Sainte-Soline
Capture d'écran d'une vidéo prise à Sainte-Soline

« Notre force, c’est notre nombre » : blessé gravement à Sainte-Soline, Serge prend la parole pour la première fois

Sainte-Soline. Pour la première fois, Serge prend la parole dans un communiqué. Il y a trois mois, lors de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline, il est gravement blessé à la tête. Serge est alors entre la vie et la mort. Après un mois de coma artificiel, six semaines en réanimation, un passage en service de neurochirurgie et en centre de rééducation, il dit se rétablir progressivement. Serge reste plus déterminé que jamais à poursuivre la lutte.

« Notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons », déclare-t-il. L’insoumission.fr publie son communiqué et continuera à vous tenir informés de l’évolution de son état de santé.

Sainte-Soline : Communiqué du S

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte-Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation.

À l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long, mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les États font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête.

Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction.

Pour aller plus loin : Sainte-Soline : les 3 mensonges de Darmanin

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline.

Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base, par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement, mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des États !

Vive la Révolution !

À vite dans les luttes.

Le S

Source : https://lescamaradesdus.noblogs.org/