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De Mélenchon à la Bastille à Panot au Congrès, la victoire des insoumis pour inscrire l’IVG dans la Constitution

IVG. Ce lundi 4 mars 2024 restera une date gravée dans les esprits. Le Congrès a adopté le droit à l’avortement dans la Constitution : « C’est la France qui va, pour la première fois, consacrer ce droit dans sa Constitution. Notre pays renoue avec sa vocation de phare des droits humains » a déclaré à la tribune la présidente du groupe parlementaire insoumis, Mathilde Panot.

Depuis 2011, le mouvement insoumis porte avec constance cette proposition pour inscrire dans le marbre de la Constitution une liberté fondamentale, celle de disposer pleinement et librement de son corps, celle du droit à l’avortement. Jean-Luc Mélenchon le disait sur la place de la Bastille en 2012. Mathilde Panot le portait le 30 novembre 2022 à l’Assemblée nationale. Le 4 mars 2024, la bataille est gagnée, après 12 années d’intenses combats, dans la société et sur les bancs des assemblées.

Mathilde Panot a salué une victoire de toutes les femmes, des associations féministes et une défaite cinglante des anti-choix, toujours présents, à l’affut, en France, dans les rangs du Rassemblement national comme ailleurs dans le monde. L’Insoumission.fr relaye dans ses colonnes le discours magistral de Mathilde Panot prononcé à la tribune du Congrès.

« Aujourd’hui, la France se tient face au monde » : le discours de Mathilde Panot au Congrès pour la constitutionnalisation de l’IVG

Madame la Présidente du Congrès,

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Premier ministre,

Ministres,

Collègues,

Aujourd’hui la France se tient face au monde.

Aujourd’hui, en entrant dans l’Histoire des nations pionnières des droits des femmes, la France s’honore.

En 1893, la Nouvelle-Zélande devenait le premier pays au monde à reconnaître le suffrage universel féminin.

En 1906, c’est la Finlande où les femmes obtenaient les premières le droit d’être élues au Parlement.

Ce 4 mars 2024, la France renoue avec sa vocation de phare des droits humains, quand il y a un peu plus de deux siècles sa révolution inspirait le monde. Aujourd’hui c’est la France, qui va, pour la première fois, consacrer le droit à l’avortement dans la Constitution.

Aujourd’hui, notre vote est une promesse faite à l’avenir, une protection que nous devons à la moitié de l’humanité, pour laquelle la nuit n’a que trop duré.

C’est avec émotion et fierté que je me tiens devant vous, alors que j’ai eu l’honneur d’initier le premier vote à l’Assemblée nationale d’une loi pour constitutionnaliser l’IVG, que le mouvement insoumis défend depuis 2011. Je salue Mélanie Vogel qui a ouvert la voie au Sénat et toutes les parlementaires engagées dans ce combat.

Ce moment historique a été arraché par une victoire parlementaire. Mais ce sont surtout des décennies de combats de militantes, de collectifs et d’associations comme le Planning familial que nous faisons entrer dans notre norme suprême.

Cette victoire, nous la voulons comme hommage à celles qui ont tracé le chemin.

De Madeleine Pelletier, infatigable militante pour le droit absolu des femmes à disposer de leur corps dès 1911, morte internée d’office dans un asile psychiatrique pour avoir aidé une jeune femme violée à avorter.

À Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Simone Veil, aux militantes du MLAC et de Choisir ou encore aux 343 qui demandaient il y a 50 ans déjà le libre accès à l’avortement, à une contraception gratuite et à l’éducation sexuelle.

Cette victoire, nous l’arrachons en mémoire de celles dont on a retenu le nom, mais aussi de toutes les anonymes qui sont restées dans l’oubli. Nous l’arrachons avec et pour celles qui continuent à se battre aujourd’hui et savent comme ce droit est fragile.

Cette victoire, nous la voulons fondatrice.

Annonciatrice d’une série de victoires futures, ici et ailleurs. Alors que nous votons ce texte, les polonaises ont regagné la semaine dernière le droit à la contraception d’urgence.

Notre vote aujourd’hui a le sens d’une reconnaissance, celle de l’avortement comme droit fondamental humain.

Car il pèse toujours sur les droits des femmes la menace d’une régression.

Car le droit à l’avortement figure toujours en premier sur la liste des conquêtes à abattre de l’extrême-droite.

Comme en Argentine, où le nouveau président Javier Milei a déjà annoncé avoir pour priorité d’abroger l’avortement. Comme en Pologne, où 6 femmes sont mortes depuis la quasi-interdiction de l’avortement. Comme aux États-Unis où depuis juin 2022, 65 000 femmes n’ont eu d’autres choix que de poursuivre une grossesse issue d’un viol.

Collègues, en France, en 2024, les mouvements anti-choix s’organisent toujours contre le droit à l’avortement. Ils attaquent régulièrement les plannings familiaux, ils désinforment… Quand ils ne siègent pas même comme députés à l’extrême-droite en comparant l’avortement à des meurtres de masse ou à des génocides.

N’en déplaise aux réactionnaires, notre corps n’a pas de mission qui lui préexiste. Le sens d’une vie est toujours celui que l’on décide d’écrire.

L’histoire du féminisme est celle de l’émancipation d’une destinée unique. L’histoire du féminisme est l’histoire de ce devenir indéterminé, où chacune se fait sujet de sa propre existence.

Pour cela, le droit à l’avortement est au carrefour de l’intime et du politique, la condition fondamentale dont dépendent toutes les libertés, la condition de notre égalité réelle, à construire, avec les hommes.

Nous continuerons de nous battre.

Pour abroger la double clause de conscience.

Pour que les sage-femmes puissent réellement réaliser des IVG instrumentales. Nous l’avons aussi gagné aujourd’hui ☺ 

Pour que l’accès à l’avortement soit effectif alors qu’une femme sur quatre doit changer de département pour pouvoir mettre fin à une grossesse non désirée.

Nous continuerons de nous battre pour inscrire le droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Mais aujourd’hui, nous célébrons une victoire historique.

Notre vote est une promesse faite à l’avenir : plus jamais nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants n’auront à revivre les supplices qui les ont précédées.

Notre vote est une promesse aussi pour toutes les femmes qui luttent partout dans le monde pour le droit à disposer de leurs corps, en Argentine, aux États-Unis, en Andorre, en Italie, en Hongrie, en Pologne.

Comme en écho, ce vote aujourd’hui leur dit : votre lutte est la nôtre. Cette victoire est la vôtre.

Louise Michel disait : « J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe : j’y serai ».

À notre manière, nous y sommes. Aujourd’hui, la France fait son entrée dans le siècle des droits des femmes.

Dès aujourd’hui, que toute femme choisisse elle-même sa destinée.

Pour aller plus loin : « Nos ovaires ne sont pas des armes de guerre » : le vibrant discours de Mathilde Panot pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution

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