cette demande », a-t-il précisé dans son interview. Ainsi, le droit à mourir dans la dignité resterait une affaire médicale, avec le personnel médical qui décide, non pas de votre discernement, mais si la personne qui le souhaite a le droit de mourir ou non. « On est toujours dans la médicalisation et on donne tout pouvoir à des médecins qui ont, d’une certaine manière, le droit de mort sur vous », appuie Jean-Luc Roméro, président d’honneur de l’ADMD.
Qu’Emmanuel Macron franchisse le pas constitue définitivement une victoire idéologique. D’aucuns ne peuvent s’empêcher de constater à la fois sa demi-ambition à ce sujet et un certain cynisme vis-à-vis du moment choisi pour faire son annonce. Surfer sur la constitutionnalisation du droit à l’IVG, portée par Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot de prime abord, faire oublier sa déclaration belliciste n’excluant pas l’envoi de troupes françaises en Ukraine ou la crise agricole profonde que lui et ses alliés n’ont ni vu venir, ni réglé. Affaire à suivre de très près.
Par le comité de rédaction