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« On ne voit toujours pas le bout » : face à l’inflation, les insoumis veulent bloquer les prix et les marges

« On entend partout que l’inflation est derrière nous, mais on ne voit toujours pas le bout. Tout est cher ». Dans les quartiers de Marseille, le récit entendu par le Secours populaire ne varie pas d’un pouce, mois après mois. Ce récit, c’est celui des familles aidées par les associations, notamment le Secours populaire que les équipes de l’Insoumission.fr ont suivi en reportage en décembre lors d’une de ses nombreuses distributions solidaires, d’aliments, de produits d’hygiènes, et de jouets. Des distributions qui s’organisent grâce aux collectes, dont celles organisées par les insoumis qui maillent l’ensemble du pays tout au long de l’année.

Les témoignages entendus lors de ces distributions traduisent le pouls du pays. Les répondeurs automatiques du Gouvernement ne convainquent pas. « Le pic est atteint », « La crise est derrière nous », ces formules répétées sur tous les tons ne passent plus auprès du plus grand nombre. L’intervention du chef de l’Etat sur C à Vous, le 20 décembre dernier, a corroboré le pressentiment que rien ne serait plus jamais comme avant. En déclarant que « les prix ne reviendront pas au niveau d’avant », Emmanuel Macron a concédé que la hausse des prix de 20% ces deux dernières années faisait désormais loi.

A l’Assemblée, les insoumis ont pris le sujet à bras le corps le 30 novembre dernier. L’une de leur proposition de loi a fait trembler les plaques tectoniques du camp présidentiel : imposer la baisse des prix des aliments et du carburant par l’encadrement des marges des industriels, de la grande distribution tout en prévoyant des prix planchers pour les agriculteurs afin de leur assurer une meilleure rémunération. Porté par le coordinateur LFI Manuel Bompard, le texte était à deux doigts de l’adoption définitive. Les articles qui le composent ont tous été votés et adoptés les uns après les autres. Craignant un revers imminent, les députés macronistes et LR ont opté pour la manœuvre à la rescousse, appelant à la dernière minute des députés de leurs rangs afin que ces derniers rappliquent expressément en séance pour rejeter cette loi au mépris de la souffrance des 10 millions de pauvres que compte le pays et malgré les alertes de la veille de 4 grandes associations de consommateurs enjoignant Emmanuel Macron à mettre fin aux marges excessives des industriels. Notre article.

Inflation : les macronistes protègent les industriels au détriment du peuple

Alors que macronistes et LR avaient supprimé tous les articles de cette loi la semaine passée en commission, les insoumis sont parvenus, dans l’hémicycle à les rétablir l’un après l’autre.

L’Assemblée nationale a ainsi adopté coup sur coup les amendements de LFI fixant des prix plancher pour les agriculteurs, l’encadrement des marges des industries agroalimentaires, puis du raffinage et enfin, encadrant les marges de la grande distribution. De vraies victoires populaires, pour la première fois depuis longtemps dans cette Assemblée sans cesse bafouée par le 49.3.

Les macronistes ont alors fait le choix de l’obstruction, multipliant les amendements inutiles de dernière minute. Leur seul but ? Ralentir les débats et éviter le vote final sur l’ensemble de la proposition de loi, multipliant les prises de parole caricaturales pour gagner du temps. Tous ont procédé à cette manœuvre jusqu’à faire revenir suffisamment de leurs députés, pourtant totalement absents des débats, pour rejeter l’ensemble du texte par 168 voix contre 162.

Les macronistes sont du côté des profits des grandes entreprises. Avec le reste de la droite, ils sont partisans de l’attente : attendre que « Bruno (Le Maire) demande », satisfaits de leur inaction tant sociale qu’environnementale.

« Tout est cher, on ne voit toujours pas le bout »

Il est pourtant urgent d’agir pour à la fois protéger les revenus des agriculteurs et pour protéger le pouvoir d’achat des Français frappés par une inflation galopante nourrie par les marges excessives des entreprises. La veille de l’examen de la loi insoumise, 4 associations de consommateurs enjoignant Emmanuel Macron, par une lettre, à mettre fin aux marges excessives des industriels et de la grande distribution. A Marseille, le Secours populaire ne cesse d’alerter sur une situation sociale explosive. « Tout est cher, on ne voit toujours pas le bout » sont des mots qui reviennent sans cesse dans les distributions solidaires effectuées l’association, notamment à partir des collectes d’aliments, de jouets et de produits d’hygiènes organisées par les insoumis.

L’inflation est largement alimentée par les profits des entreprises. Selon le Fonds monétaire international, « les profits représentent 45% de la hausse des prix depuis début 2022 » au sein de la zone euro. Pendant que les prix des produits alimentaires ont augmenté de plus de 20% en 2 ans, le taux de marge des industries agroalimentaires a augmenté de 71% en un an et demi, contribuant pour 49% à la hausse des prix.

Pour aller plus loin : Inflation – La France, championne de la hausse des prix en Europe

Cette inflation et ces marges sont à l’origine d’une explosion de la précarité, avec des Français de plus en plus nombreux (1 sur 6 contre 1 sur 10 en 2016) déclarant ne pas pouvoir manger à leur faim.

C’est pourquoi les parlementaires insoumis proposaient hier de plafonner les marges tout en protégeant les revenus des agriculteurs par des prix planchers.

Ces propositions sont plébiscitées. 90% des Français sont favorables à l’encadrement des marges de la grande distribution. 103 ONG de protection des consommateurs et de l’environnement le revendiquaient le 31 octobre dernier. 88% des Français sont favorables à l’encadrement des marges du raffinage pétrolier. 87 % sont favorables à l’encadrement des marges des industries agroalimentaires. Et 88 % des Français sont favorables à l’instauration par la loi d’un prix plancher (minimum) pour l’achat des matières premières agricoles aux producteurs !

Cette idée n’a donc rien de marginale. Dans les faits, la droite proposait l’encadrement des marges de la grande distribution il y a tout juste une dizaine d’années : en 2011, Christian Estrosi, Eric Ciotti, ou encore l’actuel ministre macroniste Philippe Vigier cosignaient une proposition de loi visant à plafonner à 20% la marge des entreprises de la grande disitribution. Aujourd’hui, le rejet du texte de leur part est un symptôme de leur recroquevillement idéologique, et d’un mépris toujours plus assumé pour les millions de familles prises à la gorge par l’inflation.