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Diminuer les cotisations sociales ?

Cotisations sociales. La question de l’augmentation des salaires est une des premières préoccupations des Français. Alors que les syndicats réclament le retour à une indexation des salaires sur l’inflation, supprimée sous le premier septennat de Mitterrand, les gouvernements successifs depuis cette époque ont multiplié les mécanismes permettant d’échapper aux cotisations sociales (primes, intéressement, participation, etc.). Les programmes des partis de droite et d’extrême-droite, relayant les demandes du MEDEF, proposent d’augmenter les salaires en diminuant les cotisations sociales.

Une confusion créée par le patronat

Pour contrer ce qui apparaît comme une idée de bon sens, il faut expliquer que les cotisations sociales sont une partie du salaire, appelée salaire socialisé, qui est versée à la Sécurité sociale pour assurer un certain nombre de prestations. Et cette partie de notre salaire inclut la part des cotisations dite salariée mais aussi celle dite patronale. Cette dénomination apporte une confusion et a été créée pour que le patronat puisse se glorifier de participer à l’effort de protection sociale et lui permet de demander un allègement de sa part qu’il désigne comme des « charges ».

Baisser les cotisations sociales, c’est du vol de salaire par le patron

Mais la totalité de cet argent correspond à l’ensemble de ce que verse le patron pour acheter la force de travail du salarié. D’ailleurs aux États-Unis, c’est le cas et c’est au salarié de se payer son assurance santé ainsi qu’un fonds de pension pour sa retraite. Alors proposer le tour de passe-passe de transférer une partie de la rémunération d’une ligne à l’autre sur la fiche de paye est une escroquerie qui peut être qualifiée de vol. Car si les sommes versées à la Sécurité sociale diminuent, il faudra que les salariés prennent une assurance pour compenser ce qui ne sera plus pris en charge par la Sécu. Or, le coût de cette assurance risque fort d’être plus élevé pour la même couverture.

Le rêve du patronat, notamment des assurances : détruire la Sécurité sociale

Pour résumer, il s’agit de se débarrasser de la Sécurité sociale comme le réclamait il y a quelques années un des dirigeants du patronat issu du monde des assurances. L’autre élément à prendre en compte est le fait que le système solidaire de la Sécu est basé sur le principe que chacun y cotise selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins. Dans le monde de l’assurance, il n’en va pas de même : le niveau des prestations est directement lié au montant de la prime versée.

La solution la moins chère et la plus efficace : intégrer toutes les assurances dans la Sécu

Attention donc à ne pas tomber dans le piège des sirènes libérales. Si nous voulons une Sécurité sociale qui réponde à nos besoins, il faut à la fois augmenter les salaires, donc les cotisations sociales, y compris en augmentant leur niveau. Pour reprendre la comparaison avec les États-Unis, nous avons de la marge car les dépenses de santé représentent en France 12 % du PIB et plus de 17 % aux États-Unis. Du point de vue économique, la soutenabilité n’est pas la question, ce qui compte est qui collecte et gère cet argent : la bonne solution est que ce soit la Sécu en intégralité tant pour la collecte que pour le paiement. Ce d’autant que ses frais de gestion sont très 4 à 5 fois inférieurs à ceux des assurances et qu’elle ne verse pas de dividendes à des actionnaires.

Dr Christophe Prudhomme