L’Haÿ-les-Roses. « Des aspects absolument insupportables » c’est par ces mots que Jean-Luc Mélenchon a qualifié l’attaque à la voiture bélier contre le domicile de Vincent Jeanbrun, maire Les Républicains de cette commune du Val-de-Marne dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023. Il a ensuite dessiné une perspective claire pour apaiser la situation : des mesures de justice, partout.
Cette attaque se déroule dans un contexte de soulèvements, d’explosions de colère dans les quartiers populaires suite au meurtre de Nahel, 17 ans, le mardi 27 juin, tué d’une balle dans le cœur par un policier lors d’un contrôle routier.
Les maires et tous les élus locaux, sont chaque jour sur le terrain, au prise avec les difficultés et les espoirs des citoyennes et des citoyens. Ils sont essentiels pour faire vivre partout la République. À l’instar du maire de Saint-Brévin, Vincent Jeanbrun et toutes ces personnes qui forment le chaînon de base entre le peuple et ses représentants politiques, doivent être protégées. Et pour cela, les solutions d’Emmanuel Macron, à savoir : geindre sur les jeux vidéos et faire porter le chapeau à un homme politique qui n’exerce pas le pouvoir, sont totalement hors-de-propos. Notre article.
La violence d’un système sociale cause de la violence interpersonnelle
Impossible de faire société, lorsque certains policiers se donnent le droit d’ôter la vie d’un citoyen pour la seule raison qu’il refuse d’obéir, sans menacer leur vie. Impossible de bâtir du commun lorsque les syndicats factieux Alliance et Unsa publient un communiqué où ils qualifient une partie de la population de « nuisibles », d’« horde de sauvages » à mettre « hors d’état de nuire ».
Impossible de se sentir appartenir à une République une et indivisible lorsqu’on est victime d’une si grande différence de traitement de la part de tout ce qui se rapproche d’une autorité, police, justice, employeur, propriétaire de logement, pour la seule et unique raison de sa couleur de peau et de son adresse. Impossible de créer les conditions pour un règlement pacifique des conflits sociaux si un gouvernement ne cède aux exigences populaires que lorsqu’elles sont exprimés avec violence comme ce fut le cas lors de l’insurrection des Gilets Jaunes.
L’attaque violente contre le maire de l’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun et sa famille, jusqu’à l’incendie de son domicile, qui a vraisemblablement mené à la blessure à la jambe de son épouse, est inexcusable, impardonnable
Les coupables doivent être retrouvés et condamnés par la justice. Mais cela ne suffira pas pour empêcher qu’un tel acte ne se reproduise. Tout comme il serait follement illusoire de penser que la condamnation du meurtrier de Nahel suffira à mettre fin aux violences policières. Pour assurer la sécurité des jeunes comme des élus, il faut de la justice, partout.
Il est temps que chacun reprenne ses responsabilités. Un État fort doit faire son retour sur tout le territoire : par un plan d’investissement massif d’urgence pour nos services publics soutenu par 93% des Français (source : IFOP ) : l’École de la République, la santé, les transports en commun. Par le sauvetage du tissu associatif en finançant des centre d’animation et de jeunesse, des structures de solidarité, des maisons de quartier.
Autre grand chantier : la lutte contre le racisme systémique qui gangrène notre société. Et d’abord dans la police, épinglée jusqu’à l’ONU : « C’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Cesser de fermer les yeux comme le fait Laurent Nuñez qui nie en bloc. Agir au lieu de faire l’autruche et de se laisser dicter sa ligne politique par sa peur de la police. Refondre l’institution de la cave au grenier.
Emmanuel Macron doit mettre un terme à cette logique délétère qui consiste à ne prendre ne compte les revendications du peuple que lorsqu’elles sont exprimées de manière violente. La bataille des retraites laisse à cet égard un dangereux héritage. Plusieurs millions de manifestants, de grévistes, pendant 3 mois. Des experts en économie démontrent l’absurdité d’une telle réforme. Une très large majorité de la population se déclare opposée au report de l’âge de départ en retraite à 64 ans, quelque soit les tentatives de « pédagogie » du gouvernement. Et finalement ? Rien. Aucune concession, aucune remise en cause de ce dogme ultralibérale, de cette servilité à la politique impulsée par la Commission européenne de Bruxelles.
Pour aller plus loin : En pleine nuit, Macron promulgue la retraite à 64 ans : à nous de faire bloc
Enfin, c’est tout le camp de l’émancipation, organisations politiques et syndicales, associations, collectifs de lutte qui doit entendre l’appel des habitants des grands ensembles, de cette jeunesse discriminée, exploitée, écrasée par le système capitaliste néolibérale. Cette explosion de colère est le signe d’un mal-être social, d’une absence de solutions positives à construire, de débouchés politiques, de mots d’ordre de lutte populaire.
Dans les quartiers, les collectifs de parents, d’habitants se mobilisent dès le premier jour. Les plus grands vont parler avec les plus jeunes, les parents avec leurs enfants, pour transmettre l’expérience de 2005, pour tenter de démontrer que casser le peu qui restent de services publics ne peut en aucun cas améliorer la situation, que la stratégie de la violence contre les personnes ne peut mener qu’à une répression encore plus féroce.
Ils ne doivent pas rester seuls à gérer ce problème qui engage en réalité toute la société. C’est tout le bloc populaire qui doit se réunir, se parler, débattre et s’accorder pour construire un mouvement commun capable d’obliger la caste à laisser entrer l’air de la Justice dans notre République.
Les racines de ces soulèvements sont sociales. Ces violences commises par certains sont le résultat de violences subies par toute une population depuis des décennies. Or, la seule limite à l’oppression, à l’exploitation, c’est la résistance. Pour en finir avec ces « aspects insupportables » de l’expression de la colère populaire, c’est tout le bloc social populaire qui doit s’organiser comme une force politique positive, porteur de justice, d’égalité, de progrès humain, comme un acteur capable d’impulser, d’imposer un changement radical de notre société. Pour empêcher que les fascistes ne prennent le pouvoir et organisent une véritable guerre civile.
Par Ulysse