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Mères isolées : 8 moqueries de la droite et de l’extrême droite

Mères isolées. Demain, jeudi 30 novembre, les députés LFI seront maîtres de l’ordre du jour à l’Assemblée nationale et pourront ainsi défendre leurs propositions de lois. Parmi elles, une loi visant à déconjugaliser l’allocation de soutien familial.

En commission des affaires sociales le mercredi 22 novembre de Renaissance au RN, toute la droite a voté contre ce texte, contre l’intérêt des enfants, qui perdent leur allocation si leur parent se remet en couple. Contre l’émancipation des femmes, contraintes par l’État à demander à leurs conjoints de subvenir aux besoins de leur enfant sur lequel ils n’ont aucun droit parental.

Ces députés ont voté pour maintenir un système de judiciarisation malsain, qui oblige les parents seuls à poursuivre leur ex devant le juge aux affaires familiales pour toucher l’Allocation de soutien familial. Une injustice responsable de 50% de non-recours qui détériore la relation entre les parents au détriment des enfants. Une aberration qui aggrave les séparations difficiles, surtout en cas de violences intrafamiliales. 

Incroyable spectacle d’un peu moins de deux heures, l’union des réactionnaires a enchaîné les absurdités et les prétextes pour sauver leur idéal patriarcal. Florilège et évaluation de la mauvaise foi. Notre article.

1. « Responsabiliser en retirant les responsabilités » : mauvaise foi 8/10

Justine Gruet (Les Républicains) : « votre proposition est démagogique car elle ne traite pas du problème fondamental des familles monoparentales : la déresponsabilisation du deuxième parent ». Contre-sens total. Se remettre en couple retire l’allocation au bénéfice de l’enfant, y compris si le beau-parent est privé de revenus ou pauvre. Déconjugaliser, c’est permettre au contraire de maintenir la dignité de l’enfant… sans en imputer la charge au beau-parent. Ce que défend la droite, c’est en réalité que le beau-parent assure tout l’entretien de son beau-fils ou de sa belle-fille à la place du parent éloigné. 

Et qu’en est-il des 520 000 enfants bénéficiaires qui ont un parent insolvable et pour lesquels aucune pension alimentaire n’a été fixée, faute de moyens ? Que faire pour les 351 000 enfants qui n’ont pas été reconnu par leur père et des 182 000 enfants orphelins ? Responsabiliser le parent décédé ?

2. « Mince, j’ai oublié qu’on pouvait cohabiter » : mauvaise foi 8,2/10

Frédéric Valletoux (Horizons) : « dès lors que deux personnes décident de créer un foyer par un acte d’état civil, le versement de l’ASF n’est plus justifié ». Il est visiblement passé à côté d’une innovation, des foyers sans acte d’état-civil. Cela s’appelle le concubinage et ça existe depuis au moins 200 ans. 

3. « J’ai oublié l’AAH » : mauvaise foi 8,5/10

Christine Le Nabour (Renaissance) : « d’un point de vue sémantique, le titre de votre proposition de loi interpelle car une allocation individualisée ne peut pas, par nature, être déconjugalisée ». Alors Mme Le Nabour vient de découvrir l’allocation adulte handicapé. Dont elle a elle-même voté la déconjugalisation.

4. « Déconjugaliser c’est retirer » : mauvaise foi 8,9/10

Angélique Ranc (RN) : « déconjugaliser l’allocation parent isolé rendrait possible l’instauration d’une condition de revenu ». Après avoir promis par courrier au Mouvement des mères isolées de « s’engager à continuer à travailler pour trouver des solutions qui garantissent l’autonomie financière des mères isolées tout en préservant les droits des enfants » la députée Angélique Ranc est en roue libre. Si on maintient le revenu destiné aux enfants, pourquoi le retirer sous condition de ressources ? On ne fait pas cela pour les pensions alimentaires. Aucune condition de revenu n’a été introduite. Bref, du n’importe quoi.

5. « Paupériser l’enfant si le parent se marie » : mauvaise foi 9/10

Angélique Ranc (RN) : « nous considérons que cette allocation n’est pas compatible avec le fait d’être marié ». Donc en cas de mariage, l’enfant qui bénéficie d’une pension alimentaire continue de la percevoir, alors que l’enfant privé du soutien d’un de ses parents… perd en plus l’ASF. Cela revient donc à facturer aux enfants le mariage du parent. Étonnant pour un parti qui abrite tous les intégristes catholiques du pays…

6. « J’ai oublié ce qu’est une pension alimentaire » : mauvaise foi 9,1/10

Christine Le Nabour (Renaissance) : « votre proposition pourrait conduire les couples dont l’un des membres a précédemment vécu en situation monoparentale à bénéficier d’un montant de prestation supérieur à celui des couples n’ayant pas connu de séparation préalable ». Et on pourrait même appeler cela… une pension alimentaire. À moins qu’elle n’ait le projet secret de les supprimer ? Évidemment qu’une pension alimentaire, et donc l’ASF qui s’y substitue, peut augmenter les revenus d’un foyer dont un parent est seul… car il est aussi possible que le beau-père ou la belle-mère s’acquitte également d’une pension alimentaire, ce qui équilibre tout.

7. « L’ASF, c’est le RSA majoré » : mauvaise foi 9,3/10

Justine Gruet (Les Républicains) : « l’ASF est une allocation mensuelle versée à une personne qui élève seule son enfant, celui-ci étant privé de l’aide de son autre parent. Par construction, c’est donc une aide destinée aux parents isolés et uniquement à eux ». Problème, elle se plante d’allocation, confondant l’ex-allocation parent isolé désormais devenue RSA majoré avec l’allocation de soutien familial dont il est question. D’autant qu’une partie de l’ASF est déjà déconjugalisée, lorsqu’elle s’adresse aux enfants recueillis.

8. « Il fallait voter ce qu’on n’a jamais présenté » : mauvaise foi 10/10

Christine Le Nabour (Renaissance) : « vous avez refusé de voter des mesures favorables aux familles monoparentales telles la revalorisation de 50 % du montant de l’ASF » : mais, madame Le Nabour… vous aussi, puisque personne ne l’a voté à l’Assemblée nationale. C’est passé par un décret, le n°2022-1370 en date du 27 octobre 2022. Soit cette parlementaire a des votes imaginaires, soit elle siège dans un Parlement parallèle.

Par Hadrien Clouet