Les médias « cadrent et transmettent les informations sur le changement climatique. Ils ont un rôle crucial dans la perception qu’en a le public, sa compréhension et sa volonté d’agir » (Vert). Problème : en France, les milliardaires ont fait main basse sur l’écrasante majorité des médias à large audience. Or, cette même caste est responsable de la catastrophe climatique. Voilà pourquoi, après des années à ignorer le problème, face à la pression citoyenne, les médias mainstream ont choisi une nouvelle approche : le greenwashing.
Évoquer le sujet, certes, en faisant la part belle aux événements spectaculaires. Mais limiter les analyses scientifiques. Surtout, surtout, parler le moins possible des responsables et des solutions. Car pour sauver le climat, c’est tout le système qu’il faut changer. Les solutions sont nécessairement anti-capitalistes. Sur télé Bolloré, on ne vous parle ni des responsables, Bolloré et ses amis qui détruisent la planète, ni des solutions. Notre article.
Le temps d’antenne consacré au changement climatique augmente
Totalement absent jusqu’en 2010 dans les journaux télévisés (JT) des 6 premières chaînes (plus de 14 millions de téléspectateurs cumulés), le changement climatique représentait 1% des sujets en 2019. 2% en moyenne sur BFM et France Info. En 2022, c’est au final 3,6% du temps médiatique qui est consacré au climat sur les deux derniers mois de campagne présidentielle.
Cette augmentation reste largement insuffisante pour une problématique systémique qui engage la survie d’une grande partie de l’humanité. Les images de canicule illustrées par les enfants qui jouent dans les fontaines ou des marchands de glace ravis de l’opportunité commerciale subsistent malgré leur effet dévastateur sur la nécessaire prise de conscience du danger mortel que constitue le changement climatique.
Pire encore : la qualité du traitement, le greenwashing médiatique
L’essentiel des sujets sur le climat et son dérèglement concerne des événements extrêmes : tornades, incendies, inondations, etc. Entre images spectaculaires, récit des pompiers héroïques ou des victimes qui ont tout perdu, cette couverture ne permet que très peu de faire évoluer les mentalités. En revanche, elle permet d’afficher une hausse des sujets climat et en même temps, par l’audimat qu’elle attire, rapporter gros aux médias des milliardaires.
De quoi avons-nous besoin comme informations ? D’analyses scientifiques d’une part, de solutions d’autre part. Plus de 70% des Français déclarent souhaiter entendre plus parler de solutions contre le changement climatique. Pas étonnant puisque, par exemple, moins de 20% des sujets climats des principaux JT se bornent à établir des constats sans jamais proposer d’issue. Et lorsqu’ils traitent des solutions, ce sont des innovations techniques ou des pratiques individuelles.
Or, l’une des grandes prises de consciences concernant le changement climatique, c’est que ni les innovations technologiques ni les éco-gestes individuels ne sauveront notre avenir. Des comportements héroïques pourraient permettre de réduire de 25% notre empreinte carbone. C’est loin d’être suffisant.
Le solutionnisme technologique ne nous propose rien d’autre que la rotation du désastre
Frédéric Lordon
Quant au solutionnisme technologique, c’est-à-dire sauver le climat par des innovations, laissons cet économiste mettre KO cette théorie en moins de 3 minutes.
Changer le système, pas le climat
Alors que reste-t-il ? Changer le système. Sortir du capitalisme mondialisé extractiviste. Ce modèle économique d’accumuler sans fin est fondamentalement incompatible avec une planète aux ressources finies. Et ainsi, nous comprenons pourquoi les médias de la caste ne nous parlent pratiquement jamais des solutions au changement climatique.
Toute analyse sérieuse des solutions mène irrémédiablement à cette conclusion. Soit elles sont anti-capitalistes, soit elles sont insuffisantes, voire contre-productives. Ainsi, la Convention citoyenne pour le climat a rassemblé des gens tirés au sort, donc a priori pas tous marxistes. Des scientifiques et des experts ont apporté des éclairages sur le problème climatique et les effets des différentes mesures politiques. Résultat : 90% de ses 149 propositions se retrouvent dans l’Avenir en Commun, le programme de rupture avec le capitalisme porté par Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022.
Montrer des images d’incendies spectaculaires rapporte gros à Bollore. Par contre, jamais il ne faut montrer le lien avec les milliards de tonnes de marchandises qui transitent par ses installations portuaires en Afrique, symbole du capitalisme à outrance. Après l’invisibilisation, place à la diversion. Telle est la nouvelle méthode des milliardaires pour continuer de se gaver jusqu’à la dernière goutte de pétrole, jusqu’à la dernière goutte de sang humain.
Par Ulysse