froid sans abris

« Je gèle mais il n’y a pas de place pour moi » : faute d’hébergement d’urgence, les sans-abris menacés de mort à cause du froid

Vague de froid. En cette soirée du 8 janvier, Maxime, du Secours populaire, apporte une soupe chaude à Gérard, installé près d’une bouche de parking en région parisienne. Une couche de neige recouvre déjà les alentours, alors que le thermomètre approche de zéro. Comme lui, ils sont des milliers en France à être à la rue, sans hébergement. Gérard le résume ainsi « Je gèle, mais il n’y a de place pour moi ». Le risque est connu, mais ignoré par Emmanuel Macron, lequel promettait en 2017 « plus personne à la rue » en France. Résultat : en 2022, au moins 624 personnes sont décédées dans la rue, selon le collectif « Les Morts de la Rue ».

Première conséquence des flocons qui tombent, phénomène appelé « Moscou-Paris », le plan « grand froid » a été activé par certaines préfectures, comme celle d’Île-de-France, des Vosges, de Meurthe-et-Moselle ou de Seine-Maritime. Certaines ne l’ont pas encore fait, comme l’Isère et la Seine-Saint-Denis. Autre problème : les places d’hébergement manquent cruellement. La préfecture d’Île-de-France se targue de l’ouverture de 274 places supplémentaires pour l’hébergement d’urgence alors que la capitale compte 3 000 sans abris.

À l’échelle du pays, ils sont 330 000 à n’avoir aucun toit, dont 3 000 enfants. Dans les logements, en raison des factures d’électricité et de gaz qui flambent, le froid touche aussi plus d’un quart des Français. Des problématiques ignorées par la classe médiatico-politique, concentré sur le feuilleton superficiel d’un remaniement afin que tout change pour que rien ne change. Notre article.

Les sans-abris menacés de mort à cause du froid, la promesse de Macron à la trappe

En 2022, au moins 624 personnes ont perdu la vie dans la rue, selon le collectif « Les morts de la Rue ». Les femmes sont décédées à 46 ans en moyenne, les hommes à 51 ans. 20% des décès sont liés à une mort violente (agression, accident, suicide) et un sur sept à une maladie. En 2021, 42 % des 620 décès recensés étaient survenus en Île-de-France. Pour l’année 2023, au dernier décompte (fin septembre), « Les morts de la rue » en dénombre plus de 400. Autre problème : les places d’hébergement manquent à l’appel. La préfecture d’Île-de-France se targue de l’ouverture de 274 places supplémentaires pour l’hébergement d’urgence. Cependant, la capitale compte environ… 3 000 sans-abris.

Pour aller plus loin : Scandale : près de 3 000 enfants sont sans-abri en France

« La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus », déclarait Emmanuel Macron en juillet 2017. Chaque année, cette promesse semble de plus en plus lointaine. « La politique, ça consiste uniquement à savoir à qui on va prendre le fric et à qui on va le donner » disait l’Abbé Pierre. Il serait temps de débloquer des milliards pour le logement.

De l’argent, il y en a. Souvenons-nous de ses mots : « Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! ».

En pleine vague de froid, le gouvernement empêtré dans un remaniement qui n’intéresse que lui et les chiens de garde médiatiques

Les sans-abris sont menacés de mort à cause de cette vague de froid. Plus d’un quart des Français souffrent du froid dans leur logement. A-t-on entendu une annonce, une pensée un tant soit peu compatissante de la part du gouvernement ? Rien de tout cela, à part l’activation du plan grand froid par quelques préfectures. Un plan qui n’a pas été activé, notamment par la préfecture de Seine-Saint-Denis, comme le soulignent les députés insoumis de ce département.

De son côté, le camp présidentiel est empêtré dans le départ d’Élisabeth Borne de son poste de Première ministre. Qui pour la remplacer ? Gabriel Attal, ministre de l’Éducation ? Sébastien Lecornu, ministre des Armées ? Julien Denormandie, ex-ministre de l’Agriculture ? Voilà la seule préoccupation des éditorialistes de plateaux. Des heures durant, des directs devant l’Élysée ou Matignon pour expliquer en direct… qu’il ne se passe rien.

Emmanuel Macron joue aux chaises musicales avec ses ministres. Face aux opposants de ce pouvoir, les questions sont toutes trouvées pour des intervieweurs politiques peu inspirés : « regretterez-vous Élisabeth Borne ? », « avez-vous une préférence pour votre successeur ? ». Pendant ce temps, les Français souffrent. Qui que ce soit, le successeur d’Élisabeth Borne sera simplement la nouvelle courroie de transmission de l’Élysée. La ligne politique portée par le chef de l’État, entre saccage social et accointances avec l’extrême droite, ne changera pas. Et les sans-abris continueront à dormir dans le froid.